Non, je n’ai pas vu le film Les Rose réalisé par Félix Rose, le fils de Paul Rose. Et je n’ai pas l’intention de le faire. Il retrace et explique, dans sa perspective, les événements de la crise d’Octobre en se centrant sur le rôle de son père et de son oncle dans ces événements tragiques.
Heureusement, le film n’est pas une nouvelle tentative de faire Paul Rose, la figure emblématique d’octobre 70, un héros et un martyr de la cause indépendantiste. En provoquant la crise d’Octobre, Rose et son quarteron de complices ont servi les intérêts des gouvernements libéraux à Ottawa et à Québec. Pierre Trudeau et Robert Bourassa ont su exploiter politiquement et médiatiquement leurs crimes.
En enlevant le ministre Pierre Laporte et le diplomate britannique James Cross, ils fournissent le prétexte au gouvernement fédéral pour proclamer la Loi sur les mesures de guerre qu’on appelle la loi martiale dans d’autres pays. Trudeau et Bourassa comprennent tout de suite comment ils peuvent utiliser le FLQ pour faire peur au monde et ainsi endiguer, et même faire reculer le développement de l’idée indépendantiste chez les Québécois.
L’éthylique ministre libéral Jean Marchand, alors un des hommes de main de Trudeau au Québec, proclame qu’il y a 5000 felquistes lourdement armés qui s’entraînent dans les Laurentides. Le vieil alcoolique ajoute qu’ils n’attendent qu’un signal pour descendre sur Montréal. Tout cela, bien sûr, n’est qu’un ramassis d’affabulations hystériques.
En réalité, il n’y a jamais eu de Front de libération du Québec en tant qu’organisation paramilitaire armée, structurée, encadrée et hiérarchisée. Il ne s’agissait que de petits groupes disparates d’éléments antisociaux, souvent affligés de carences affectives, qui ont utilisé la mythologie tiers-mondiste pour se créer une identité à la mode.
Le FLQ était une marque de commerce libre de droits que tout le monde pouvait s’approprier. Se cachant derrière ce sigle, des mésadaptés socioaffectifs ont perpétré entre 1963 et 1970 quelque 200 actes de violence au Québec: vols de dynamite, attentats à la bombe et vols de banque, incendie criminel, etc.
Mais attention! Certains de ces crimes, il faut le souligner, étaient l’œuvre de cellules factices contrôlées par le service de sécurité de la GRC, dont les agents secrets et leurs supérieurs n’ont jamais eu à en répondre devant les tribunaux. Ils ont même eu des promotions pour services rendus. Vingt-trois felquistes, eux, sont allés en prison.
Pierre Laporte ne méritait pas de mourir et surtout pas de devenir une figure nationale avec des autoroutes, des écoles et même un pont qui portent son nom. Comme de nombreux libéraux d’hier et d’aujourd’hui, il était de mèche avec la mafia depuis sa campagne infructueuse au leadership libéral contre Robert Bourassa. J’y consacre mon prochain blogue.
D’ailleurs, la soi-disant cellule Chénier, constituée des frères Paul et Jacques Rose, de Francis Simard et de Bernard Lortie, n’a même pas voulu vraiment «exécuter» Laporte. Il est mort strangulé en se débattant, alors qu’on voulait le mettre dans le coffre arrière d’une voiture pour le déplacer. On l’a agrippé par sa chaîne de médaille, trop résistante, tragiquement trop solide. La réalité est que la mort de Pierre Laporte, loin d’être une «exécution politique», n’a été qu’un homicide involontaire perpétré par des barjots complètement paniqués.
La crise d’Octobre a permis à Trudeau d’emprisonner plusieurs centaines d’innocents jamais accusés d’aucun autre crime que celui d’avoir des sympathies indépendantistes. La vue des militaires dans les rues de Montréal a donné la «chienne» à la population du Québec, pas très brave de nature. À souère on fa peur au monde!
Les Rose et leurs amis ont assuré le balayage libéral de Robert Bourassa en 1973, qui a remporté 102 sièges à l’Assemblée nationale, soit un gain de 30 députés. Le PQ, fondé en 1968, qui avait le vent dans les voiles avant octobre 1970, s’est retrouvé avec six sièges et son chef, René Lévesque, a été battu dans sa circonscription.