Le français à l'ONU

Les pays de la Francophonie doivent agir

Actualité internationale 2012



L’Organisation des Nations unies a depuis sa fondation deux langues de travail qui ont le même statut officiel : l’anglais et le français. Depuis la publication du rapport Vareilles en février dernier, on sait pourtant que, lorsque vient le temps de recruter du personnel, l’anglais est obligatoire dans 84 % des postes alors que le français ne l’est que pour 7 %. Et encore, parmi ces rares employés qui parlent le français, plus d’un sur cinq est affecté à la traduction.
Pour Dominique Hoppe, le président de l’Assemblée des fonctionnaires francophones des organisations internationales (AFFOI), cette situation est inacceptable. Cette organisation, qui regroupe des francophones qui travaillent dans toutes les grandes organisations internationales, propose aux 56 pays membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) de ne plus tolérer ce monolinguisme. Hoppe réclame que les pays de l’OIF retiennent une partie de leurs cotisations afin de faire pression sur l’ONU, et qu’ils affectent ces sommes à un organisme qui s’assurera que le français y redevienne réellement une langue de travail.
« La situation du français à l’ONU est dramatique,dit Dominique Hoppe. Nous avons enfin une étude qui le démontre. Longtemps, on nous a dit que redonner au français toute sa place coûterait trop cher. Mais il n’en coûte pas un sou de plus de recruter des fonctionnaires qui parlent le français, et pas seulement l’anglais ! »
Pour ce fonctionnaire qui travaille depuis 30ans à l’Office européen des brevets, basé aux Pays-Bas, il est temps que les pays membres de la Francophonie passent aux actes. Au sommet des chefs d’État qui se tiendra à Kinshasa en octobre prochain, on rendra compte pour la première fois de ce que font réellement les 56 pays membres de l’OIF afin de faire respecter le vade-mecum de l’organisation qui exige de ses membres qu’ils utilisent le français dans les organisations internationales chaque fois que cela est possible.
Selon Dominique Hoppe, l’étape suivante devrait amener les membres de l’OIF à faire pression sur l’ONU en retenant une partie de leurs cotisations, comme viennent de le faire les États-Unis à l’UNESCO après l’adhésion de la Palestine. « Il s’agirait que les États retiennent 0,1 % de leur contribution pour créer un organisme de contrôle qui exigerait le retour du français comme langue de travail de l’ONU. Il serait temps de savoir si la Francophonie est sincère ! »
Comme le dit Hoppe, il n’en coûte rien d’engager un fonctionnaire qui parle le français plutôt qu’un fonctionnaire qui ne parle que l’anglais. Or, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon n’a toujours pas répondu au rapport Vareilles. Seuls les gouvernements québécois, canadien et français ont daigné répondre à la lettre que leur a adressée l’AFFOI en février dernier.
Avec les années, Dominique Hoppe a vu la situation du français se dégrader rapidement dans les organismes internationaux. À l’Office européen des brevets par exemple, il y a 30 ans, tous les fonctionnaires parlaient les trois langues officielles de l’organisation : le français, l’anglais et l’allemand. « Aujourd’hui, tout se déroule en anglais,dit-il. Même lorsque des francophones se réunissent, il leur arrive de se parler en anglais ! »
Pour Dominique Hoppe, l’enjeu dépasse largement la question linguistique. « Avec l’anglais, c’est la pensée unique qui s’impose, dit-il. Comme les fonctionnaires ne parlent qu’anglais, tous les logiciels, les modèles économiques, sociologiques ou de gestion de projets sont anglo-américains. Puisqu’ils parlent mieux anglais, ce sont les anglophones qui finissent par occuper les postes les plus influents. »
À Kinshasa, Dominique Hoppe voudrait organiser une grande table ronde avec des fonctionnaires internationaux venus des principales organisations internationales. Mais il n’a encore trouvé personne pour contribuer à une telle entreprise. « Il s’agit d’un combat pour préserver la diversité culturelle, dit-il. On ne sauvera pas la langue si on ne sauve pas la culture. »


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