Émeutes britanniques

Banditisme, pillage et non respect des lois ... par qui? la classe dirigeante

Crise - Angleterre - 2011



par Finian Cunningham - À la suite d'une conflagration d'attaques pyromanes, d'émeutes et de pillage dans plusieurs villes britanniques, y compris dans la capitale, Londres, la mobilisation policière massive donne l'impression d'avoir rétabli l'ordre.

La traque et la poursuite d'individus impliqués dans le grabuge s'ensuit. Le premier ministre conservateur mène la « riposte » afin de punir quiconque a infligé dommages et destruction à la société britannique.

Les événements ont visiblement choqué tous les partis politiques de l'establishment, les chefs de police et la presse dominante. Toutefois, ce qui devrait choquer davantage, ce sont les commentaires réducteurs et incroyablement banals offerts pour « expliquer » cette éruption de troubles et de violence dans les rues.

Alors que les experts sont assis confortablement dans des studios de télévision échangeant des idées bêtes à propos des « démons » de l'immoralité individuelle, de la criminalité, des familles dysfonctionnelles et de la culture de gang, en toile de fond, pour ainsi dire, les signes manifestes des causes de cet éclatement sociétal défilent sur les écrans. Pourtant, les signes prépondérants échappent autant au radar intellectuel des érudits qu’à celui des politiciens.

Le fait que le système économique capitaliste soit complètement défaillant sur le plan international ne s’inscrit même pas dans les commentaires courants. Il s’agit du système que les partis politiques dominants – travailliste, conservateur ou libéral – ont facilité et célébré, et qui a provoqué la dévastation sociale à travers la Grande-Bretagne pendant que l’élite financière a mis à sac les ressources économiques. Ce système de pillage légalisé est en cours depuis des décennies, mais il s’est certainement engagé sur une pente glissante dans les années 1980 avec la prédécesseure conservatrice de Cameron, Margaret Thatcher. Les travaillistes Tony Blair et Gordon Brown ont simplement entretenu la même dynamique.

Lorsque l’on observe la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, on voit que Karl Marx avait raison : « Une accumulation de richesse dans l’un des pôles de la société indique une accumulation de la misère et du surmenage dans l’autre. » Voilà la marque de commerce du capitalisme de la Grande-Bretagne, des États-Unis et de l’Europe d’aujourd’hui.

La causalité de tous les autres problèmes est considérablement secondaire. Le crime, l’aspect raciste du maintien de l’ordre, le désordre, le manque de budget de la police pour rétablir l’ordre (quelle ironie), l’aliénation, l’autodestruction et bien d’autres maux, incluant la mobilisation des ressources pour financer des guerres illégales, bref la plupart des problèmes de nos jours découlent de la source principale de dysfonctionnement qu’est l’économie capitaliste.

Alors qu’il s’adressait à la Chambre des communes jeudi, le premier ministre Cameron a offert des « explications » de l’éclatement des troubles dans les rues de l’Angleterre, démontrant de sa part une totale ignorance et une mauvaise compréhension de la nature de la dégradation dans sa société. Il blâme celle-ci sur la « criminalité pure et simple », des « zones malades » et le « manque individuel de moralité et de responsabilité ».

Cette vision est reprise abondamment dans les médias et tous les partis de l’establishment politique britannique.
Le pillage, le vol et le manquement aux règles que Cameron condamne n’est que le reflet de la société britannique au niveau de la rue, reflet de ce qui se passe à bien plus grande échelle dans les hauts rangs du gouvernement et de l’économie.

Malgré les apparences des costumes mille-raies et des accents soignés, si l’on est honnête, on peut voir des décennies de pillage et de vol des ressources économiques et financières par les élites d’entreprises, aidées et soutenues par les gouvernements travaillistes et conservateurs. Le sauvetage des banques corrompues par les contribuables, instauré par le premier ministre travailliste Gordon Brown, aujourd’hui supervisé par Cameron et payé en grande partie par des mesures d’austérité dans les dépenses, n’est que la plus récente manifestation de l’escroquerie officielle à l’endroit de la majorité et visant à gonfler la richesse déjà exorbitante de la classe dominante.

Cameron et son clan de voyous à l’accent affecté s’acharnent à réduire les dépenses publiques de 150 milliards afin de payer pour une entreprise criminelle connue sous le nom de banque britannique. Il s’agit d’un racket qu’un gang de rue de l’Est de Londres ne peut qu’admirer et, en effet, imiter de manière très réelle.

Combiné à ce brigandage de l’élite, nous voyons la criminalité et le manquement total de respect des lois des gouvernements britanniques ayant travaillé de concert avec d’autres gouvernements criminels afin de lancer des guerres d’agression (des crimes de guerres selon les Principes de Nuremberg) en Afghanistan, en Irak et maintenant en Libye, ayant entraîné la mort de plus d’un million de civils. Où est la responsabilité individuelle face au massacre et à la destruction M. Cameron ?

Cette dégradation, cette nécrose sociale est un symptôme de l’effondrement du capitalisme, un système économique qui enrichit une élite aux dépens de la majorité. Il polarise le pouvoir politique au-delà de la responsabilité démocratique au point où, parmi d’autres difformités, des guerres et un pillage planétaire sont mis en œuvre même de manière flagrante contre le consentement de la majorité du public.

Alors, lorsque Cameron et ses petits copains politiques fulminent à propos de zones malades, de pillage, de criminalité, de manquement aux règles et de la nécessité d’avoir des « conséquences aux actes », ses paroles et exhortations sont d’une ironie et d’une ignorance profondes, car, involontairement, il décrit exactement la société et le monde que le capitalisme crée à son image.

L’esprit endoctriné de Cameron et de tout l’establishment politique les empêche de voir le brasier devant les étincelles. Un brasier sur lequel le gouvernement de Cameron et de ses prédécesseurs travaillistes, ainsi que celui des autres pays occidentaux ont jeté de l’huile avec leurs politiques serviles aidant et encourageant la cleptocratie capitaliste, ici et ailleurs.

Les vraies leçons de la Grande-Bretagne ne viendront pas à l’esprit des politiciens et des médias dominants. Ils les mettront encore moins à profit et l’on peut dire la même chose des États-Unis et des autres pays occidentaux. Pour paraphraser un slogan utilisé par l’ancien président étasunien Bill Clinton : « C’est l’économie capitaliste, idiot. »

Article original en anglais : Britain’s Riots: Thuggery, Looting, Lawlessness… By the Ruling Class, publié le 11 août 2011.
Traduction : Julie Lévesque pour Mondialisation.ca
Finian Cunningham est correspondant à Belfast pour le Centre de recherche sur la mondialisation.
cunninghamfin@yahoo.com
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