Bauer*Julien - Le Devoir a publié un texte signé par [une dizaine de personnes->1183], dont plusieurs professeurs d'université, pour blâmer Israël de la situation au Proche-Orient. À les croire, non seulement le Hamas n'est pas coupable mais, bien mieux, il est victime des méchants Israéliens.
Deux points, l'un lié à la géographie, l'autre à l'histoire récente, sont révélateurs.
Géographie : c'est l'affirmation que les territoires de l'Autorité palestinienne (Cisjordanie et Gaza) ne correspondent qu'à 22 % de la Palestine historique, laissant entendre qu'Israël a les 78 % restants. Rien de plus faux. Le mandat accordé par la Société des Nations (SDN) à la Grande-Bretagne sur la Palestine comprenait ce qu'on appelle aujourd'hui Israël, Autorité palestinienne et Jordanie. En effet, le mandat, qui prévoyait la création d'un Foyer national juif en Palestine, couvrait les territoires situés de l'autre côté du Jourdain. Les Britanniques, voulant offrir à leurs clients hachémites un territoire, leur ont accordé la Transjordanie, soit 74 % du mandat, et ont obtenu l'accord de la SDN pour ce retrait. Parler de 22 % sans préciser sur quoi porte ce pourcentage est une idée de la propagande palestinienne. Que ce message soit repris par des universitaires en dit long sur leur sérieux.
Histoire récente, vous avez sans doute entendu parler du retrait total d'Israël de Gaza, en août dernier, retrait de l'armée et de la population civile israélienne. Les signataires du texte n'en soutiennent pas moins que Gaza est toujours occupé. Pour eux, l'attaque du Hamas contre une installation militaire en Israël, à l'extérieur de Gaza, est légitime car l'armée israélienne est une armée d'occupation même en territoire israélien. Cette terminologie n'est pas une erreur. Tant de collègues ne peuvent être aussi ignorants. C'est plus simplement une reprise de la ligne du Hamas qui considère que le terme «occupation» ne s'applique pas seulement à Gaza - même sans occupants - et à la Cisjordanie, mais aussi à Israël. Selon cette logique, l'existence même d'Israël est une marque d'occupation.
Mais, peut-on objecter, Israël, après le retrait de Gaza, a empêché l'ouverture d'un port et d'un aéroport à Gaza. Ce port et cet aéroport auraient permis la livraison massive d'armes de toutes sortes. Les roquettes palestiniennes atteignent Ashkelon, l'ouverture d'un aéroport aurait donné aux Palestiniens la possibilité de bombarder Tel Aviv. Est-ce ce que souhaitent les signataires du texte ?
Lorsque Israël s'est retiré de Gaza, les Palestiniens ont eu l'opportunité de montrer comment ils pouvaient gérer leur propre État. On a vu ce que cela a donné : destruction par les Palestiniens eux-mêmes des infrastructures agricoles créées par les Israéliens, élection d'un gouvernement jusqu'au-boutiste, poursuite des attaques quotidiennes contre la population civile israélienne, bref la preuve que les Palestiniens préfèrent la guerre à la paix.
Même ceux qui ont des sympathies pour les Palestiniens se posent des questions. Nos irréductibles ne se posent aucune question. Ils savent que, quoiqu'il arrive, ils continueront à blâmer Israël.
Julien Bauer
_ Professeur au Département de science politique, UQAM
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