Lorsqu’on écrit ou fabrique une histoire il faut toujours surveiller la chronologie des évènements que l’on veut décrire ainsi que la géographie des lieux.
Il faut entre autres éviter qu’un personnage soit en même temps présent à deux endroits différents. Tel que relevé dans « le journal du Siège de Québec du 10 mai au 18 septembre 1759, alors que Vaudreuil est à la fois à Jacques Cartier (*42 km de Québec) pendant qu’il se promenait en calèche sur les Plaines pendant la dite bataille du 13 septembre 1759.(ANL 1920-1921, page 200)
Ainsi dans le récit de la bataille de Trois-Rivières du 8 juin 1776, il est bien dit que 2000 Américains allèrent à la rencontre d’un contingent britannique de 10000 hommes.
Alors il s'est avéré que le débarquement à Québec à bord de 36 navires du gros des troupes germano-britanniques s’est déroulé du 6 au 8 juin 1776, soit la journée même de ladite bataille. du 8 juin 1776.
Pour une armée et son équipement, il faut en marche forcée au moins cinq jours pour parcourir la distance entre Québec et Trois-Rivières. Au moins quatre cours d’eau majeurs dont le St-Maurice doivent être traversés sur chalands avec tout l’équipement dont «l’ammunition» pour citer notre sergent instructeur à l’entraînement lors de la seconde guerre mondiale.
Dans «mercenaires allemands au Québec 1776-1778,» (Jean-Pierre Wilhelmy) on lit;
Le 1er juin 1776, À 6 hres du soir un premier navire comprenant des auxiliaires allemands jette l’ancre, incluant le major général Friedrich Adolph von Riedesel. Les autres navires feront de même les, 6, 7 et 8 juin.
Le 5 juin Riedesel se voit confier le commandement d’un corps séparé charger de se rendre à Sorel et d’établir un campement près des Américains qui s’y étaient repliés après avoir levé le siège de Québec.
Le 7 juin, l’expédition pour Trois-Rivières pour se rendre à Sorel (1ere étape) reçoit le signal du départ et atteindra son but quelque 4 jours plus tard, soit le 11 juin, trop tard pour participer à leur propre «bataille» du 8 juin» mais qu’ils pourront cependant lire la description sur la plaque du monument.
Sur la plaque il est écrit: «Les Anglais et les Canadiens (?) étaient sous le commandement du général Simon Fraser et les Américains étaient commandés par le Général Thompson»
Nous savons que le général William Thompson stationné à Sorel dans une lettre adressée à George Washington datée du 30 mai 1776, faisait part à ce dernier, qu’en raison du ravage de la petite vérole parmi ses troupes et du manque de munitions il ne pouvait entreprendre aucune action en aval de Sorel. Et en conséquence il avait signifié son intention de retourner avec ses troupes en Nouvelle-Angleterre..
(Qui est le général Simon Fraser qui aurait commandé les troupes britanniques?
On relève dans les archives des deux côtés de la frontière quelque quinze Simon Fraser dont deux «General»
Un extrait du Dictionnaire biographique du Canada.
Le général Simon Fraser de Balnian «(1729-1777)
Le DBC fait en mention tout d’abord d’un Simon Fraser né en 1776 à Mapletown dans le Vermont et décédé dans le comté de Stormont, Haut-Canada, le 18 août 1862. Il était trafiquant de fourrure. st explorateur, Le père de ce Simon Fraser (explorateur) avait combattu sous les ordres de Wolfe lors du Siège de Québec.
En effet, Simon Fraser père, prit une part active à la défense des intérêts des loyalistes,
Il prit la décision rallier l’armée britannique. Elle se présenta en 1777, lorsque le général John Burgoyne mena sa malheureuse expédition dans la région. Simon Fraser et son fils aîné William, s’engagèrent en juillet et, le 17 août 1777 , prirent part à la bataille de Bennington au cours de laquelle les Anglais subirent un échec décisif. À ce moment-là Fraser fut arrêté par les Américains et amené à Albany où on l’enferma dans des conditions si rigoureuses qu’il mourut après un peu plus d’un an d’emprisonnement.
