Le nationalisme hongrois

Le déraillement

"l'harmonisation civique" comme "anti-multiculturel"? L'étiquette "nationalisme" n'est pas innocent!


Depuis l'amorce de la présente année, la Hongrie présente les marques du nationalisme dans sa version sombre, pour ne pas dire noire. En effet, dans la foulée de l'introduction, le 1er janvier, de la nouvelle constitution baptisée, pour être exact, loi fondamentale de la Hongrie, et non plus de la république hongroise, les droits des minorités et en particulier des tziganes ainsi que ceux de 300 ordres ou courants religieux ont été amputés; la liberté de la presse a été rabotée; l'indépendance de la banque centrale a été mise entre parenthèses; la justice est soumise aux caprices du prince, en l'occurrence le premier ministre Viktor Orban; la carte électorale a été modifiée de manière à favoriser le Fidesz, équivalent du Front national français, et le parti Jobbik, d'inspiration nazie. Bref, la destruction de l'État de droit, pour faire court, a débuté.
La ficelle constitutionnelle tissée par Orban a été jugée si grosse, si outrancière, que le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ainsi que la secrétaire d'État Hillary Clinton ont lancé des mises en garde, la semaine dernière. Dans le cas du patron de la Commission, la mise en garde en question s'est accompagnée de menaces, pour la simple et brutale raison que l'ébranlement législatif initié par Orban est en contravention flagrante avec les traités auxquels la Hongrie a adhéré en toute conscience le jour où ses dirigeants ont émis le souhait de rejoindre le club européen.
En substance, Barroso et Clinton suggèrent à Orban, pour rester pondéré, de revoir sa copie de fond en comble et de cesser ses attaques sans fin comme sans fondement contre l'Union européenne, qui assure, entre autres choses, les fins de mois financières d'un pays administré, sur le plan économique, à la va-comme-je-te-pousse. À ce propos, il faut souligner que les manchettes consacrées à la Bérézina financière que connaît la Grèce ont occulté la réalité suivante: l'intérêt imposé aux bonds du Trésor hongrois avoisine les 10 %.
Selon les forts en thème du fait hongrois, la mécanique politique mise en place par Orban est en fait le reflet d'un problème persistant depuis la chute du Mur. De quoi s'agit-il? Essentiellement, le débat politique tourne encore et toujours entre communistes et non-communistes. À Budapest, le souvenir de l'Union soviétique est une obsession plus prononcée que dans les anciens satellites de Moscou. Cela rappelé, on ne sera pas étonné d'apprendre que l'actuel Parti socialiste, auquel ont adhéré d'anciens communistes, vient d'être déclaré responsable des crimes commis avant la chute du Mur.
La posture adoptée par Orban a eu ceci de bénéfique qu'après l'évocation de l'harmonisation fiscale et des budgets, dans la foulée de la crise de l'euro, on parle désormais, exemple de la Hongrie à l'appui, de l'harmonisation civique. Autrement dit, les déraillements des dirigeants hongrois s'avèrent un test pour les dirigeants européens.


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