Le Parti conservateur du Canada (PCC) a remporté, mardi le 14 octobre, les élections législatives mais le premier ministre canadien sortant, Stephen Harper, devra se contenter, pour la seconde fois, d'un gouvernement minoritaire, comme en 2006, lorsqu'il est arrivé au pouvoir.
M. Harper, qui avait décidé en septembre d'appeler les Canadiens aux urnes dans l'espoir d'obtenir une nette majorité parlementaire, améliore toutefois sensiblement sa marge de manœuvre. "Les électeurs nous ont donné un mandat plus fort", a-t-il estimé au vu des résultats.
Les conservateurs obtiennent 143 sièges de députés sur 308 (à 12 sièges de la majorité absolue), soit 19 de plus qu'en 2006. Ils confortent comme prévu leurs positions dans l'Ouest canadien et réalisent des gains inattendus en Ontario (province la plus peuplée et la plus industrielle du pays, gravement touchée par la dégradation de l'emploi). Ils conservent une bonne représentation au Québec, où les observateurs s'attendaient à un recul.
Le Parti libéral, dirigé par Stéphane Dion, est en sérieuse perte de vitesse. Il obtient 78 sièges (dont un à Montréal pour Justin Trudeau, le fils de l'ancien premier qui fait ainsi son entrée en politique) contre 103 en 2006. Les libéraux disparaissent quasiment de la carte électorale de l'Ouest du Canada.
M. Dion, accusé d'avoir fait des erreurs stratégiques en début de campagne, n'aura pas la tâche facile au sein de son propre parti et pourrait devoir abandonner son poste dans les prochains mois, si la grogne prend de l'ampleur.
Le Bloc québécois (présent seulement au Québec) maintient ses positions avec 48 sièges de députés, soit les deux tiers des circonscriptions fédérales au Québec. Le Nouveau Parti démocratique (NPD, centre gauche), dirigé par Jack Layton, demeure le troisième parti d'opposition, avec 37 députés, contre 29 en 2006, tandis que le Parti vert obtient un succès d'estime avec 8 % des suffrages exprimés mais aucun député.
Chef du Bloc québécois, Jean Duceppe a estimé que sa formation indépendantiste avait atteint son objectif : empêcher M. Harper de former un gouvernement majoritaire. Il a invité M. Harper à pratiquer l'ouverture et à gouverner dans les compromis. M. Layton a de son côté estimé qu'il allait falloir "travailler ensemble dans l'intérêt public".
"NOUS APAISERONS LA TEMPÊTE"
M. Harper avait décidé, le 7 septembre, d'organiser des élections anticipées, jugeant que le Parlement était atteint de paralysie. Le chef conservateur craignait par ailleurs une dégradation de la situation économique nationale en 2009. La crise financière mondiale a occupé le devant de la scène électorale, plaçant les Conservateurs sur la défensive en fin de campagne. M. Harper a été accusé par l'opposition de ne pas prendre la mesure de la tourmente et de minimiser les effets de la crise au Canada.
"Les temps sont difficiles dans cette période d'incertitude économique mondiale. Les Canadiens sont inquiets et nous comprenons leur inquiétude. Mais je veux les assurer que nous apaiserons la tempête et que notre économie en sortira renforcée", a-t-il déclaré après l'annonce des résultats.
M. Dion, qui reste chef de l'opposition officielle, a aussi indiqué que sa priorité irait à l'économie. Il a offert à M. Harper de "travailler main dans la main pour protéger les Canadiens de la tempête qui s'abat sur le monde".
Le chef conservateur avait présenté un programme électoral peu ambitieux, chiffrant ses promesses à trois milliards de dollars canadiens, contre dix fois plus pour ses opposants, selon ses propres calculs. Il a confirmé mardi soir vouloir poursuivre sa politique : équilibre budgétaire, contrôle des dépenses publiques et de l'inflation, réglementation du secteur bancaire et d'allégements fiscaux pour les particuliers et les entreprises.
Anne Pélouas
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