ZYLAG, APRÈS TOUT...20 janvier, 2006
Les commentateurs en parlent à la télé. Stéphane Laporte l'écrit à la une de La Presse. Les gens l'ont chuchoté pendant les réceptions du temps des Fêtes. C'est unanime: Jean Chrétien doit donc rire dans sa barbe!
Jean Chrétien riait quand son parti ridiculisait Robert Stanfield et le parti conservateur de vouloir imposer un gel des prix et des salaires pour combattre l'inflation. Les libéraux, après avoir gagné l'élection de 1974, ont instauré le gel des prix et des salaires. C'est Jean Chrétien qui était président du Conseil du Trésor à ce moment-là.
À l'élection de 1980, les libéraux ont ridiculisé Joe Clark de vouloir imposer une taxe de 18ç le gallon pour ralentir l'inflation. Une fois élus, les libéraux ont imposé une taxe de 60ç le gallon. Pensez-vous que Jean Chrétien ne riait pas?
En 1980 toujours, à la veille du premier référendum, Trudeau promet que le NON sera un OUI pour le changement. Il nomme Jean Chrétien ministre en charge des négociations constitutionnelles. Ce dernier devait bien rire dans sa barbe quand il a réussi à isoler le Québec et à ridiculiser René Lévesque au vu et au su de tous. Le OUI pour le changement s'est présenté sous la forme d'une constitution-bidon à laquelle le Québec n'a pas encore adhéré.
Comme disait le pèlerin avec une jambe de bois sur les marches de l'Oratoire St-Joseph:"Seigneur, rendez ma jambe semblable à l'autre..." Il y a de quoi rire.
En 1984, Chrétien perd la course à la chefferie aux mains de John Turner. Jusqu'en 1990, pendant 6 ans, Chrétien et ses soldats n'ont cessé de harceler Turner en sous-main, si bien que les caricaturistes ne représentaient plus Turner qu'avec plein de poignards plantés dans le dos. Alors là, ce devait être la franche rigolade.
À l'élection de 1993, Jean Chrétien ridiculise Kim Campbell et les conservateurs, promettant d'abolir la TPS et de mettre de côté l'ALENA. Il gagne ses élections, maintient la TPS et l'ALENA, et éclate d'un grand rire en voyant disparaître le parti conservateur dont il poursuit les politiques.
L'opposition morcelée en partis régionaux, Jean Chrétien n'a que ses meilleurs ennemis à combattre, les séparatistes. Il décide cyniquement d'acheter les Québécois par le programme des commandites et il place ses hommes pour l'administrer, en veillant à ce qu'ils laissent le moins de traces possible. Mais cette fois le cynisme est trop évident, le programme devient scandale et le clan Martin en profite pour l'évincer.
Je pense aussi que Jean Chrétien doit rire de Paul Martin, à l'heure qu'il est. Il est sans doute persuadé qu'il n'aurait pas fallu aborder le problème des commandites comme Martin l'a fait, en s'excusant et disant que le parti libéral s'est purgé de ses mauvais éléments, ce que personne ne croit. Non, il aurait fallu selon Chrétien se couvrir du drapeau canadien, prendre une mine batailleuse et clamer haut et fort qu'on n'a pas à s'excuser d'avoir sauvé le pays.
Jean Chrétien rit encore, bien sûr, mais ce n'est plus du rire cynique et triomphant du magouilleur qui a berné tout le monde, mais du rire minable et amer de voir son vieux rival se casser la gueule.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé