La « voix distincte » du Québec à l’étranger sera gaie. Un mois après avoir appelé — en vain — ses homologues à s’attaquer à la discrimination envers les personnes LGBT au sommet de la Francophonie de Madagascar, la ministre des Relations internationales, Christine St-Pierre, franchit un pas de plus. La défense des droits des lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres fera désormais partie intégrante de la politique étrangère québécoise, a appris Le Devoir.
Dans leurs échanges avec des diplomates ou des politiciens de pays où les personnes LGBT font l’objet de discrimination, Christine St-Pierre et son personnel évoquent maintenant cette question de façon systématique et sans ambages. Et ce, malgré les tensions ou les malaises que cela suscite.
« Il y a des dossiers dans lesquels on veut avoir un leadership, et le dossier LGBT en est un. On va être proactifs», explique la ministre, qui souhaite s’attaquer à la « résistance » de plusieurs États, notamment au sein de la Francophonie internationale, concernant la discrimination basée sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre.
« Il y a des pays qui vont nous dire qu’on se mêle de leurs politiques internes. C’est comme ça. Je n’ai pas peur de créer un malaise, on n’est pas agressifs, mais on l’affirme : nos valeurs démocratiques incluent les droits des LGBT. […] Ça va finir par rentrer. »
Peine de mort
Dans douze pays membres de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), l’homosexualité est passible de prison, voire de la peine de mort. Six autres ne l’ont pas officiellement criminalisée, mais ont signé, en 2008, une déclaration s’opposant aux droits des LGBT. Dans bien d’autres encore, les personnes LGBT font l’objet d’intimidation et de discrimination au quotidien, même si les relations sexuelles entre personnes de même sexe ne constituent pas un crime.
Comme l’OIF constitue l’un des forums internationaux où le Québec a le plus d’influence, on estime, au sein du gouvernement, qu’il s’agit de l’endroit tout indiqué pour intervenir sur cette question.
Tabou
Québec a donc tenté d’inclure, dans la déclaration ratifiée à l’issue du plus récent sommet de l’OIF, à Antananarivo, à Madagascar, un article sur la question LGBT, ce qui a suscité « de très fortes résistances de la part de certains États africains, notamment le Cameroun », révèle une note interne. La proposition n’a finalement pas été retenue par les membres, mais la question a été abordée à maintes reprises.
« Dans nos rencontres bilatérales, je constate avec mes homologues que lorsqu’on en parle entre nous, tout le monde dit avoir un ami, un enfant, une connaissance LGBT. Comme individus, ils admettent qu’il n’y a pas de problème. Mais au moment de poser un geste politique, il y a toute une résistance », observe la ministre St-Pierre.
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