Lettre critique d'un citoyen: la réponse de Jean-François Lisée

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Lisée défend son programme nationaliste

Dans sa chronique de ce matin, Joseph Facal fait mention d’une lettre envoyée par Jean-François Lisée à un électeur disant ne plus se reconnaître dans le programme du Parti québécois. Nous la reproduisons ici intégralement. 




Cher M. Cardinal,


Merci de m’avoir écrit directement. Votre lettre me touche et me trouble, car je ne reconnais nullement notre campagne dans la perception que vous en avez. Je suis donc heureux de pouvoir vous en donner une idée plus juste.


Vous nous demandez si nous avons des positions fortes sur la langue, l’immigration, l’identité, la laïcité. La réponse est un OUI retentissant.


Sur l’immigration, jamais un parti politique n’avait eu le courage d’exiger la connaissance du français et la signature d’une déclaration d’adhésion à nos valeurs aux nouveaux arrivants comme condition de leur immigration. Le PQ de 2018, oui. (La CAQ, non)


Sur la langue, jamais un parti politique n’avait eu le courage d’exiger une réelle connaissance du français pour l’obtention de diplômes des étudiants des cégeps et universités anglophones, jamais un parti ne s’était engagé à étendre la loi 101 aux nombreuses entreprises à charte fédérale, en plus de l’étendre aux moyennes entreprises. Le PQ de 2018, oui. (La CAQ, non.)


Sur la laïcité, jamais un parti ne s’était engagé à abolir le cours Éthique et Culture religieuse, véritable machine à multiculturalisme, pour le remplacer par un cours de Citoyenneté québécoise. Le PQ de 2018, oui. (La CAQ est muette à ce sujet)


Sur les signes religieux, notre proposition est à la fois plus forte et plus équilibrée que celle de la CAQ. Elle ne veut les interdire que dans les écoles primaires et secondaires. Nous insistons pour que cela commence dans les garderies installées pour les nouvelles embauches et, contrairement à la CAQ, nous inciterons tous les employés du secteur public à faire preuve de réserve. Nous agirons simultanément pour assurer une réelle intégration des Québécois d’origines diverses aux emplois publics, au marché du travail, et ferons reculer la discrimination et le racisme. (La CAQ n’en parle jamais.)


Vous vous dites favorable à la liberté d’expression et à l’éducation gratuite. Voyez le combat que j’ai mené pour la liberté artistique dans les affaires SLAV et Kanata et l’engagement ferme pris en campagne pour préserver cette liberté contre les censeurs à l’avenir. Sur la gratuité en éducation, nous sommes les seuls à le proposer pour la petite enfance aux moins fortunés et pour le troisième enfant, les seuls à vouloir l’assurer à l’université jusqu’au milieu de la classe moyenne. De grands pas en avant.


Sur l’identité, nos propositions sont nombreuses: meilleure connaissance de l’identité locale et régionale à la fin du primaire, cours d’histoire du Québec obligatoire au Cégep, cinq chaires d’études universitaires sur le Québec, obligation faite aux plateformes étrangères de valoriser les productions québécoises et francophones sur leurs plateformes. Et quoi de plus sain pour notre identité collective que de convier les étudiants des Cégeps anglophones à faire leur dernière session dans un Cégep francophone, de préférence en région?


Vous souhaitez qu’on parle de la baisse du prix de l’essence. Nous sommes les seuls à proposer.


Un bureau québécois de la concurrence qui s’attaquera aux cartels. Vous souhaitez des écoles qui ne tombent pas en ruine. Nous proposerons le plan le plus ambitieux pour rétablir rapidement la santé de nos écoles.


Au sujet de l’indépendance, sachez que dans cette campagne nous en parlons tous les jours, y compris dans nos publicités radio et télé. Ce qui n’a pas été fait par le PQ depuis plusieurs élections. J’en parle moi-même tous les jours, dans les assemblées bondées auxquelles je vous convie, mais aussi dans les entrevues et les points de presse où je parle des avantages de l’indépendance pour les régions, l’environnement, notre lutte aux paradis fiscaux, du scandale de la Davie, des délais en justice, du calendrier imposé par Ottawa dans le débat du cannabis, ou des négociations commerciales en cours où d’autres négocient en notre nom et souvent contre nos intérêts.


Bref, cher M. Cardinal, la campagne que nous menons semble répondre en tous points à ce que vous souhaitez qu’elle soit. À la rentrée, nous avons concentré nos efforts sur l’amélioration des conditions des familles, sur la congestion et l’environnement, mais ne doutez pas que chacun des thèmes qui nous sont chers, à vous et à moi, sera traité.


Cordialement et sérieusement,


Jean-François Lisée


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Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.