Au moment où les députés français s'apprêtent à ratifier l'Accord économique et commercial global (AECG) entre l'Union européenne et le Canada, le premier ministre Justin Trudeau accueillera mercredi à Montréal les dirigeants du bloc de 28 pays membres.
M. Trudeau travaille fort pour remporter des victoires en matière de commerce et de politique étrangère après deux années ardues, marquées par une difficile renégociation de l'accord de libre-échange nord-américain avec l'administration Trump et par la détérioration des relations politiques et commerciales avec la Chine.
Le premier ministre canadien fera la promotion de l'AECG
avec le président du Conseil européen, Donald Tusk, et le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, dans une série d'événements à Montréal au cours des deux prochains jours.L'issue du vote solennel de l'Assemblée nationale française sur la ratification de l'accord intéressera aussi le premier ministre libéral, qui tente de se faire réélire à l'automne. Le vote, initialement prévu mercredi, a été reporté à mardi prochain « après les questions au gouvernement », a affirmé la vice-présidente de l'Assemblée, Carole Bureau-Bonnard, à l'ouverture des débats dans l'hémicycle.
Selon certaines sources françaises et canadiennes, qui se sont exprimées sous le couvert de l'anonymat, M. Trudeau fait pression sur le président français Emmanuel Macron depuis plus d'un an pour que le projet de loi soit présenté, et ces efforts ont finalement porté leurs fruits le mois dernier lorsque les deux hommes se sont rencontrés à Paris.
Le Canada « ravi » de ses relations avec la France
Presque toutes les parties de l'accord commercial – plus de 90 % – sont entrées en vigueur en septembre 2017, mais il faudra attendre que tous les membres de l'Union européenne le ratifient avant qu'il ne puisse s'appliquer entièrement.
Ce serait une victoire pour l'ordre commercial international, qui a été attaqué par le président américain Donald Trump.
C'est une étape essentielle. Nous sommes ravis de notre coopération avec le gouvernement français.
M. Carr rencontrera son homologue européenne Cecilia Malmström à Montréal.
Selon lui, le début du processus de ratification en France est une étape importante dans l'objectif plus général du Canada de diversifier ses marchés d'exportation.
Justin Trudeau était à Paris au début du mois de juin après avoir assisté aux commémorations du 75e anniversaire du jour J en France et au Royaume-Uni. Emmanuel Macron et lui avaient alors annoncé que la France ferait avancer la ratification de l'AECG. Le gouvernement français espère une ratification complète d'ici la fin de l'année.
Opposition populiste aux accords commerciaux
MM. Trudeau et Macron ont discuté de l'accord à plusieurs reprises – à Paris en avril 2018, lors d'une conversation téléphonique un an plus tard et lors d'autres rencontres en personne. Emmanuel Macron est un président pro-européen et un partisan convaincu de l'AECG
, mais il a dû faire preuve de prudence en raison de l'opposition populiste aux accords commerciaux qui s'est répandue en France et en Europe.Le Canada a fait pression sur les législateurs, les gens d'affaires et les agriculteurs français. L'ambassadrice du Canada en France, Isabelle Hudon, a d'ailleurs multiplié les visites dans les régions françaises.
Justin Trudeau s'était adressé directement aux députés français en avril 2018 lors d'un discours devant l'Assemblée nationale.
Posons-nous la question : si la France n'arrive pas ratifier un accord de libre-échange avec le Canada, avec quel pays imaginez-vous pouvoir le faire?
a-t-il demandé.
L'AECG
donne aux entreprises canadiennes un accès privilégié à 500 millions de consommateurs européens et à un marché de 24 000 milliards de dollars. En 2018, les exportations du Canada vers l'UE ont augmenté de 7 %, pour atteindre plus de 44 milliards de dollars.