«Le rêve est en train de mourir» : la charge de Boris Johnson contre Theresa May sur le Brexit

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« Nous nous dirigeons vraiment vers le statut de colonie de l’Union européenne »

En profond désaccord avec Theresa May sur le devenir de la relation entre le Royaume-Uni et l'Union européenne à l'issue du Brexit, le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson n'a pas mâché ses mots dans sa lettre de démission.


«Nous nous dirigeons vraiment vers le statut de colonie» de l’Union européenne (UE), a écrit Boris Johnson dans sa lettre de démission remise au Premier ministre britannique Theresa May et rendue publique par la BBC, ce 9 juillet. «Le rêve est en train de mourir, étouffé par l'inutile manque de confiance [du Royaume-Uni] en ses propres forces», a en outre déploré le désormais ex-chef de la diplomatie britannique, défenseur d’un «Brexit dur».


Il emboîte ainsi le pas à David Davis, ex-secrétaire d'Etat britannique chargé de négocier la sortie britannique de l'Union européenne (UE). Ce dernier a décidé la veille de claquer la porte du gouvernement, deux jours après la réunion à huis clos du Premier ministre avec ses secrétaires d'Etat au sujet du Brexit.


Cette réunion avait débouché sur un accord stipulant la volonté de Londres de maintenir une relation commerciale privilégiée avec l’UE malgré le Brexit. Ce plan prévoit notamment la mise en place d’une nouvelle zone de libre-échange avec l'UE – les opérations financières, entre autres, bénéficieraient de mesures de libre-échange particulières. Boris Johnson et David Davis, en somme, reprochent au Premier ministre d'avoir renoncé au projet de «hard Brexit» (qui réduirait au maximum les règles communes avec l'UE), que portait initialement le gouvernement.


«Nous sommes en désaccord sur la meilleure manière de mettre à exécution notre engagement commun d'honorer le résultat du référendum [de juin 2016]», a de son côté expliqué Theresa May devant les députés britanniques, après les démissions des deux poids lourds du gouvernement. 


Fragilisée par ces dissensions internes, le Premier ministre britannique subit en outre les foudres de l’opposition et notamment de Jeremy Corbyn, chef de file des Travaillistes. «Le départ de David Davis à un moment aussi crucial montre que Theresa May n’a plus d’autorité et est incapable de mettre en œuvre le Brexit», a-t-il déclaré sur Twitter, dépeignant un gouvernement en plein «chaos». Quelques heures après la démission de Boris Johnson, il a enfoncé le clou au Parlement britannique. «L'illusion d'unité [du gouvernement] n'aura duré que 48 heures», a-t-il raillé.