Par Nicolas Dupont-Aignan
Tout à coup, l’opinion prend conscience de l’importance de la dette dans les économies développées.
Mais à cette occasion, tout est fait pour culpabiliser les peuples et leur faire croire que ces déficits et cette dette s’expliquent par un excès de dépenses, une mauvaise gestion et une politique sociale trop généreuse.
C’est un véritable mensonge qu’il faut dénoncer en expliquant que cette crise de la dette a d’autres causes bien plus profondes : les états développés sont avant tout confrontés aujourd’hui à un manque de recettes budgétaires et sociales lié à une mondialisation qui nivelle tout par le bas.
Plutôt que de se polariser sur les déficits budgétaires, on ferait mieux d’analyser les déficits extérieurs qui révèlent la fuite des emplois vers les pays émergents, et notamment la Chine.
A force de délocaliser dans une course sans fin au moins disant social, fiscal et environnemental, les Etats-Unis, mais aussi les pays européens, se retrouvent avec moins d’emplois, moins de ressources budgétaires et moins de consommateurs. Pendant 10 ans, ils ont masqué cette fuite par l’endettement privé ou public.
En France, et dans les pays du Sud de l’Europe, s’est ajoutée la politique suicidaire de l’euro cher qui a asphyxié un peu plus nos entreprises.
Comment croire que la disparition dans notre pays, en 10 ans, d’un million d’emplois industriels, n’ait pas de conséquences sur l’équilibre de nos finances publiques et sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens ?
A cela s’est ajoutée encore la politique de concurrence fiscale entre états, exonérant les plus riches et les multinationales de tout effort de solidarité et un secteur bancaire et financier fou qui, au lieu d’irriguer l’économie réelle, la rackette au profit d’une petite minorité.
On comprend, dès lors, pourquoi aujourd’hui, la plupart des états européens et les Etats-Unis sont face au mur de la dette.
Faire croire que c’est par une réduction continue des dépenses publiques qu’on arrivera à s’en sortir est politiquement criminel. Cela signifierait une régression sociale sans précédent, injuste et de surcroit inefficace économiquement.
Les pays qui s’en sortent, au contraire, investissent dans l’avenir, s’appuient sur l’économie réelle, favorisent les créateurs et les inventeurs et savent bien que les récessions cumulatives n’ont jamais marché.
En France, le gouvernement, mais aussi le Parti Socialiste, ont démissionné et sont entrés dans cette même logique d’austérité culpabilisatrice de Pierre Laval en 1935, aboutissant à l’explosion du Front Populaire puis à la débâcle. L’autre politique, la seule raisonnable, consiste tout au contraire à s’attaquer aux causes profondes de la dette, c'est-à-dire à tout faire pour renforcer la compétitivité de la France.
Certes, il faut bien gérer les dépenses et éviter les gaspillages, mais il faut surtout se donner les moyens de relocaliser en France le maximum d’emplois. La sortie de l’euro et le passage à la monnaie commune, le protectionnisme sélectif, la mise au pas du secteur bancaire en séparant les banques de détail et les banques d’investissement, l’abrogation de la loi de 1973 pour pouvoir financer sans payer d’intérêts par la Banque de France les investissements publics d’avenir, voilà les mesures clés qui permettraient de redresser notre pays et de retrouver un enchainement vertueux. Un effort oui mais au service de notre modèle social et républicain.
En 2012, le choix sera très simple, entre ceux qui veulent sauver un système qui nous ruine et nous appauvrit et ceux qui veulent changer le système pour pouvoir redonner la dignité et l’espoir aux peuples.
Les vraies causes de la crise de la dette
(...) tout est fait pour culpabiliser les peuples et leur faire croire que ces déficits et cette dette s’expliquent par un excès de dépenses, une mauvaise gestion et une politique sociale trop généreuse.
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