Du nerf et une seule allumette

Le P.Q. peut gagner

Tribune libre 2010


Pourquoi faudrait-il que Mme Marois et tout le P.Q. déclarent maintenant, tout de suite, dans ce qu'il faudrait bien appeler la précipitation, pourquoi faudrait-il que Mme Marois lie le sort de son parti, le sort même de l'idée de l'indépendance, à un calendrier référendaire ouvert ? Cela équivaudrait à déclarer référendaire l'élection elle-même, puisque le peuple québécois ne veut pas, pour le moment, entendre parler de référendum.
Aussi bien lancer alors, tout de suite, une bouée de sauvetage au P.L.Q. qui coule et qui croule.
Que le P.Q. continue simplement sa pression sur un gouvernement à terre, qui s'y vautre même. Y aurait-il un seul québécois, mis à part les sceptiques professionnels, qui ignorerait que le P.Q. est souverainiste lors de la prochaine élection ?
C'est quoi cette théorie de rien du tout qui voudrait qu'un gouvernement souverainiste doive régler d'un seul coup, d'une seule élection, ou d'un seul référendum, vite et rapproché, annoncé de façon absolument inopportune, longtemps à l'avance et favorisant les libéraux, un dossier qui remonte à 1760 ?
Un futur gouvernement souverainiste pourrait très bien continuer SUR l'électorat la pression qu'un parti souverainiste dans l'opposition exerce présentement SUR un gouvernement fédéraliste.
La conjoncture est favorable maintenant. CELA EST AU SEUL GRAND MÉRITE DE MME MAROIS ET DE SON ÉQUIPE. Ni Jacques Parizeau, ni Bernard Landry, NI SURTOUT GILLES DUCEPPE QUI
N'A JAMAIS PRONONCÉ UNE SEULE FOIS LE NOM DE JEAN CHAREST, personne parmi eux n'y est pour rien. Voilà des personnages éminemment silencieux à l'égard du gouvernement libéral et qui accourent, ils volent littéralement, au secours d'une conjoncture déjà établie.
Cette conjoncture peut durer. Pourquoi faudrait-il que Mme Marois se mette à trembler avec des inquiets référendistes, incapables d'imaginer un gouvernement combattant ?
La marque de commerce des gouvernements–à-référendum fut justement de se retirer du Combat, et se placer tout juste à l'écart du référendum lui-même, comme si cela n'engageait pas leur légitimité. Si le référendum était gagné, le gouvernement était légitimé. Mais s'il était perdu, cela apparemment ne délégitimait pas le gouvernement. Bull shit ! Re-bull shit !
La défaite des indépendantistes a toujours été dans le référendum lui-même.
Rien n'est plus looooser qu'un calendrier référendaire contraignant. C'est l'équivalent de faxer son plan de match à l'adversaire. Je crois que même Claude Morin serait d'accord. Si les indépendantistes n'ont pas appris cela, c'est à désespérer.
Si le P.Q. était élu demain, dans les conditions actuelles, les MAINS LIBRES à l'égard d'un calendrier référendaire contraignant, il reviendrait INSTANTANÉMENT à la donne de 1970 : le mouvement souverainiste, dans l'opposition ! l'opposition… faisait alors peser une formidable pression sur l'institution fédérale, entendez sa légitimité. Il y avait de l'in-cer-ti-tu-de. Maintenant, les rôles pourraient être inversés à brève échéance, c'est d'un parti souverainiste possiblement au pouvoir, au pouvoir ! dont il est question. Rien à voir avec une « mouvance » souverainiste, dans l'opposition, comme en 1970, récupérée qu'elle fut par Robert Bourassa dans sa politique d'affrontements faiblards avec Ottawa.
Élu et combattant, toute stratégie cachée—« combattant », c'est cela qu'il est si difficile d'imaginer maintenant, habitué que nous avons été à des gouvernements mollassons rouges et bleus— un gouvernement péquiste décidé, mais décidé ! viendrait RAPIDEMENT ET FACILEMENT à bout de l'institution fédérale, qui n'est plus qu'un tigre de papier.
Ça prendrait juste une allumette !


