Un parti politique n’est qu’un outil destiné à rassembler à un moment donné de l’histoire les personnes aptes à gouverner un état. Il naît lorsqu’un groupe de personnes exceptionnelles et suffisamment qualifiées sont convaincues de la nécessité de se rassembler pour consacrer leur énergie au bien commun. Il meurt, ou devrait mourir lors que ces personnes ont rempli leurs engagements ou s’épuisent sans être remplacées convenablement.
L’expérience montre qu’une équipe de personnes aux compétences complémentaires est préférable à un chef autoritaire entouré d’une équipe faible. Le type de chef autocrate incompétent ou au service d’intérêts autres ceux de la collectivité est reconnaissable à la pratique et l’imposition de la langue de bois quand ce n’est pas le silence imposé aux pions qui l’entourent. C'est le rôle des lobbys et des oligarchies que d'installer et de financer de tels écrans politiques qui leur permettent de piller les richesses de l'état.
Comment une seule personne peut-elle prétendre réunir et maîtriser à elle seule la complexité de l’état sans contribuer à son appauvrissement ? Un chef de parti doit avoir une vue d’ensemble et une grande sensibilité, mais il ne peut rien sans une solide équipe. Cette équipe doit être ancrée dans le pays qui est immense et varié, connaître, aimer et protéger son peuple dans toutes les formes de sa diversité, sa nature, son paysage, sa culture, son histoire, sa littérature. Les chefs et les équipes, tout comme les êtres humains se fatiguent rapidement, les idées et les besoins de la société évoluent voilà pourquoi les partis politiques dignes de gouverner doivent naître, jouer leur rôle et savoir disparaître. En faire des institutions inamovibles est une illusion. S’y attacher équivaut à vouloir arrêter le temps. Les appels organisés à la fidélité à des partis et leaders obsolètes qu'on lit ces derniers jours sur Vigile sont pathétiques. Ils n'auront aucun effet sur le jugement populaire.
Certains partis politiques ne sont aussi que des essais isolés. Ils ne sont que prétentions, matière à faire vendre des copies de journaux ou à remplir les cases horaires de la radio et de la télévision. Ils ne font que de l’intoxication. Ils ne sont pas destinés à vivre parce que les personnes qui les composent ne possèdent pas le talent et les compétences pour assurer le bon gouvernement de l’état.
Le talent en politique consiste à énoncer les projets de société dont l’état a besoin à un moment donné de son histoire. Il consiste aussi à établir et maintenir une relation de confiance avec la population sans jamais tomber dans la démagogie et le populisme.
Les populistes qui promettent au peuple des choses impossibles, ne font que donner des leçons de morale pouvant aller jusqu’au lynchage, se mettent au service d’idéologies superficielles, à la mode ou dépassées et promettent de donner le pouvoir au peuple. Ces prétentions sont sans lendemain.
Deux états se chevauchent sur la tête des Québécois. L’état canadien anglophone et monarchiste qui le chapeaute, a des intérêts économiques et politiques divergents de ceux du Québec. Le déclin programmé de Montréal est l’une de ses manifestations. Les génuflexions pour obtenir un pont Champlain auprès du Canada un exemple flagrant alors que le Saint-Laurent à cette hauteur devrait nous appartenir et que nous disposons des compétences pour réaliser nous-mêmes ce type d'infrastructure.
L’absence du Québec sur les places internationales en est une autre. L’état québécois sous la domination canadienne, reliquat de la domination britannique du pays, ne possède toujours pas l’ensemble des pouvoirs essentiels à sa juste représentation et à la défense de ses intérêts. Est-ce donc dire que le Québec ne serait pas en mesure de remplir les compétences requises à la gouvernance d’un pays ? Certainement pas. Notre système scolaire vaut tout autant que celui de n'importe lequel des grands pays industrialisés.
Ces compétences n’ont cependant rien à voir avec les états de services dans les partis politiques existants qui monopolisent et rapetissent le débat politique en fonction de leurs propres limites et intérêts corporatifs dont l’essentiel consiste à se perpétuer. Rien de plus déprimant que le spectacle télévisé d'une période de questions à l'Assemblée Nationale. Ne méritons-nous pas mieux que cela ?
