Par Camille Galic, journaliste et essayiste ♦ Au nom de la non-discrimination et de l’inclusion érigée en dogmes par la Conscience universelle, la confusion des genres triomphe, déformant durablement les esprits, et une espèce est désormais en danger : celle de l’homme blanc hétérosexuel.
40% de femmes dans la RAF mais plus de mères dans les maternités britanniques !
Conséquence de la « révolution arc-en-ciel » théorisée par Martin Peltier* et dont le dernier avatar est le wokisme, Albion est-elle tombée sur la tête ? Dans ce royaume dont le monarque est une souveraine nonagénaire et le gouvernement conservateur, la glorieuse Royal Air Force encouragée par le ministre de la Défense tory Robert Ben Lobban Wallace, ancien de la non moins prestigieuse Académie royale militaire de Sandhurst, puis commandant d’une compagnie de la Garde écossaise, vise à l’horizon 2030 quelque 40% de recrues féminines et 20% de recrues issues des minorités ethniques. Ce qui réduira à 40% le nombre des hommes blancs dans ces rangs, perspective qui a du reste entraîné la démission du directeur du recrutement de la RAF écœuré par ce choix certes dans l’air du temps puisque fondé sur des critères sexuels et raciaux mais « non seulement honteux mais dangereux pour la sécurité de la Grande-Bretagne ».
Dans le même temps, niant au contraire la différence entre les sexes, « 34% des maternités d’Angleterre auraient revu l’utilisation des termes “mère” et “femme” dans leur communication ». Au nom de la « non-discrimination » et sous la pression des très activistes associations LGBT, les parturientes sont ainsi devenues des « personnes qui accouchent », voire des « bénéficiaires de services » bien qu’une maternité de Liverpool, qui a recours à cette sémantique depuis 2019, avoue n’avoir pas enregistré depuis lors, et pour cause, une seule patiente transgenre sur les 17 000 femmes enceintes (terme lui aussi considéré comme rétrograde) accueillies.
Des maux pour le dire
Il est vrai que nous n’avons pas de leçons à recevoir des Britanniques puisque dans un texte destiné aux ados et diffusé le 26 décembre 2020, donc au lendemain de Noël, ce qui n’était pas un hasard, le Planning familial des Bouches-du-Rhône les informait que « les règles arrivent au moment de la puberté, généralement entre 10 et 16 ans, chez les personnes qui ont un utérus » et que, « quand une personne a ses règles, ça signifie que son utérus peut accueillir une grossesse », ladite personne risquant donc de tomber « enceint.e ». Un abus de périphrases insanes pour éviter le mot femme qui avait déclenché l’ire — justifiée en l’occurrence — de personnalités aussi Politiquement Correctes que la militante « féministe universaliste » Fatiha Agag-Boudjahlat ou l’avocat Alain Jakubowicz, ex-président de la LICRA.
En janvier 2009, Polémia publiait son premier Dictionnaire de novlangue, dû à notre éminent ami Michel Geoffroy qui récidivait en 2013 avec le Nouveau Dictionnaire de novlangue enrichi de plus de 500 mots nouveaux, puis en 2015 avec un répertoire des Mille mots qui manipulent les Français. Un Dictionnaire de l’inclusion s’impose désormais. En effet, hors des communautés concernées, plus question d’évoquer non plus même des nègres mais simplement des Africain(e)s, la seule appellation admissible, récusée par l’Académie mais qui s’est répandue comme une traînée de poudre dans l’administration française à partir des universités, étant « racis-é-es ». Cette passion de l’euphémisme inclusif a d’ailleurs atteint de tels sommets qu’au Conseil de Paris, début juillet, l’élu d’opposition Paul Hatte s’est fait incendier par la majorité d’Anne Hidalgo car il avait osé réclamer la dératisation de la capitale sans préciser qu’elle devait être « non létale » et osé surtout parler de rats. Ce qui serait « désobligeant » pour les gaspards selon la conseillère verte et antispéciste Douchka Markovic, qui ne veut connaitre que les « surmulots », à traiter évidemment avec empathie.
Nouveau sketch tragi-comique le 26 juillet à la mairie, de New York cette fois qui, par la voix de son commissaire à la Santé Ashwin Vasan, a sommé l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé de rebaptiser la variole du singe (monkeypox en anglais) en raison des « effets potentiellement dévastateurs et stigmatisants que les messages autour du virus de la “variole du singe” peuvent avoir sur des communautés déjà vulnérables ». Non seulement, déplore ainsi Mr Vasan, cette « terminologie est ancrée dans une histoire raciste et douloureuse pour les communautés de couleur » mais elle est également si « stigmatisante que les personnes noires et les autres personnes de couleur ainsi que les membres des communautés LGBTQIA+ évitent de recourir à des services de soins de santé vitaux ».
Des « stigmatisés » plutôt triomphants
Comme le Sida à ses débuts, avant qu’il ne soit diffusé dans la population par les transfusions sanguines et l’irresponsabilité de bisexuels infectant leur épouse ou leur petite amie, la variole du singe est une maladie transmissible frappant en priorité selon l’OMS « des hommes ayant eu des relations sexuelles multiples avec d’autres hommes ». Et, bien que l’on soit encore très loin de l’hécatombe provoquée par le grippe espagnole et même par une simple épidémie de grippe hivernale, la situation semble suffisamment préoccupante pour que le patron de l’OMS ait décidé le 23 juillet d’activer « le plus haut niveau d’alerte pour tenter de juguler la flambée ».
