Leçons et perspectives pour indépendantistes

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QS et le PQ sont pourtant des ennemis mortels : l'un vivra en tuant l'autre !

La soirée électorale du 1er octobre en a sûrement décoiffé plus d’un. La CAQ a, à l’évidence, été elle-même surprise par l’ampleur de sa majorité, alors qu’elle ne récolte qu’un peu plus de 37 % des votes exprimés. Elle devient ainsi le premier gouvernement de l’histoire du Québec à obtenir un gouvernement majoritaire avec si peu d’appui populaire ! Dans ce contexte, saluons le premier discours de François Legault, où il s’efforce de se faire rassembleur et ouvert.


Mais la surprise va bien au-delà. Le PLQ et le PQ goûtent sévèrement à la médecine administrée à peu près partout en Occident à l’égard des partis de gouvernement. Mirage ou réalité, le désir de changement a soufflé fort sur l’élection. Ces deux partis, dont les programmes sont très différents (question nationale, austérité, urgence d’une transition écologique et identité), ont chacun une sérieuse introspection à faire.


QS a connu un succès qu’il n’espérait probablement pas. En plus d’avoir triplé ses sièges, il est sorti de Montréal de façon assez convaincante. Il faut certainement y voir les fruits de l’excellente campagne que ce parti et sa chef ont menée et de la réussite de sa fusion avec Option nationale, qui lui a valu deux circonscriptions dans la région de Québec. Enfin, la façon dont les solidaires ont mobilisé les jeunes, notamment dans les villes universitaires de Sherbrooke et de Rouyn-Noranda, est digne de mention. La relance du projet indépendantiste passe sans conteste par l’implication et l’adhésion de la jeunesse.


Une certaine marginalité


Sans inviter QS à bouder son plaisir, une réalité implacable demeure toutefois. Dans 57 des 125 circonscriptions, ni QS ni le PQ n’apparaissent dans la liste des deux principaux partis politiques inscrits dans la course. Si ces derniers ne trouvent pas une façon originale de conjuguer leurs efforts autour de quelques essentiels, ils se condamneront à une certaine marginalité. Ils laisseront orphelin le tiers des Québécois qui a voté pour eux, espérant une action rapide et vigoureuse quant aux changements climatiques, à l’urgence de réinvestir massivement dans nos services publics, sans oublier la responsabilité qu’ils ont de faire advenir le projet d’indépendance, indissociable de ces objectifs.


Les quelques luttes victorieuses à trois ou à quatre auxquelles nous avons assisté sont loin de faire le poids devant les objectifs évoqués plus haut. Voilà qui préoccupe au plus haut point les Organisations unies pour l’indépendance (OUI Québec), dans un contexte où un Québécois sur trois ayant voté pour le PQ ou pour QS doit se contenter d’un maigre 19 sièges sur 125 pour se faire entendre. C’est dire l’urgence d’une réforme du mode de scrutin. En 2018, la volonté populaire en prend pour son rhume. La CAQ règne sans partage, alors que, cynisme aidant, seulement un Québécois sur quatre s’est déplacé pour lui donner son vote, ce qui nuance grandement l’impression de « raz-de-marée caquiste » qui court depuis quelques jours. C’est dire aussi l’importance de revoir le partage des budgets dévolus aux partis politiques pour assurer la représentation des électeurs. Le PQ et QS doivent y avoir accès, au nom du tiers de la population qu’ils représentent. C’est une question de démocratie.


Les faits sont têtus. Des Québécois ayant voté, 33 % ont donné leur vote à un parti indépendantiste. D’autres se sont sentis libres de voter ailleurs ou sont restés chez eux. Voilà qui devrait inciter à la prudence avant de sonner le glas de l’option indépendantiste ! On nous objectera que ce qui motive un vote peut varier d’une personne à l’autre. C’est vrai. Cependant, la question nationale n’est pas un enjeu comme un autre, elle les traverse tous. Réussir la nécessaire transition écologique est certainement plus à portée de main au Québec que dans le pétro-État qu’est devenu le Canada. Assurer notre sécurité culturelle et linguistique, tout comme disposer de tous les leviers nécessaires à notre développement économique et social, passe aussi par la récupération des pouvoirs et des impôts que nous versons à Ottawa. Cessons donc de jouer à l’autruche et de raisonner en vase clos !


> La suite sur Le Devoir.



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