Les destructeurs de statues

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Rappelons que c'est l'Occident qui a aboli l'esclavage


Allons-y d’abord d’une brève énumération. Charles de Gaulle, Winston Churchill, Victor Schœlcher, Christophe Colomb, Jules César : qu’ont en commun ces hommes (et bien d’autres) ?


Depuis quelques semaines, ils ont vu leur statue renversée ou vandalisée. Pourquoi ? Parce qu’on les accuse, d’une manière ou d’une autre, d’avoir versé dans le racisme. C’est désormais le seul critère à partir duquel on se penche sur leur action historique.


Le jugement est final, la sanction est définitive, il faut les débouter, les chasser de l’espace public. 


Il vaudrait la peine de revenir sur chacun d’entre eux. 


Vandalisme


De Gaulle a incarné, dès le 18 juin 1940, la résistance au nazisme et à la barbarie hitlérienne, au nom de la dignité de l’être humain et de l’indépendance de la France. Cela ne suffit manifestement pas à en faire un héros.


Churchill a tenu tête au nazisme alors que plusieurs voulaient capi­tuler devant lui. Si l’histoire a retenu son nom, c’est pour cela. Il avait les préjugés de son temps. Mais sur le fond des choses, au moment de la grande épreuve, il a su identifier la bête, et la combattre.


Victor Schœlcher est l’homme qui a aboli l’esclavage dans les colonies françaises. Mais apparemment, cela ne suffit pas pour passer le test de la postérité.


Christophe Colomb est le découvreur de l’Amérique. Il incarne l’intrépidité d’une civilisation qui partait à la conquête du monde. Ce n’était pas un saint, mais il va de soi que lorsqu’on le célèbre, c’est l’esprit des grandes découvertes que l’on chante. À moins qu’on ne criminalise les origines mêmes de l’expansion européenne, on ne saurait le liquider.


Quand nous arrivons à Jules César, cela devient tout simplement loufoque­­­. 


À travers cela, nous assistons à une montée de la haine de soi. Il ne faut pas sous-estimer les effets de la déculturation historique. Certains militants ne voient plus l’histoire qu’à travers des catégories moralisatrices. Ils plaquent sur le passé de l’humanité les catégories du présent et versent dans l’anachronisme. 








Écoutez Les idées mènent le monde, une série balado qui cherche a éclairer, à travers le travail des intellectuels, les grands enjeux de sociétés.





Lorsque les connaissances historiques disparaissent, et lorsque la capacité de distinguer les époques s’efface, on devient aisément victime de toutes les manipulations idéologiques. L’histoire devient incompréhensible dans sa complexité. 


Perspective terrifiante


Les déboulonneurs oublient que toutes les civilisations ont pratiqué d’une manière ou d’une autre l’esclavage. Ce qui distingue la civilisation occidentale, c’est de l’avoir aboli. 


Désormais, on nous invite à réduire l’histoire humaine à une guerre des races. Cette perspective terrifiante prépare un monde invivable. 


C’est un vaste mouvement de censure qui se déploie. Comme s’il fallait effacer les traces de l’histoire en repartant à zéro. De ce point de vue, le soulèvement des dernières semaines a une dimension révolutionnaire dans le mauvais sens du terme. 


Il y a dans tout cela un côté talibanesque. Car les islamistes ont tendance à détruire tous les symboles qui n’entrent pas exactement dans leur vision du monde. 


En attaquant les statues, en les vandalisant, c’est la mémoire des générations passées qu’on veut humilier en les réduisant à leur part la plus sombre. 




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