Depuis début mai, près de 20 000 cas de variole du singe ont été détectés dans le monde dans près de 80 pays et 70% des cas sont concentrés en Europe. Notamment en France, où l’on comptait au 11 août plus de 2 600 cas confirmés, dont — ce qui n’étonnera personne — près de la moitié en région parisienne. Or, selon Santé publique France, qu’on peut difficilement qualifier d’homophobe, « 96% des cas pour lesquels l’orientation sexuelle est renseignée sont survenus chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes et 74% déclarent avoir eu au moins 2 partenaires sexuels dans les trois semaines avant l’apparition des symptômes ».
« Les rapports sexuels, avec ou sans pénétration, réunissent les conditions pour une potentielle contamination », avertit de son côté le médecin urgentiste François Braun récemment promu par Emmanuel Macron ministre de la Santé, cependant que Le Monde précise que « des foyers d’infection ont été détectés à la Gay Pride de Maspalomas, dans les îles Canaries, ainsi qu’au festival Darklands, en Belgique, début mai ». Ce qui n’empêche pas le quotidien vespéral d’appeler à « faire attention à ne pas stigmatiser la communauté homosexuelle ».
Comme si elle ne se stigmatisait pas elle-même en exigeant à cor et à cri l’ouverture de centres de vaccination sans cesse plus nombreux tout en se gardant d’inciter ses membres à la retenue ! Ainsi est annoncée en fanfare l’ouverture de « Virage, le nouveau spot LGBT friendly de Paris sous le périph », « espace de fête polymorphe et inclusif à tous.tes, indépendamment de son orientation sexuelle, de son identité de genre, de son look, de ses origines sociales ou ethniques, de sa morphologie, de sa langue et dont « la programmation laissera la part belle aux communautés queer, celles qui font que les nuits parisiennes comptent parmi les plus attrayantes et sulfureuses d’Europe** ». Frayant ainsi une voie royale à la variole du singe… On ne saurait mieux « déplorer les effets dont on chérit les causes », comme le disait (à peu près) Bossuet.
Surtout, ne pas « juger »
C’est donc tout naturellement que, fustigeant le 25 juillet « l’inaction, le manque de préparation et de transparence du gouvernement », l’Interassociative lesbienne, gay, bi et trans fédérant une soixantaine d’associations réclamait « une prévention accrue » mais à la condition expresse que celle-ci soit « non jugeante auprès des personnes exposées ». Et l’Inter LGBT de souligner avec force « le droit à chacun·e de vivre sa sexualité pleinement avec le nombre de partenaires qu’ils ou elles souhaitent ».
Parmi les partenaires souhaités, faut-il inclure cet infortuné chien parisien, « premier cas potentiel de transmission de l’homme vers le chien de la variole du singe » signalé le 16 août par The Lancet ? Selon la revue médicale, ce lévrier partageait le lit d’un « couple d’hommes de 27 et 44 ans qui entretenaient des relations non exclusives » et eux-mêmes contaminés une dizaine de jours plus tôt.
Détruire «le tout de l’homme, jusqu’à l’intime »
Cette nouvelle a un peu obscurci la victoire remportée en Allemagne par la « communauté homosexuelle » qui réclamait depuis longtemps une telle mesure : l’archevêché de Fribourg vient en effet de réglementer l’inscription dans les registres de baptême des parents de même sexe et des changements de sexe à l’état civil, questions sur lesquelles « le droit canonique ne se prononce pas » (et pour cause, bis !) afin que ces registres « évoluent pour mieux représenter les familles LGBTI », sans souci bien sûr du futur des enfants baptisés. Rendu public le 9 août, ce décret, dont s’inspireront sans aucun doute d’autres archevêchés d’outre Rhin ( et l’on sait que « le Rhin se jette dans le Tibre »***) entrera en vigueur au 1er janvier 2023, annonce La Croix sans commentaires.
Surtout, ne jamais être « jugeant », crime suprême aux yeux d’une coterie ultra-minoritaire mais qui, omniprésente dans les médias, l’université, les grands corps de l’État et les parlements, est devenue à l’échelle internationale une redoutable force de destruction sociale et civilisationnelle. « Totalitaire car elle touche le tout de l’homme, jusqu’à l’intime », « mondialiste », acharnée à « détruire les nations et les religions qui existaient avant elle » pour « créer un homme nouveau sur une terre nouvelle. Avec de nouvelles mœurs, de nouveaux symboles, de nouvelles croyances, de nouvelles peurs. Un nouveau Mal et un nouveau Bien. Une nouvelle morale », la révolution arc-en-ciel avance à marche forcée pour se constituer en empire.
Camille Galic
22/08/2022
*https://www.polemia.com/martin-peltier-la-guerre-civile-mondiale-passe-par-lhistoire/
**Souligné par nous.
***Titre du livre fondamental de Ralph M. Wiltgen sur la délètère influence exercée d’emblée par le haut clergé allemand sur le concile Vatican II (éd. de Chiré).
Diplômée des Langues orientales, directeur de l’hebdomadaire Rivarol de 1983 à 2010, Camille Galic a aussi collaboré à des publications comme Le Spectacle du monde et Le Crapouillot. Sous son pseudonyme Claude Lorne, elle a rédigé en 2012 Les Médias en servitude pour la Fondation Polémia, dont elle est une contributrice régulière depuis 2011. Chroniqueuse au quotidien Présent, elle a publié en 2013 un Agatha Christie (éd. Pardès, coll. « Qui suis-je ? »).