Se perpétuer, voilà à quoi s’acharnent les défendeurs des spectres de partis obsolètes qui s’imaginent que le pouvoir leur est dû par alternance ou loi salique. En tolérant la vie sous le régime monarchique canadien-britannique, les partis politiques en sont rendus eux-mêmes à se considérer comme des dynasties.
Le défi de tout parti politique digne d’exister est donc de rassembler les compétences requises pour gouverner l’état. Les défis sont déjà nombreux au chapitre des juridictions actuelles du Québec. Mais dans le contexte actuel, il faut en plus ajouter les compétences requises pour réaliser l’indépendance géopolitique du Québec qui doit être l’aboutissement pacifique de la révolution tranquille. C’est beaucoup demander et pour cela il faut des personnes qualifiées et convaincues, qui n’ont aucune peur d’assumer ce projet urgent et de l’expliquer aux Québécois.
La prochaine élection va s’occuper de saborder les partis politiques obsolètes. La question est plutôt de savoir si nous pouvons rassembler les personnes qualifiées pour former un parti politique qui réponde aux besoins et aux désirs des Québécois.
QUÉBEC PAYS LIBRE ET DÉMOCRATIQUE
L'immortalité des partis est un leurre
Les défis d'un nouveau parti politique
Compétence, imagination, sensibilité et audace
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4 commentaires
Gérald McNichols Tétreault Répondre
18 juillet 2011@ Gébé Tremblay
Je ne sais pas si c'est à moi ou à Monsieur LeHir que s'adresse votre commentaire que j'ai mis beaucoup de temps à analyser et comprendre.
Vous dites : "Débarassez-vous de cette image qu’on tente de vous imposer d’un mouvement nationaliste dépassé et menné par des baby-boomers etc...."
Si c'est à moi, que ce commentaire s'adresse, sachez que je suis capable de me faire mes propres images issues de mes propres perceptions. Je n'ai à aucun moment parlé d'un mouvement nationaliste ni de baby-boomers, alors je ne sais pas de quoi vous parlez. Vous devriez relire mon article à tête reposée. Je n'ai aucunement l'intention d'attaquer les nationalistes ni non plus de les instrumenter. Le sentiment nationaliste comme la généalogie et la religion sont des affaires de famille et d'individu et non affaire d'état et je ne construirais pas un parti politique sur ces valeurs.
L'état Québécois laïque qui aura pour langue commune le français, placera les descendants français ayant conservé cette langue, ainsi que les néo et anglo québécois francisés en situation linguistique majoritaire mais devra aussi protéger plusieurs nations minoritaires qui participent à l'identité historique du Québec.
J'ai dit et je pense toujours que l'indépendance du Québec correspondait au rêve et au désir des Québécois. Nous savons qu'il s'agit en majorité des Québécois de langue et de culture française, mais pas exclusivement. Ce pays doit être celui de tous ceux qui en font partie.
Ce rêve et ce désir d'indépendance géopolitique ne trouve de réponse efficace dans aucune formation politique existante.
Je suis d'accord avec vous qu'il nous faut un parti qui réponde aux attentes des Québécois, mais pas pour autant d'un parti "nationaliste".
QUÉBEC PAYS LIBRE ET DÉMOCRATIQUE !
Gérald McNichols Tétreault Répondre
18 juillet 2011@ Monsieur Richard LeHir,
Cher ami, j'ai pris connaissance avec la plus grande attention de vos très récentes publications. J'y retrouve la nouvelle tendance de certains membre de Cap sur l'Indépendance organisme dans lequel vous êtes impliqué.
Je comprends l'intention derrière le projet de sauvetage en catastrophe du Parti québécois qui est mis en oeuvre depuis une dizaine de jours auquel vous semblez en partie adhérer avec quelques réserves toutefois. Je comprends les pressions qui émanent de certains réseaux. Il m'apparaît cependant que les organismes membres de ces réseaux se trouvent eux-mêmes dans une situation analogue à celle du parti que vous tentez de sauver. Si au lieu d'une coalition d'organismes existants, vous basiez votre proposition sur une coalition de Québécois qui ne se reconnaissent pas dans les différents organismes indépendantistes actuels, je serais plus enclin à vous comprendre. Que Cap sur l'indépendance pense sauver le Parti québécois est un rêve en couleur, un détournement d'objectif et une grande erreur de stratégie.