Donc ce n’est pas ce Simon Fraser qui commanda les Britanniques à la dite bataille de Trois-Rivières du 8 juin 1776.ce n’est qu’en 1777 qu’il rallia les troupes américaines et il avait le grade de capitaine
Un autre Simon Fraser
Simon Fraser de Lovat (1726-1782) Source : Answers.com
78th Fraser Highlanders
Ce régiment prit part à la bataille de Louisbourg en 1758. À Québec en 1759, à Montréal en 1760 et à St-Jean Terre-Neuve en 1761. En 1763 le régiment fut démobilisé.
71st Highlanders
En 1775, les Highlanders de Fraser furent de nouveau mobilisé à Inverness, Stirling et Glasgow et fut connu sous le nom de 71ST (Highland) Regiment of Foot (Fraser’s Highlanders) Deux bataillons furent formés. En 1776 ,les deux bataillons du 71st Highlander furent envoyer à New-York et prirent part à la guerre d’indépendance américaine... Le second bataillon fut capturé à Boston en 1776 et reformé en 1778. en Écosse et retourné en Amérique
Les deux bataillons le premier et le second ont combattu sur le sol américain pendant toute la durée de la guerre d’indépendance américaine, bien que le second bataillon fut capturé de nouveau à York Town en 1781.
Aucune trace du passage du 71st Highlanders de SIMON FRASER sur le sol québecois durant cette période. de 1775 À 1783.
Or, on trouve nulle part de ce Simon Fraser tel qu’ inscrit sur la plaque du monument et désigné sous. le nom de General Simon Fraser.
Dans notre histoire seuls les faits mettant en valeur le loyalisme des «Canadiens-français» avaient droit de citer.
On doit rappeler que Trois-Rivières et toute la région, en 1775 s'est ralliée aux troupes américaines de Richard Montgomery et James Livingston et qu'en plus une bonne partie de ces troupes étaient des «Canadiens» comme on les appelait à l'époque.
C'est probablement pour corriger cette "aberration"que l'on a imaginé ce fait d'armes qui devait mettre en évidence la loyauté des Canadiens-français à l'égard de la couronne britannique.
LIEN:
Occupation de Trois-Rivières de novembre 1775 à mai 1776
http://www.geocities.com/vailcour/Livingston5.html
Cordialement
Le 375e de Trois-Rivières
Les Américains à Trois-Rivières de novembre 1775 à mai 1776!
Une histoire escamotée
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
10 août 2009LE 375e de Trois-Rivières
Le Américains à Trois-Rivières de novembre 1775 à mai 1776
La guerre d’indépendance américaine
Des «Canadiens» ont combattu pour les Rebels américains: deux régiments.
Dans notre histoire seuls les faits historiques mettant en valeur le loyalisme des Canadiens français envers la couronne britannique avaient le droit de citer.
Dans le cas contraire ces derniers étaient proprement fustigés par les bien-pensants et humblement soumis de l’époque.
Ainsi dans le Dictionnaire biographique du Canada
L’historien Gustave Lanctot* (1883-1975) a porté un jugement très dur sur les Canadiens qui, comme Clément Gosselin, ont souscrit à la cause de la Révolution américaine. Il les a qualifiés d’« éléments ambitieux ou remuants [qui virent] dans l’invasion une occasion de profits et d’aventures [et qui ne constituèrent] qu’une fraction hostile, agressive et souvent peu scrupuleuse dans ses comportements ».
Dans le même DBC, il y a l’excellente réplique
Une telle interprétation ne résiste guère à l’analyse des faits. Elle semble plutôt tributaire d’un certain courant de pensée nationaliste canadien qui, né avec la Conquête, a constamment cherché à mettre en lumière la loyauté des Canadiens français envers la couronne britannique, sans doute par désir de voir se résorber les tensions et les tiraillements qui ont surgi entre deux entités socio-culturelles habitant un même territoire depuis désormais plus de deux siècles».
Dans ces commémorations du 375e il est bien regrettable que l’on ait écarté cet épisode de l’occupation américaine de 1775. Le récit est solidement appuyé par des pièces d’archives garantissant l’authenticité. On ne peut dire autant de la partie qui fut retenue soit cette bataille du 8 juin 1776., et dont la commémoration fut tenue en la présence du consul américain.
On présume que l’on se reprendra à l’occasion du 400e de la fondation de Trois-Rivières.
Cordialement