Les conservateurs et la « démonisation » d’Israël

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Quand le fédéral s'attaque à la liberté d'expression

Le Parti conservateur du Canada (PCC) s’est positionné, sous Stephen Harper, comme un parti pro-Israël, contre vents et marées. Ce n’est donc pas étonnant de voir le PCC tenter de délégitimer le mouvement international de Boycott, désinvestissement et sanctions d’Israël (BDS).
Rappelons que ce mouvement est né à la demande de la société civile palestinienne, pour amener le gouvernement israélien à respecter les dispositions des lois internationales en mettant fin à l’occupation et à la colonisation de toutes les terres arabes et en démentant le Mur. L’ONU a d’ailleurs adopté des résolutions en ce sens.
La campagne BDS n’est d’aucune façon une manifestation d’antisémitisme car elle ne vise pas les « Juifs en tant que Juifs » mais les politiques des gouvernements israéliens successifs qui violent systématiquement le droit international et les droits fondamentaux, individuels et collectifs, du peuple palestinien.
Le dernier geste posé par les conservateurs a été le dépôt d’une motion dans laquelle ils demandent au gouvernement canadien de condamner tout individu, groupe ou organisation canadienne qui ferait la promotion du mouvement BDS, ici et partout ailleurs dans le monde. Cette motion a été adoptée grâce à l’appui des libéraux. Elle est cependant problématique à plusieurs égards.
Une motion antidémocratique
La Charte canadienne des droits et libertés garantit le droit à la dissidence. Cette dissidence peut s’exprimer de plusieurs façons, incluant les moyens utilisés par le mouvement BDS. On assiste présentement à une tentative de criminaliser, de condamner, d’intimider et de réduire au silence les actions pacifiques et non violentes d’individus ou de groupes qui appuient le mouvement BDS. Ce type de censure est inadmissible en démocratie.
En gros, cette motion demande au gouvernement de condamner des gens, incluant de nombreux Juifs canadiens membres des organisations comme Voix juives indépendantes et Palestiniens et Juifs Unis, parce qu’ils ont une opinion défavorable sur la façon dont Israël mène ses relations avec l’État palestinien. Le chef bloquiste par intérim, Rhéal Fortin, résumait la situation en disant : « Manifestement, il y a un malaise » C’est un euphémisme !
Des amalgames boiteux et insidieux pour censurer
L’argument utilisé par les conservateurs pour tenter d’interdire toute critique à l’endroit d’Israël serait à l’effet que ces dernières constitueraient en fait de l’antisémitisme. Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France ont également adopté des motions semblables, usant des mêmes arguments. Cela laisse supposer une action concertée du gouvernement israélien auprès de ses alliés occidentaux pour faire interdire le mouvement BDS. Un mouvement qui, je le rappelle, est pacifique. Cet amalgame manichéen entre critique et antisémitisme ne vise qu’une chose : enrayer le débat.
Aider la Palestine ≠ nuire à Israël
Récemment, une délégation du Centre international de solidarité ouvrière (CISO)s’est rendue en Palestine pour sensibiliser les stagiaires à la situation du peuple palestinien, plus particulièrement à celle des travailleuses et des travailleurs. Ils ont rapporté dans leurs bagages des histoires de droits bafoués, de discrimination systématique et de conditions de vie déplorables, favorisées par l’aveuglement volontaire d’Israël.
Les seuls moyens à la disposition de la société civile pour mettre la pression sur un pays étranger afin qu’il cesse ses comportements nocifs à l’égard d’une minorité sont de boycotter et de désinvestir dans ce pays. C’est ce que les populations de plusieurs pays ont fait pour dénoncer l’apartheid en Afrique du Sud, comme le souligne avec justesse Agnès Gruda dans la Presse. La motion qui a été adoptée au Parlement prive le peuple palestinien d’un appui important. Le gouvernement Trudeau doit maintenant mettre les bouchées doubles pour proposer une solution pacifique dans la région. Une solution durable qui respectera les droits fondamentaux des Palestiniens et des Israéliens. Monsieur le premier ministre, la balle est dans votre camp.


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