Le PQ à l'heure des interprétations

Si "cohérence" est le mot-clé en matière sociale, "crédibilité" et "franchise" devraient être les mots d'ordre en ce qui a trait à la question nationale.

PQ - stratégie revue et corrigée

Suite aux résultats décevants de la dernière élection pour le PQ, l'heure est à l'interprétation de la défaite pour ce parti. Mais pour que cet exercice lui soit profitable, il faut qu'il évite les mauvaises interprétations qui, déjà, pullulent dans les journaux et les blog-notes.
La première de ces mauvaises interprétations consiste à dire que le PQ a perdu parce qu'il aurait négligé sa gauche. Certains vont jusqu'à additionner les votes de Québec solidaire et du Parti vert à ceux du PQ pour en conclure que ce dernier l'aurait emporté s'il avait su fédérer la gauche. La faiblesse de cette interprétation tient d'abord au fait qu'il est évident que le PQ a perdu plus de votes, et surtout de sièges, sur sa droite que sur sa gauche; la vague adéquiste étant tellement plus forte que la goutte d'eau solidaire/verte. De plus, il faut savoir que le vote vert n'est pas nécessairement un vote de gauche… ni un vote souverainiste d'ailleurs.
L'autre mauvaise interprétation répandue est à l'effet que le PQ aurait perdu à cause de son option souverainiste. En effet, quand les sondages indiquent un appui constant d'au moins 40% à cette option, dire qu'elle constitue un boulet pour un parti qui obtient moins de 30% des voix est une aberration. Et ce, sans parler du fait qu'on ne peut attribuer à la souveraineté ni même au référendum l'issue d'une campagne électorale où il n'a à peu près pas été question de ces thèmes.
Cela ne signifie toutefois pas qu'il faille que le PQ effectue un virage à droite et une radicalisation ou une fossilisation de son option constitutionnelle. Non, cela signifie plutôt qu'il aurait intérêt à tenir un discours différent, peut-être légèrement plus centriste, mais surtout plus cohérent. En effet, commencer la campagne en parlant de soulager le capital pour ensuite la terminer en appelant au secours les altermondialistes n'était vraisemblablement pas la chose à faire. Ce qu'il faut, c'est plutôt une réflexion intelligente sur les questions sociales, et surtout une vision à la fois fidèle aux valeurs social-démocrates et réaliste sur le plan économique. Et ce genre de réflexions n'est pas absent du PQ contrairement à ce qu'on pourrait croire; qu'il nous suffise de mentionner que les travaux menés par Joseph Facal depuis des années s'inscrivent dans cette logique.
Si "cohérence" est le mot-clé en matière sociale, "crédibilité" et "franchise" devraient être les mots d'ordre en ce qui a trait à la question nationale. Soyons clairs, il n'y a rien de pire que de parler de référendum quand personne n'y croit, et de souveraineté si ce n'est pas pour ramener à la surface les vraies raisons de la faire: culture, langue, mémoire, bref identité nationale. Et pour cause, tant que le PQ ne sera pas capable de défendre l'identité québécoise, notamment dans le dossier des accommodements raisonnables, il ne pourra être un véhicule crédible pour l'idée de souveraineté. Ce qui nous mène à la bonne interprétation de la défaite; celle selon laquelle le PQ a perdu parce qu'il a oublié son fonds de commerce: le nationalisme, le vrai, avec toute sa puissance d'évocation et de mobilisation.
Guillaume Rousseau

Candidat au doctorat en droit à l'Université de Sherbrooke

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Guillaume Rousseau35 articles

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L'auteur, qui est candidat au doctorat en droit à l'Université de Sherbrooke, a étudié le droit européen à l'Université Montesquieu-Bordeaux IV. Actuellement, doctorant à l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne





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