Je vous ramène à la question sur laquelle je termine mon article :
"La question est plutôt de savoir si nous pouvons rassembler les personnes qualifiées pour former un parti politique qui réponde aux besoins et aux désirs des Québécois."
Cette question laissée en plan vaut autant pour un éventuel nouveau parti politique que pour un improbable parti Québécois réformé. Je considère qu'il y a des personnes qualifiées et hautement compétentes dans le parti Québécois et aussi dans Cap sur l'indépendance, dans Québec solidaire de même qu'à l'extérieur de ces formations, mais les structures actuelles de ces organismes sont définitivement obsolètes au plan des programmes, de l'image qu'elle projette aux yeux du public et de leur culture politique.
Par "besoins et désirs" des Québécois, j'entends ceux de demander à l'Assemblée Nationale de déclarer l'indépendance du Québec au lendemain de la prise du pouvoir du parti ou de la coalition qui en aura pris au préalable l'engagement électoral solennel auprès de la population (fini les cachettes, il faut affirmer tout haut ce que l'on veut), de mener par la suite une grande consultation publique sur ses modalités dont la souveraineté du peuple québécois qui devra faire l'objet elle aussi d'une déclaration de l'Assemblée Nationale mettant fin à l'emprise de la monarchie canadienne-britannique sur le Québec, de négocier les modalités de la restitution de nos pouvoirs avec le ROC, et notre reconnaissance par l'ONU avec les autres pays du monde et par la suite après avoir forgé les contours du pays de mener au besoin et en dernier lieu, un référendum et aussi de voir aux affaires urgentes concernant notamment l'environnement, l'agriculture, l'abandon définitif de l'exploitation du gaz de schiste, la nationalisation de notre pétrole d'Anticosti, la sauvegarde des dernières rivières sauvages du Québec menacées par Hydro-Québec, la correction de l'infamie commise à l'endroit de Yves Michaud, la tenue d'une commission d'enquête sur l'infiltration du crime organisé dans les institutions publiques du Québec, le décrochage scolaire et l'extension de la loi 101 au niveau collégial.
Que ce soit le parti Québécois ou un nouveau parti qui s'engage à endosser intégralement ces positions et qui rassemble et recrute les personnes compétentes et décidées à réaliser ce programme, nous pourrons parler alors d'un nouveau Parti québécois ou d'un nouveau parti indépendantiste crédible. Quel que soit le parti, sans une équipe du tonnerre comme celle qu'avait constituée Jean Lesage, celui-ci ne prendra pas le pouvoir et si malgré tout il le prenait il ne serait pas en mesure de réaliser l'indépendance du Québec. Il est temps pour nous de recevoir les curriculum.
QUÉBEC PAYS LIBRE ET DÉMOCRATIQUE !
Archives de Vigile Répondre
18 juillet 2011Débarassez-vous de cette image qu'on tente de vous imposer d'un mouvement nationaliste dépassé et menné par des baby-boomers etc....
J'ai 54 ans et je suis entouré de jeunes de 17 à 25 ans qui explosent de cette énergie d'affirmer l'identité de leurs parents et descendance. Cette énergie vient uniquement de la force de leur héritage. Aucun ne m'a fait la moindre allusion que le PQ avait été un facteur positif dans cette affirmation. Le PQ n'existe pas dans leur monde.
Le PQ, chez ces nationalistes, n'existe même pas, et ces jeunes au PQ n'existent pas.
Il nous faut un véritable parti national.
@ Richard Le Hir Répondre
18 juillet 2011M. McNichols,
Comme vous le savez, je partage de nombreux éléments de votre analyse, et il est très possible que vous ayez ultimement raison.
Mais avant de tirer un trait définitif sur le PQ, nous avons envers nous-mêmes (et non envers lui)l'obligation de tenter de sauver les meubles, compte tenu de tout ce que nous y avons investi et de la difficulté en termes de temps et de ressources de le remplacer dans un avenir rapproché comme la situation l'exige.
Richard Le Hir