Lisée peaufine sa position sur la laïcité

Il estime qu’il ne faut pas interdire les signes religieux dans l’ensemble de la fonction publique

Dégage !





Jean-François Lisée n’a pas l’intention de laisser le monopole du débat identitaire à Bernard Drainville et il peaufine sa position sur la laïcité.


Depuis la France, où il a passé les dernières semaines à s’occuper de son nouveau-né, le député de Rosemont milite pour que le Québec affirme la primauté de la norme sociale sur la religion. «Hors du temple, c’est la norme sociale, laïque, qui doit avoir préséance», plaide-t-il, dans un document obtenu par le Bureau parlementaire.


Mais le Québec ne doit pas refaire les erreurs commises par le gouvernement Marois, qui est allé trop vite en voulant bannir en bloc les signes religieux dans l’ensemble de la fonction publique, prévient l’aspirant chef péquiste.


Il propose d’interdire uniquement aux juges, aux policiers et aux gardiens de prison de porter la kippa, le voile islamique ou la croix chrétienne apparente, une position qu’il avançait déjà dans son livre publié l’automne dernier.


Selon lui, on devrait se contenter «d’inciter» les fonctionnaires à afficher la neutralité religieuse, sans plus. Pas d’obligation. Tous les cinq ans, un mécanisme de révision permettrait de faire le point et d’évaluer les pas supplémentaires que la société québécoise serait prête à faire.


Pas question de congédier des employés. Les droits acquis doivent être respectés par une «clause grand-père».


«Je maintiens qu’une nouvelle charte doit clairement indiquer la direction générale que nous voulons donner à un Québec-Charlie, mais qu’il serait contre-productif de tenter d’interdire à marche forcée les signes religieux dans l’ensemble du secteur public», insiste Jean-François Lisée.


Un vote libre devrait également se tenir sur la possibilité de déplacer le crucifix qui domine les joutes politiques vers le musée du Parlement. Mais toutes ces mesures ne sont pas suffisantes et doivent être accompagnées de mesures d’intégration pour les nouveaux arrivants.


«L’esprit Charlie»


Selon le député péquiste, les attentats perpétrés contre le journal satirique Charlie Hebdo à Paris constituent un tournant dans le débat sur la laïcité. «Il y a un avant et un après-Charlie.»


Et, pour respecter «l’esprit Charlie», la primauté de la norme sociale sur la religion devrait être au menu des cours d’éthique et de culture religieuse que suivent les jeunes Québécois et être communiquée clairement aux nouveaux arrivants.




Les principales mesures de la charte Lisée



  • Baliser clairement les accommodements religieux

  • Établir la primauté de l’égalité hommes-femmes sur toute demande d’accommodement

  • Interdire le visage couvert dans toutes les interactions avec l’État

  • Interdire des signes religieux chez les agents coercitifs de l’État (juges, policiers et gardiens de prison)

  • Inciter (mais seulement inciter) les employés de l’État à n’afficher pendant leur travail aucun signe convictionnel (politique, social ou religieux)

  • Étendre graduellement, sur une période de 15 ans, le financement public d’écoles à vocation religieuse

  • Baliser strictement les écoles non subventionnées à vocation religieuse

  • Tenir un vote libre sur le déplacement du crucifix de l’Assemblée nationale vers le musée du Parlement
     




Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé