Indépendance

Le Plan B

Pour faire du Québec un pays

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Tribune libre



"La souveraineté n’est ni à gauche ni à droite, elle est en avant"  Bernard Landry, Jacques Parizeau et alii




•    En l’an 1980 de notre ère, pour la première fois répertoriée depuis le début des temps, un groupe humain homogène, distinctif et géographiquement bien ancré, une nation riche, un peuple qui se dit fier, le seul peuple francophone en Amérique, et, contrairement aux autres peuples auparavant, qui, eux, l’avaient fait soit dans les affres de la guerre, soit par de grandes majorités lors de consultations populaires, le peuple québécois a voté contre l’indépendance de son pays. Et, en grande partie à cause d’une accélération fourbe de l’attribution de citoyennetés canadiennes à une clientèle réputée hautement fédéraliste ainsi que des turpitudes illégales de rois-nègres tel que démontré par la Commission Gomery, elle l’a fait une deuxième fois en 1995. C’est unique dans l’histoire de l’humanité.

•    Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, à partir de provinces, de protectorats, de colonies, d’occupations, de cohabitations boiteuses, etc., pas moins de 139 nouveaux pays ont vu le jour dans le monde, dont un grand nombre beaucoup moins bien nantis que le Québec. Aucun d’eux n’a ensuite manifesté le désir d’un retour en arrière.

•    Depuis 1976, 12 élections générales, 5 remportées par le PQ, 2 référendums, et, après plus de 50 ans après la première participation d’un parti indépendantiste à une élection, le RIN en 1966, on en est encore au point de départ.

•    Du latin divide ut imperes, l’idée de "diviser pour régner", attribuée au Sénat romain, invite à semer la discorde parmi ses opposants (pas parmi ses alliés, parmi ses opposants) pour les vaincre plus aisément.

•    Aujourd’hui avec 3 partis indépendantistes (PQ, PPIQ, BQ) et 2 autres avec aile souverainiste importante (CAQ, QS), le mouvement indépendantiste québécois a plutôt adopté comme stratégie de semer la discorde dans ses propres rangs, de se diviser lui-même en plusieurs factions qui vont s’arracher membres, financement, bénévolat, votes, etc., et se paralyser mutuellement, aidant ainsi leurs adversaires déjà coriaces à "les vaincre plus aisément".

•    Honteuse, désastreuse et inacceptable, cette situation doit être renversée au plus tôt. Le Plan A ne fonctionne pas, passons au Plan B.




•    Ce qui fonde, unit et distingue le peuple québécois c’est :

o    la combinaison originale, riche et unique de ses ascendants, d’abord Autochtones et Français, puis Britanniques, puis de partout dans le monde,

o    le fait qu’il est le seul peuple francophone majoritaire en Amérique, serti de langues autochtones vivantes,

o    sa culture; à partir des éléments fondamentaux qui précèdent et de faits historiques comme l’influence religieuse, les rudes conditions de vie et l’exposition au mode de vie nord-américain dont il a été l’objet pendant plusieurs générations, le peuple québécois a été le creuset d’une culture originale, riche et dynamique qui s’exprime dans les arts autant que dans des valeurs, des savoir-faire, des traditions, une façon d’être et un art de vivre qui lui sont propres et de nature à enrichir la diversité de la communauté des nations.

•    S’étant cristallisé au cours des années précédant immédiatement la période d’expansion fulgurante des moyens de communication, le peuple québécois sera peut-être l’un des derniers, sinon le dernier, peuple distinctif à être apparu sur Terre. Les communications instantanées étant maintenant rendues partout, le mouvement a désormais plutôt tendance à s’inverser vers l’assimilation, voire la disparition, de langues, de cultures, de populations différentes et il est alors d’autant plus important que le peuple québécois se dote des outils nécessaires à sa survie et à son épanouissement, dont un pays bien à lui où il sera majoritaire et pourra prendre ses décisions en fonction de ses intérêts à lui et non toujours à l’intérieur de ceux d’un autre peuple majoritaire dominant et occupant.

