Le ton «sentencieux» des «lucides»

Solidaires vs Lucides - sondage CROP

Dans un [éditorial publié hier dans Le Devoir->3650], ma collègue Josée Boileau commente le sondage CROP dont les résultats ont été rendus publics cette semaine lors d'une assemblée du Cercle canadien de Montréal. Elle y dénonce «le ton sentencieux systématiquement employé par le clan des lucides, qu'on a encore entendu cette semaine: les Québécois sont bloqués, ne comprennent pas, ne savent pas».
Ayant été appelé par le Cercle à commenter les résultats du sondage et ayant donné quelques entrevues à cette occasion, je me suis senti visé. D'autant plus qu'elle poursuit: «Et forcément, seuls des lucides peuvent mettre le pays sur les rails! Quand on est convaincu à ce point, on ne fait plus des sondages ou des éditoriaux mais de la politique.» Cette dernière phrase m'a beaucoup étonné, surtout venant d'une femme dont les convictions sont si fortes et si clairement exprimées. Josée Boileau lorgnerait-elle une carrière politique? Pas plus que moi, j'imagine.
Je regrette surtout que l'éditorialiste du Devoir m'associe à un «ton sentencieux» dénigrant le peuple québécois qui ne comprendrait rien. Or j'ai toujours soutenu le contraire, notamment lors de cette assemblée du Cercle canadien. J'ai souligné qu'en démocratie, le peuple a toujours raison, que ceux qui pensent autrement ne peuvent s'en prendre qu'à eux-mêmes si leur message ne passe pas, qu'ils -- je m'inclus là-dedans -- souffrent d'un grave déficit de crédibilité.
Par ailleurs, Josée Boileau attribue aux «lucides» des idées que nous n'avons jamais exprimées, par exemple que les parents à revenus modestes sont des «profiteurs» parce qu'ils bénéficient du réseau de garderies à 7 $ par jour. Elle minimise aussi la valeur de notre point de vue en soutenant que nous représentons «une classe de privilégiés». À partir de quel niveau de revenu ou de quel niveau d'éducation n'a-t-on plus le droit de s'exprimer au Québec? Ceux qui ont fait la Révolution tranquille, que Josée Boileau vante à raison, n'auraient-ils pas pu aussi être classés comme des «privilégiés»? Heureusement, dans les années 60, on les a quand même écoutés...
De toute façon, le problème causé par les tarifs d'électricité et les droits de scolarité maintenus à un niveau artificiellement bas, c'est justement que les «privilégiés» en profitent autant que ceux qui ont besoin de telles mesures. Les «lucides» ne se sont jamais opposés à ces politiques sociales. Ils s'inquiètent du fait que certaines de celles-ci sont inutilement coûteuses parce que mal ciblées et de ce que par ailleurs, si nous voulons conserver ces politiques, il faudra bien trouver les moyens de les payer sans compromettre les équilibres financiers de l'État.
Réponse
D'abord, une précision: mon éditorial n'affirme pas que l'idée de revoir l'accès aux services de garde à 7 $ par jour vient des «lucides» (effectivement, leur manifeste n'en parle pas) mais qu'il s'agit d'un discours de plus en plus affiché par les commentateurs des médias, un exemple, à mon avis, de la distance entre certains privilégiés, dont ces commentateurs (qu'on entend partout!) font partie, et la vie du Québécois «moyen».
Pour le reste, je maintiens que le ton «donneur de leçons» a trop souvent cours chez les «lucides» eux-mêmes ou ceux qui les appuient, comme ce fut le cas cette semaine avec le président de CROP (qui en appelle à de nouveaux leaders politiques). Et cette attitude explique l'incrédulité manifestée, notamment par M. Pratte, devant les résultats des sondages présentés au Cercle canadien, incrédulité qui était pour moi la vraie source d'étonnement.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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