Aussi longtemps que la commission Charbonneau n'aura pas fait toute la lumière sur la corruption qui ronge le Québec, je crois que nous devons faire preuve d'une grande prudence dans nos choix démocratiques. Il faut éviter de remettre les rênes du pouvoir au Parti libéral du Québec, qui fait actuellement l'objet de nombreuses enquêtes criminelles.
Dans la foulée des débats qui ont cours, il y a un fond de scène que nous avons peut-être perdu de vue et qui, pourtant, doit être central dans notre choix du 7 avril prochain, soit une commission d'enquête publique dont le mandat est de déterminer l’étendue de la corruption dans notre société.
Comme le gouvernement libéral de Jean Charest a ignoré pendant deux longues années la demande insistante de plus de 80 % des Québécois de mettre en place cette commission, la juge Charbonneau a été incapable de compléter son mandat avant le présent rendez-vous électoral. Elle a investigué le monde municipal et les syndicats avant de s'attaquer au plat principal, celui de la politique provinciale, là où logent les pires craintes.
Entre le manque d'appétit du peuple québécois pour un troisième référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec et le risque de redonner le pouvoir aux libéraux sur lesquels reposent les soupçons les plus lourds, il n'y a, à mon avis, aucune hésitation à avoir. Le Québec ne peut d'aucune façon replonger dans le manque d'intégrité, sous peine de voir son économie en souffrir et le cynisme atteindre un niveau inégalé.
Le ménage doit se poursuivre, tout comme la restauration éthique de nos institutions. La Commission Bastarache a démontré que les collecteurs de fonds faisaient la pluie et le beau temps dans le gouvernement Charest. Aux post-its libéraux sur les nominations de juges et au patronage libéral dans notre réseau de garderies, il faut ajouter la perquisition policière des locaux du PLQ en juillet dernier que le chef Philippe Couillard a choisi de cacher à la population et même à ses propres députés.
Le principal collecteur de fonds du PLQ, Marc Bibeau, a aussi été perquisitionné. Le mandat fait état d’échange d’enveloppes et d’une activité de financement libérale ayant rapporté plus de 425 000 $ dont on aurait étrangement perdu la trace. Cette dernière n’apparaîtrait pas aux états financiers du Parti libéral et Philippe Couillard lui-même ne peut en expliquer l’absence. Ces seuls faits font frémir et donnent à penser que les libéraux ne méritent pas l’absolution des électeurs. Pas maintenant du moins.
Le poing levé de Pierre Karl Péladeau en faveur de l'indépendance du Québec est un geste spectaculaire qui a fait basculer la campagne électorale dans une fausse élection référendaire. Les libéraux en ont profité pour tenter de faire oublier leur bilan désastreux sur le plan de l’éthique. C’est essentiellement la même équipe que Monsieur Couillard propose aujourd’hui pour diriger le Québec.
La première ministre Marois sait fort bien que l'heure n'est pas au choix entre un Québec indépendant ou le Canada. De tous les chefs péquistes qui ont défilé depuis 50 ans, elle est sûrement la plus raisonnable et le plus pragmatique sur la question nationale. C’est pourquoi je suis convaincu qu’un nouveau gouvernement dirigé par Pauline Marois, même majoritaire, ne tiendra pas de référendum dans un prochain mandat.
Les Québécois ne doivent donc pas laisser la proie pour l'ombre. Le prochain gouvernement devra principalement se consacrer à remettre l'État et ses institutions sur le chemin d'une intégrité sans faille. Pour l’heure, en attendant le rapport final de la commission Charbonneau, je suis convaincu que seul le Parti québécois est en mesure de mener à bien cette mission primordiale.
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