•    Pour y arriver les indépendantistes devront :

o    recommencer à faire la promotion de leur projet d’indépendance; aucune promotion valable de l’indépendance du Québec n’a été faite depuis le référendum de 1995 et plusieurs Québécois et Québécoises n’en ont jamais entendu parler positivement; il n’est donc pas surprenant que les jeunes adultes d’aujourd’hui s’y intéressent moins, alors que l’expérience a démontré qu’une campagne d’information et de promotion adéquate ne prend jamais beaucoup de temps à réveiller les sentiments humains profonds et naturels de fierté, d’appartenance, de nationalisme et de patriotisme en dormance en chacune des personnes de notre peuple;

o    cesser de diviser leurs votes entre plusieurs partis, unir leurs forces dans un seul parti capable de prendre le pouvoir et de former un gouvernement capable de promouvoir le projet d’indépendance et de tenir un référendum gagnant le moment venu.

•    Ce qui divise les indépendantistes et les font s’isoler dans des partis politiques concurrents ce sont leurs options de gauche, de centre ou de droite dans les domaines économique, social et autres (santé, éducation, transport, environnement, services sociaux, énergie, immigration, agriculture, etc.); partageant l’objectif commun d’indépendance de leur pays, ils voient les choses différemment quant à la façon de faire de ce pays un monde meilleur.

•    Il appert cependant que mettre en place un nouveau pays et gouverner un pays sont deux activités différentes qui demandent des compétences, des aptitudes et des démarches différentes, idéalement des équipes différentes; faire du Québec un pays est un acte de structuration ayant sa dynamique propre très différente de celle de gouverner un pays, comme acheter une maison et l’entretenir ensuite sont deux choses qui commandent des activités très différentes l’une de l’autre.

•    Une solution plausible, réaliste et gagnante pour éliminer le clivage gauche-droite consisterait donc manifestement à faire de ces deux activités deux étapes différentes :

o    la première étape, celle de la structure :

    rassemblerait tous les indépendantistes autour de leur objectif commun dans un parti temporaire; tout-à-fait dans la tendance actuelle de s’engager derrière des idées plutôt qu’envers des partis politiques traditionnels; cette première étape se limiterait à faire du Québec un pays indépendant sans toucher aux questions de gouvernance de ce pays, de façon à éviter les divergences et divisions idéologiques actuelles;

    agir ainsi en dehors des partis politiques traditionnels ne serait pas un reniement de ces derniers ni un départ vers une aventure inconsidérée puisqu’au contraire ce parti, en plus de se concentrer sur une idée, faire du Québec un pays, réunirait les forces vives de plusieurs partis dans une équipe expérimentée, déjà rompue aux défis de l’organisation et de l’action politiques, et temporaire;

    de plus, ce détour de passer par un parti nouveau, sans passé et ouvert à tous les avenirs, éviterait, lors d’un référendum, les votes négatifs de sanction suite à des décisions politiques préalables impopulaires comme ce fut le cas autant en 1995 qu’en 1980;

o    la deuxième étape serait celle de la gouvernance; elle débuterait avec la dissolution du parti temporaire et le retour des partis de gauche-centre-droite, chacun avec sa philosophie, son programme et ses couleurs distinctifs, le tout donnant lieu à la première élection générale du nouveau pays pour le choix du parti qui le gouvernera pour un premier mandat; la couleur de peinture pourra, ou non, changer ensuite à chaque nouvelle élection.

•    Grâce au consensus qui existe au Québec sur les grands principes qui doivent encadrer la vie et la gouvernance d’un pays, comme la démocratie, les droits, libertés, obligations, etc. à inclure dans les documents constitutifs, la mutation de la province en un pays indépendant serait beaucoup plus possible que si cette étape devait s’accompagner en même temps des débats sur un programme de gouvernance.

