Affaire WE Charity

Les excuses de Justin

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Libéraux et corruption : des termes synonymes


Je n’entends pas, ici, revenir en détail sur le scandale WE Charity mais m’attarder sur un élément particulier de la crise, soit l’incroyable prétention qu’ont les libéraux de croire qu’il leur suffit de s’excuser d’être à l’origine d’une telle dérive éthique au sommet de l’État pour s’en laver les mains.  


Car on l’a vu, c’est ainsi que Justin Trudeau espère s’en tirer: en prenant la pose du pénitent, de l’homme agenouillé, qui jure de ses bonnes intentions, mais qui n’a pas compris dans quelle aventure son gouvernement et sa famille se retrouvaient. Un peu plus et il pleurera. On sait qu’il pleure sur commande.


Justin Trudeau ne veut pas être jugé sur ses actes, il ne veut pas être jugé sur le scandale lui-même et encore moins sur ce qu’il révèle de la culture politique du Parti libéral du Canada qui est presque en situation d’osmose avec la bureaucratie fédérale. Il veut seulement qu’on reconnaisse qu’il ne voulait pas mal faire et qu’au fond de lui-même, il demeure pur et bon. Nous est-il permis de croire qu’on en trouve dans la machine du PLC pour abuser de la manière la plus cynique qui soit de la naïveté populaire?


Pour peu qu’on prenne un peu de recul, on constatera que cette technique d’esquive n’est pas isolée et qu’elle est caractéristique du progressisme en général, même si elle est particulièrement prononcée au PLC. 


Car le progressisme proteste toujours de ses bonnes intentions même devant les pires désastres. Il est moralement pur. Il est moralement juste. Il veut le bien de l’humanité. Le progressisme est une forme de suprémacisme moral revendiqué.  


La gauche radicale fonctionne de la même manière. C’est ce qui fait que devant les désastres engendrés par le communisme, en d’autres temps, ou par le multiculturalisme, à notre époque, le progressiste invité à se justifier pour avoir endossé une telle doctrine ou l’avoir accompagné explique toujours qu’il se désole des résultats de son application mais que la doctrine en elle-même est immaculée, moralement irréprochable. Au mieux, il dira qu’il ne savait pas. Et si le conservateur lui répond que lui savait, et qu’il savait depuis longtemps, mais qu’on ne l’a pas entendu, notre progressiste répondra que le conservateur avait peut-être vu juste, mais qu’il avait vu juste pour de mauvaises raisons. 


Cette manière de se sauver des conséquences de ses actes s’applique aussi sur des dossiers relevant de la politique ordinaire. 


Ainsi, devant un scandale éthique comme celui de WE Charity, Justin Trudeau réclame encore l’absolution par la pureté de ses intentions. Il faut bien admettre qu’une bonne partie de la presse officielle est prête à lui pardonner ses péchés. Et il espère que ses excuses théâtrales suffiront pour l’absoudre.


Inversement, on le sait, les conservateurs (je parle du conservatisme comme philosophie et pas nécessairement du parti qui porte l’étiquette) ne mériteront jamais une telle clémence. 


Car les conservateurs sont supposés vils, mauvais, animés par les intentions les moins nobles. Au mieux, ils ne sont que de vils calculateurs, au pire, ce sont des monstres phobes. 


Qu’importe leurs actions, qu’importe les politiques qu’ils mettent en place, qu’importe s’ils ont vu juste avant les autres sur des questions fondamentales, on considère qu’ils sont moralement corrompus, ou du moins, hantés par le démon de l’intolérance. 


À travers tout cela, on retiendra l’essentiel: il y a au cœur de notre vie politique une forme d’asymétrie. 


Si Stephen Harper avait été accusé d’un quart du huitième de ce qui est reproché à Justin Trudeau en ce moment, ce serait un scandale absolu pour tous. Il en serait de même s’il s’agissait de François Legault ou d’un chef nationaliste. 


Mais tel n’est pas le cas pour Saint-Justin. 


Nous sommes en droit de nous demander pourtant si ce système moralement déséquilibré ne contribue pas bien plus qu’on ne le dit à la déconsidération de notre démocratie.




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