(Québec) Il n'y a que le PQ pour nous offrir des humeurs aussi imprévisibles chez les militants. Hier encore, il a fallu une intervention-choc de Pauline Marois pour réveiller ses troupes qui s'étaient laissé séduire par le chant des sirènes orthodoxes... en l'occurrence, Marc Laviolette et Pierre Dubuc du SPQ-Libre.
Mme Marois avait pourtant rivé le clou à ce groupuscule au Conseil national de mars 2008. Mais elle avait sous-estimé sa persévérance.
Hier, Laviolette et ses alliés ont triomphé l'espace de quelques heures en faisant adopter une proposition engageant un prochain gouvernement péquiste à interdire l'affichage en anglais dans les commerces. En après-midi, le parti a effectué un repli stratégique. Tout comme en 2008 contre Laviolette, c'est Pauline Marois en personne qui est allée au microphone pour convaincre les militants que le parti ne devait pas se lancer dans ce nid de guêpes. Un échec aurait constitué un désaveu après le vote de confiance d'hier soir. Pauline Marois a eu gain de cause, mais l'incident illustre une fois de plus les difficultés de maintenir la discipline au sein de ce parti sur les questions identitaires.
Les militants ont donné un vote de confiance très fort à leur chef, vendredi soir, mais il y avait un coût associé à cet appui. Elle a accepté un virage à gauche qui va lui compliquer la tâche au cours de la prochaine campagne électorale.
Pierre Curzi qui, au début, menait seul avec les jeunes sa croisade pour soumettre les cégeps à la loi 101, a reçu hier un appui quasi unanime des 1700 délégués, en faveur de sa proposition. Lisette Lapointe, la conjointe de Jacques Parizeau, a échoué dans sa tentative visant la création d'une commission de préparation à la souveraineté, mais elle a fait un gain symbolique en obtenant que l'on utilise les fonds publics pour mener des études sur la souveraineté.
Autre surprise de la part des militants, ils ont appuyé Daniel Turp qui demandait la création d'une commission constituante pour écrire la Constitution d'un Québec indépendant. C'est en vain que les députés Bertrand St-Arnaud et Alexandre Cloutier sont allés au micro pour tenter de bloquer la proposition de Turp.
D'autres propositions moins spectaculaires ont également illustré ce virage à gauche du PQ. Ainsi, des cours «obligatoires» de francisation seraient imposés aux immigrants «n'ayant pas une connaissance suffisante de la langue française fonctionnelle».
Les militants ont rejeté un article de la proposition principale du parti, qui prévoyait que les cégeps francophones offrent aux étudiants qui le désirent une session d'immersion en anglais.
Toujours en éducation, les militants ont longuement discuté de la possibilité d'abolir le financement public aux écoles privées. Ils se sont finalement laissé convaincre de leur imposer plutôt l'obligation d'accepter des élèves en difficulté, sans quoi leur financement sera diminué.
Ce congrès national du PQ, le premier depuis six ans, a démontré que les militants se méfient toujours de la prudence des élus qui craignent que la radicalisation du parti ne vienne compromettre leur réélection dans deux ans. Pauline Marois a tout de même sauvé l'essentiel, soit de ne pas être soumise à un échéancier référendaire une fois au pouvoir. Mais s'il est un constat qui s'impose à l'issue de ce congrès, c'est que les militants sont très préoccupés par les questions linguistiques, peut-être plus encore que par la souveraineté.
C'est peut-être qu'en ce domaine, au moins, ils sont confiants de changer le cours des choses s'ils prennent le pouvoir, tandis que la souveraineté demeure un objectif hors de portée dans un avenir rapproché et même lointain.
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