Le ministre Yves Bolduc laisse planer une réforme en profondeur du réseau de l’éducation afin de « faire oublier » les controverses qui le poursuivent, accusent les partis d’opposition.
« C’est un festival de ballons d’essai d’un ministre qui n’a plus de crédibilité [destiné à] nous faire oublier les coupes majeures dans les écoles, qui touchent directement les élèves [et] sa prime à laquelle il n’a pas encore renoncé », a fait valoir la députée péquiste Nicole Léger après avoir fait sa revue de presse vendredi matin.
Le ministère de l’Éducation orchestrerait une petite révolution. Il jongle avec l’idée de fusionner, voire d’abolir les 72commissions scolaires éparpillées à travers le Québec, de couper de moitié le financement public accordé aux écoles privées, de remodeler la taxation scolaire, de diminuer le nombre d’épreuves ministérielles, a indiqué La Presse vendredi matin.
Ces « ballons » de réforme ont été dévoilés à quelques heures de l’interpellation de M. Bolduc — exercice parlementaire durant lequel les partis d’opposition se promettaient de lui rappeler les « bourdes » qu’il a commises, a fait remarquer Mme Léger. « Ça tombe drôle aujourd’hui. »
« C’est un feu d’artifice de mesures possibles, probables », a ajouté en fin de matinée le porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière d’éducation, Jean-François Roberge.
De son côté, M. Bolduc a refusé de commenter toute « hypothèse de travail », mais a réitéré la volonté du gouvernement libéral de démanteler un maximum de « structures » afin d’alléger la « bureaucratie ». « Je ne commenterai aucune hypothèse parce qu’il faut prendreletemps de les regarder, de bien y réfléchir, et, après cela, on posera les actions qui sont adéquates », a-t-il affirmé lors d’un impromptu de presse dans les couloirs de l’Assemblée nationale vendredi matin.
Les élections scolaires prendront vraisemblablement l’allure d’un référendum sur l’avenir des commissions scolaires. Une faible participation dans les bureaux de vote le dimanche 2 novembre pourrait inciter le ministère à les abolir, ou à tout le moins à transférer certains de leurs pouvoirs aux MRC et aux municipalités, comme la coordination du transport scolaire et la gestion des infrastructures, a suggéré La Presse.
Décisions à courte vue ?
Les commissions scolaires demeurent « les mieux placées pour faire ce travail avec efficacité », a soutenu la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) chiffres à l’appui. Les municipalités sont gangrenées par des frais administratifs trois fois plus élevés que les commissions scolaires (14 %, contre moins de 5 %), a-t-elle fait remarquer.
De son côté, la Fédération des établissements d’enseignement privés (FEEP) a mis en garde le ministre Yves Bolduc contre toute décision précipitée de tirer vers le bas le financement public des écoles privées. « Une telle décision entraînerait la fermeture de la vaste majorité des écoles privées subventionnées. Le gouvernement devrait intégrer dans le réseau public quelque 90 000 élèves de plus, alors qu’il peine déjà à accueillir les élèves issus du boom démographique. Les coûts seraient énormes », a indiqué le président de la FEEP, Jean-Marc St-Jacques. « [Pour] réduire le déficit, la bonne façon de procéder est de favoriserl’ouverture de plus d’écolesprivées subventionnées. »
L’élue péquiste Nicole Léger s’est indignée de voir le ministre « incapable de dire [vendredi] si c’est vrai ou pas vrai » les rumeurs autour des commissions scolaires, des écoles privées… D’ailleurs, « en quoi cela va améliorer la réussite scolaire ? En quoi cela va valoriser les enseignants au coeur du milieu de l’éducation ? En quoi cela va rassurer les parents ? En quoi ça va donner les outils aux intervenants pour aider directement nos jeunes ? » s’interrogeait-elle.
Son confrère caquiste Jean-François Roberge a décrié les coupes « à l’aveugle » de dizaines et de dizaines de millions effectués à ce jour dans les services directs aux élèves.
RÉFORME EN ÉDUCATION
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