•    La Plan B étant un plan novateur, inédit, plusieurs éléments doivent en être précisés.




•    Objectifs : créer au Québec un parti politique essentiellement dédié à faire du Québec un pays indépendant et qui visera à rassembler temporairement à cette fin tous les indépendantistes de tous horizons en un seul parti de façon à :

o    regrouper les différentes composantes actuelles du mouvement indépendantiste autour d’une force centrale consolidée, synergique, plus grande que la somme de ses parties, et capable de prendre le pouvoir,

o    permettre de se concentrer sur la promotion de la souveraineté et sur l’acte de structuration qui consistera à faire de la province de Québec un pays indépendant, et de mettre pendant ce temps de côté les divergences gauche-centre-droite et autres propres à la gouvernance d’un pays et sources de divisions entre indépendantistes, et, par le fait même, désamorcer la forte et nocive partisannerie actuellement observée dans le mouvement indépendantiste,

o    ne pas diviser le vote indépendantiste lors de la prochaine élection au Québec et ainsi maximiser nos chances de faire enfin l’indépendance.

•    Durée de vie : ce parti sera temporaire; il sera dissout lorsque le Québec sera devenu un pays souverain et indépendant.

•    Membres : seront invités à devenir temporairement membres du parti du Plan B (le PPB, nom fictif temporaire) tous les indépendantistes du Québec, qu’ils soient déjà membres d’un parti politique ou non; s’ils sont déjà membres d’un parti politique ils pourront le rester.

•    Promotion de la souveraineté : le premier mandat, dans le temps, du PPB sera de faire la promotion de l'indépendance du Québec; son programme électoral comprendra donc, entre autres, et ira ainsi en chercher la légitimité, de faire à titre de gouvernement des recherches et la promotion de l’indépendance du Québec; les mouvements indépendantistes comme les OUI Québec, le MQI, la SSJB de Mtl, le MNQ, Ambition Québec, le RPS, Cap sur l’indépendance et autres seront appelés à se joindre au PPB et à contribuer activement à ses campagnes de promotion; terminé d’attendre sur les lignes de côté que les conditions gagnantes apparaissent soudain d’elles-mêmes sur le terrain; on passe au plan B, on travaille proactivement à les créer.

•    Référendum : aucun engagement ne sera pris de tenir un référendum dans un délai précis mais un référendum sera tenu dès que la majorité de la population du Québec sera clairement en faveur de l’indépendance du Québec et qu’un référendum sur ce sujet sera devenu une formalité.

•    Priorités : élu au pouvoir, le PPB fait des recherches pour favoriser la souveraineté, fait la promotion de l’indépendance du Québec, démontre sa viabilité économique, prévoit une période de transition en douceur, jette les bases des ententes internationales bientôt requises et prépare les documents et institutions nécessaires à sa mutation comme pays.

•    Le projet de société : le projet qui sera proposé par le PPB sera le plus grand, le plus noble, le plus enthousiasmant que puisse avoir une nation, celui de se doter d’un pays libre, souverain, indépendant, bien à elle; ce sera une société démocratique, de règle de droit, avec toutes les chartes, les principes, les droits fondamentaux, libertés, égalités et obligations prévus dans les différentes constitutions, chartes, déclarations des droits des pays démocratiques dont, entre autres, celles des Nations Unies, de l’Institut du Nouveau Monde , du constitutionnaliste et professeur titulaire à l’UdM Daniel Turp et celles de la récente Déclaration de principes du PQ ; ces documents ne concerneront que la nouvelle structure du Québec; ils viseront à encadrer le débat politique relatif à la gouvernance du pays par la suite mais éviteront de prendre position sur ces sujets et de laisser entrevoir un pays idéal qui ne changera pas une fois indépendant; la structure avant la peinture; le Québec sera un pays démocratique qui pourra changer d’orientation comme il l’a souvent fait dans le passé et il serait malhonnête de faire miroiter que l’indépendance le fera accéder à un pays parfait, idéal, immuable; pays démocratique, tous les choix politiques lui resteront toujours ouverts et c’est chaque élection qui décidera des orientations politiques qu’il prendra à chaque période de son histoire; ce projet de société ne sera possible que dans un Québec devenu indépendant; fini de quêter des pouvoirs, une constitution, de l'argent, un projet de société; on prend nos affaires et on s'en va se faire notre société à nous, pas de permission à demander, l'autre n'a qu'à le constater.

