Les émeutes londoniennes et la communautarisation britannique en question

ÉMEUTES. Les violences en Angleterre ont déjà fait un mort. Vont-elles aussi mettre fin au modèle communautaire britannique ?

Crise - Angleterre - 2011


Sélectionné et édité par Daphnée Leportois - ÉMEUTES. Les violences en Angleterre ont déjà fait un mort. Vont-elles aussi mettre fin au modèle communautaire britannique ?

Dans une déclaration récente faite à la presse et à la société anglaise, le Premier ministre David Cameron, qui a écourté ses vacances en Toscane, déclare faire tout pour rétablir la situation, lutter contre les émeutiers et faire prévaloir la loi.

Les émeutes de Londres posent une toile de fond : les avatars, pour ne pas dire les incohérences, voire la fin du modèle communautaire qui a toujours prévalu en Grande-Bretagne. Les émeutes auraient pour origine "prétexte" la mort d’un jeune noir lors d’un échange entre la police et la bande à laquelle il appartiendrait.



Les révoltes brutales, les incendies, la défiance des force de l’ordre le jour comme la nuit par des émeutiers âgés de 13 ans, voire moins ou un peu plus, montrent que le communautarisme britannique, sans toucher le fond, est en train de connaître ses limites.

On ne peut imposer une règle globale tout en demandant aux gens de faire ce que bon leur semble en fonction de leurs coutumes, de leurs traditions, de leurs religions. C’est le moyen de les évincer du champ du royaume en les considérant, sans le dire, comme des citoyens de seconde zone et en espérant que les leaders des communautés vont faire le travail d’intégration et de socialisation à la place du royaume.

Ce modèle communautaire a failli être importé en France avec la bénédiction de certains leaders politiques qui, tout en condamnant le communautarisme ambiant, ont favorisé l’éclosion d’un certain nombre de ses organisations de type communautaire.

Dans mon ouvrage Conseil représentatif des associations noires, le CRAN, de l’espérance à l’utopie (éditions L’Harmattan), je souligne que les dirigeants communautaires noirs, sur lesquels la République s’est appuyée au nom de la diversité n’étaient pas à la hauteur de leur mission d’intermédiaires entre la communauté noire et la République. Ils n'ont su favoriser la compréhension des institutions et le respect des règles de la République par les populations noires qu’ils étaient censés représenter.

Nous sommes dans le même cas de figure en Grande-Bretagne où les dirigeants des communautés, qui ont longtemps joué le rôle de passerelle entre le royaume et les communautés, se sont plus préoccupés de leurs positions personnelles, laissant à leur sort les populations qu’ils étaient censés représenter.

Les faits et les images montrent que les émeutiers ne sont pas formés ou ne sont pas constitués que de jeunes noirs. On y trouve d’autres populations qui expriment leur ras-le-bol d’une société bien pensante, communautariste et qui se défausse de ses obligations au nom de la liberté des identités et des comportements individuels.

Après les émeutes de 2005 en France et celles actuelles en Grande-Bretagne, il semble que les modèles communautaire et républicain soient confrontés à des refondations internes pour éviter que les révoltes conduisent à infuser la peur aux populations.

Auteur parrainé par Maxime Bellec


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