On peut aimer ou ne pas aimer les positions mises de l'avant par la CSN sur les finances publiques: c'est de bonne guerre. Pourtant, le débat sur le type de Québec que nous voulons est indissociable d'une fiscalité conséquente, l'un n'allant pas sans l'autre.
Les membres de la CSN sont à l'image de la population qui, dans maints sondages, exprime préférer la préservation des services et des programmes publics à des baisses d'impôt. Quand on est un petit ou un moyen salarié, on est sensible à l'importance des services publics pour joindre les deux bouts.
Chaque année 113 449 personnes profitent de l'assurance parentale, 535 000 ménages touchent la prime au travail accordée aux gagne-petit, 1,8 million de dollars servent à diminuer les coûts des services de garde, 139 000 étudiants inscrits aux études supérieures reçoivent de l'aide de l'État, plus de 5 millions de jours d'hospitalisation sont offerts gratuitement, 1 550 000 personnes touchent un chèque de la Régie des rentes du Québec — et c'est souvent une bonne part de leur revenu de retraite —, plus de 287 000 personnes fréquentent l'éducation des adultes, 2,7 milliards de dollars sont consacrés par Emploi Québec à la formation de la main-d'oeuvre afin de préserver l'employabilité et les emplois. Enfin, plus de 200 villages ont eu besoin de l'aide du gouvernement du Québec, parce que frappés de plein fouet par la crise forestière. Il s'agit de quelques exemples seulement illustrant l'importance de la capacité d'agir de l'État.
Or, dans son plan de retour à l'équilibre budgétaire, Québec annonce des compressions de 900 millions par année pour les cinq prochaines années. Luc Godbout, professeur de fiscalité à l'Université de Sherbrooke, l'illustre en rappelant que cela équivaut à fermer les ministères suivants: Culture, Développement durable, Développement économique, Famille et Aînés, Relations internationales, Tourisme, Agriculture et Travail!
La fiscalité est un puissant levier de solidarité, de répartition de la richesse et d'égalité des chances. La CSN a mis de l'avant des propositions pour éviter des coupes: report de l'échéancier du retour à l'équilibre budgétaire, lutte contre l'évasion fiscale, révision de la fiscalité des entreprises, régulation de l'économie financière, encadrement des minières, taxe sur le luxe, écotaxes, etc. Oui, il y a dans la liste l'idée d'une fiscalité plus progressive en ajoutant un 4e palier d'impôt pour les mieux nantis. Cela existe déjà au fédéral pour les revenus de 126 000 $ et plus, sous un gouvernement Harper, faut-il le rappeler.
Il n'y a pas de projet de société juste sans une fiscalité conséquente. C'est, entre autres, ce que nous apprennent les pays scandinaves, champions quant à la hauteur des prélèvements fiscaux, mais aussi champions dans la lutte contre les inégalités et la pauvreté. Ces pays engagent des dépenses sociales structurantes beaucoup plus élevées qu'au Canada tout en tirant très bien leur épingle du jeu sur le plan des indices de compétitivité économique. On le voit, il n'y a pas de modèle unique, mais celui-là est pas mal plus inspirant et mobilisateur que l'exercice comptable et le moins d'État qu'on nous propose!
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Claudette Carbonneau - Présidente de la CSN
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