•    Crédibilité : de toute façon, les positions que le PPB pourrait prendre sur des sujets de gouvernance comme l’environnement, l’immigration, la santé, l’éducation, etc. ne seraient pas crédibles puisque, temporaire, il ne sera plus là pour leur donner suite une fois le Québec devenu un pays indépendant.

•    Les partis actuels : le PQ, la CAQ, QS, le BQ et le PPIQ seront invités à suspendre leurs activités politiques, à ne pas présenter de candidats aux prochaines élections et à inciter leurs membres à se joindre au PPB sans amener avec eux le programme politique de leur parti d’origine, le temps d’atteindre l’objectif commun d’indépendance; une fois l’indépendance réalisée, les membres du PPB retourneront dans le parti qui convient à leurs convictions politiques personnelles; le PPB sera alors dissout, ce qui donnera lieu à une campagne électorale pour élire un parti pour commencer à gouverner le pays du Québec.

•    La gouvernance intérimaire du Québec : entre son élection et sa dissolution, outre de préparer l’indépendance le PPB devra aussi gouverner la province de Québec; il le fera de la même façon que les coalitions transpartisanes qui ont, ailleurs, abondamment démontré qu’il est possible de le faire efficacement sur une base de réalpolitique; par consensus au sein de sa députation, en s’inspirant autant des positions de l’opposition que de celles des programmes des partis d’origine de ses membres, le PPB administrera le Québec au jour le jour de façon optimale dans son meilleur intérêt selon la nature, l’importance et l’urgence des problèmes et des situations qui se présenteront; c’est un pays que les indépendantistes veulent gouverner, pas une province; en attendant on administrera la province en privilégiant le statu quo, on n’apportera que les changements urgents, très nécessaires ou qui feront consensus; on gèrera, au sens large, le pays quand il sera.

•    Gouvernance en minoritaire : si tous les partis autres que le PLQ se rallient au PPB, il n’y aura pas de gouvernement minoritaire; autrement, si l’extrême gauche de QS ou l’extrême droite de la CAQ par exemple décide de ne pas se rallier et provoque un gouvernement PPB minoritaire, il faudra voir comment des alliances conjoncturelles pourront être possibles.

•    Dans l’opposition : le comportement à adopter dans l’éventualité d’un séjour du PPB dans l’opposition sera négocié entre les parties au moment de la mise en place du PPB.

•    Pour le moment : pour la suite des choses, pour toute question, info, suggestion, commentaire ou autre, pour supporter ou travailler à la promotion du Plan B ou pour devenir Ami du Plan B, s’adresser à lesamisduplanb@gmail.com





"À force de ne pas faire ce qu’on pourrait faire, les conditions finissent par disparaitre." Jacques Beauchemin, sociologue, UQAM.

"Les identités n’ont de cesse de s’actualiser dans le temps et si elles ne s’actualisent pas elles se pétrifient, elles se folklorisent, prélude à leur disparition." Jocelyn Létourneau, professeur d’histoire, UL.


Source : Émission "Face à face", Canal Savoir, CFTUH, lundi 4 mars 2019, 14 h 06 min.+





Crédit : L’idée de ce projet est venue des 6 rencontres de consultation des membres et sympathisants du PQ du comté de Notre-Dame-de-Grâces tenues au printemps 2019. Un rapport en a été produit qui compte 24 observations et recommandations. Celles qui ont mené plus particulièrement à ce projet de Plan B portent les numéros 1, 8, 12 et 21.






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