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 juin 2010

    C'est très simple monsieur!
    Lorsque Parizeau est revenu en politique à la tête du PQ; des milliers de militants ont repris leur carte monsieur. J'en étais!
    Lorsque Parizeau a remporté l'élection en 1994, il nous conviait à une démarche référendaire explicite qui eut comme effet de remobiliser, de remotiver des milliers de militants à travers le Québec et j'en étais!
    Parce que ce qui motive les militants indépendantiste monsieur!
    Ce qui nous met systématiquement le feu au cul et qui nous fait monter aux barricades monsieur, c'est l'indépendance nationale, le pays québécois.
    Et tant qu'au PQ; on ne comprendra pas cela; on va continuer à mariner et à tourner en rond jusqu'à la fin des temps.
    Je puis vous assurer que je répondrai présent lorsque le véritable signal nous sera donné en attendant et comme des milliers de patriotes, je préfère ma piscine.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juin 2010

    La realpolitik n’exclut pas l’idéalisme. Machiavel lui-même était un idéaliste.
    Le romantisme de bien des indépendantistes leur fait penser que pour tempérer le « rêve » qu’ils portent, le réalisme consisterait à tout prévoir : un calendrier référendaire, des conditions gagnantes mesurables, un budget détaillé de l’an 1, maintenant une constitution et une charte, une citoyenneté, des « demandes » provinciales très bien circonscrites, etc etc.et patati et patata.
    Si la prise du pouvoir dépendait uniquement de la qualité et la précision d’un programme, fait longtemps que l’indépendance serait un fait.
    Il y a un immense électorat « adéquiste » orphelin qu’il est possible de conquérir. Ce n’est pas seulement un électorat « possible », il est impérieux, vital, que le P.Q. renoue avec cet électorat. Autrement, c’est le P.L.Q. qui le fera.

    Et cet électorat, quoi qu’on en dise, c’est l’électorat au cœur du Nous. Plus encore que les indépendantistes, cet électorat à conquérir ne réclame pas un référendum. Fa que…

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    21 juin 2010

    Avant tout le pouvoir, après sa raison d’être en politique
    Si un indépendantiste n’est pas pragmatique, étant une des premières conditions politiques pour exercer son devoir de militant engagé —ce que votre article expose de manière concise et réaliste— alors le pouvoir, qui est indispensable pour gouverner l’État afin de promouvoir et défendre les intérêts collectifs, ne sera qu’un obstacle pour le parti qui l’a obtenu en recourant à des manœuvres insensées et hors du contexte socioéconomique tel qu’imposé par d’autres instances et pouvoirs supérieurs.
    Voici un extrait de l’un de mes articles qui va dans le même sens que le vôtre :

    En définitive, afin de réaliser l’indépendance du Québec il faut agir en suivant tout simplement le conseil du philosophe Montesquieu, l’un des plus grands penseurs de l’organisation politique et sociale de l’Histoire : « Pour faire de grandes choses, il ne faut pas être un si grand génie ; il ne faut pas être au-dessus des hommes ; il faut être avec eux »(1).

    JLP
    ___________________________
    1. Dernier paragraphe extrait de l’article Le PQ-BQ assumera patriotiquement de faire l’indépendance du Québec (publié à Vigile.net).

  • Archives de Vigile Répondre

    21 juin 2010


    Bonjour,
    Le premier foyer de l’obligation référendaire est le PQ lui-même qui, à ce jour, ne reconnaît pas d’autre moyen de réaliser l’indépendance.
    Dans ce contexte, son refus de dire s’il en fera un ou non est bien évidemment ce qui engendre les spéculations sur le référendum. Cela ne fait pas de ceux qui concluent qu'il ne prend aucun engagement indépendantiste, des référendistes.