Les temps sont mûrs

Le leader, le vrai, n`a pas à être un dictateur : il n`est rien d`autre qu`un Révélateur !

Tribune libre

Indépendantiste « définitif » depuis que j`ai, le 16 octobre 1961, fermé le « Pourquoi je suis séparatiste » de Marcel Chaput, je suis tanné d`entendre parler de Souveraineté, d`Indépendance, de Nation, de Référendum, etc... Au point où je ne lis plus guère ce qui s`écrit sur le sujet : ça m`ennuie et me tue ! Bien sûr, il faut alimenter la flamme. Mais comment ne pas en ressentir une agitation désespérante qui se fait illusion ! Mouvement brownien dans la moindre surchauffe, énergie perdue...
Et je le dis dès que la chance s`en présente.
En prenant bien soin d`ajouter, toutefois, que ce que je veux, et farouchement, c`est qu`on fasse l`Indépendance « sans phrases », pure et simple, et au plus sacrant pour pouvoir enfin passer aux autres choses urgentes avec les moyens requis pour les affronter. Or il appert que je suis loin d`être le seul.
Car savez vous quoi ? Eh bien à tout coup, sans aucune exception (pardon : il y en a eu une, un voisin francophone de Beaconsfield, lors d`un souper chez une adorable voisine anglophone qui me parle toujours en français, a réagi furieusement à un propos implicite de ma part... et c`est lui qui a créé le malaise !), jamais on ne proteste, jamais on ne conteste, toujours ou presque on réagit par un large sourire. Et les réserves qu`on a parfois sont invariablement du genre « Quant à moi, d`accord, mais les Québécois... les autres... ».
Et lorsque je suis devant une « femme battue » (il arrive que ce soit un homme, d`ailleurs !), une personne en « burn out » face à un pouvoir, un déprimé enlisé dans l`attente d`un illusoire changement d`attitude à son égard d`un autre de mauvaise foi, à la merci desquels ils s`entêtent tous à demeurer, je les traite sans vergogne de « Vrais Québécois ! ». Interpellation et interprétation que je n`ai pas à expliquer longuement, car la lumière se fait vite, et invariablement déclenche un large sourire ... gêné !
La leçon de ce sondage permanent crève les yeux de quiconque ose dompter sa peur de voir: le Peuple Québécois va embarquer AVEC SOULAGEMENT et supporter sans réserve majeure celui, celle, ou mieux ceux qui sauront prendre l`initiative d`une action carrément indépendantiste, certes prudente mais limpide, pertinente, cohérente, conséquente, et surtout déterminée. Finie dès lors la morosité ! Notre Peuple est mûr pour ça !
Par contre, l`ambiguïté de l`ambivalence, le « cha-cha-cha » politique, le soi-disant « respect de la volonté populaire » masquant la veulerie et l`absence de leadership, ce pourrissement achèvera de l`éteindre ! Et alors ce seront cent ans d`acculturation morbide et décadente. « Because it takes three generations to make a gentleman, you know... ».
On objectera les sondages classiques : c`est que ceux-ci ne révèlent que ce que les répondants veulent avouer, qu`ils ne s`avouent en plus à eux-mêmes que ce qu`ils croient vouloir, et que le véritable « leader », celui qui sait que « l`autorité, c`est faire naître » (St-Exupéry) est celui qui sait révéler aux citoyens ce que dans leur for intérieur et souvent même sans le savoir, il veulent vraiment !
Et cela, ce n`est jamais l`abaissement !
Le leader, le vrai, n`a pas à être un dictateur : il n`est rien d`autre qu`un Révélateur ! Et les temps sont mûrs pour qui sait oser les lire ...
Georges-Étienne Cartier


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