Les Noirs sont-ils prisonniers de leur race?

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« La capacité à étendre notre attention aux autres et notre fraternité au-delà des petites loyautés tribales fait partie des plus grandes réussites de la civilisation occidentale. »

En avril 1994, dans une chronique du Vanity Fair portant sur une récente décision du Los Angeles Times de bannir certains mots de ses pages afin de ne pas « heurter » certaines minorités, le regretté journaliste Christopher Hitchens dénonçait les ravages de la politique identitaire. 


« La politique identitaire est chiante, non ? Forcer les gens à penser avec leurs organes génitaux ou leur épiderme ? »


Les résistants de la 25e heure


Cette phrase m’inspire deux réflexions.


Un : le texte de Hitchens sur les méfaits de la rectitude politique et les dérives de l’obsession identitaire a été écrit il y a... 27 ans !


Que faisiez-vous toutes ces années, chers militants de gauche qui allumez enfin sur les dangers de cette pensée dévoyée ? Où étiez-vous ?


Ça fait un quart de siècle qu’on vous attend !


Il est temps que vous arriviez en ville !


Mieux vaut tard que jamais !


Vous jouez les héros alors que ça fait 27 ans que cette bataille fait rage !


Deux : le prophétique Hitchens avait tout à fait raison lorsqu’il disait que cette pensée, loin d’abolir les différences sexuelles ou raciales, nous obligeait au contraire à ne voir que le sexe et la race !


Pour les adeptes de la politique identitaire, l’ex-député Maka Kotto, pour prendre mon confrère en exemple, ne serait pas un chroniqueur. Il serait un chroniqueur noir. 


Tout ce qu’il dit, tout ce qu’il pense, sa vision entière des enjeux sociaux serait dictée par la couleur de sa peau !


Il penserait comme un Noir. Il agirait comme un Noir. Il écrirait comme un Noir !


Comme si la couleur de sa peau était l’alpha et l’oméga de sa personnalité ! Comme si toute son identité se résumait à son épiderme ! Comme si Maka n’était pas un individu à part entière qui pense librement, mais un prisonnier de sa race !


Des Noirs contre les « wokes »


Heureusement, de plus en plus d’intellectuels afro-américains s’élèvent contre cette pensée débile et réductrice.


Dans le dernier numéro du Point, un texte passionnant leur donne la parole. 


De dire l’auteure et militante antiraciste Chloé Valdary : « Il n’est pas juste de réduire la complexité de l’expérience humaine au prisme de la race. »


D’ajouter le journaliste Coleman Hughes : « Il est faux de parler de communauté noire au sens où tous les Noirs penseraient la même chose. Plus vous mettez l’accent sur l’identité raciale, plus vous éloignez les gens les uns des autres. »


Pour Kmele Foster, coanimateur du balado The Fifth Column, les adeptes du mouvement Woke manifestent « un mépris général pour l’expérience individuelle. On doit reconnaître à chacun la dignité élémentaire d’être considéré comme un individu. 


« La capacité à étendre notre attention aux autres et notre fraternité au-delà des petites loyautés tribales fait partie des plus grandes réussites de la civilisation occidentale. »


Économiste et professeur, Glenn Loury (qui se dit de centre gauche) trouve ces militants condescendants et méprisants. 


« Aux yeux des gauchistes radicaux, nous, les Noirs, sommes comme des enfants, blessés et ballottés par l’Histoire et incapables de nous en sortir. Ça me rend fou ! »


Et si on arrêtait de mettre tous les Noirs (ou tous les Blancs) dans le même sac pour célébrer la VRAIE diversité ?



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