Pauline Marois dévoilait hier le nouveau programme du Parti québécois.
Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir
Kathleen Lévesque, Antoine Robitaille - Pauline Marois a réussi à apaiser les jeunes militants qui entendaient publier une lettre ouverte, samedi, dans Le Devoir, pour contester son leadership. Ces derniers ont accepté de faire parvenir leur missive de manière confidentielle à l'entourage de la chef, laquelle les rencontrera par la suite.
L'un d'entre eux, Félix-Antoine Michaud, avait en novembre initié une autre lettre ouverte signée par 50 jeunes militants. Publié dans nos pages, ce texte devançait les critiques que l'ancien premier ministre Jacques Parizeau formula en mars dernier. Les 50 jeunes rejetaient la notion de «gouvernance souverainiste» chère à Mme Marois et qui a été entérinée dans le nouveau programme, dévoilé hier.
Pour le nouveau projet de lettre dont la publication était prévue samedi, un des initiateurs était Hadrien Parizeau, président de l'association de circonscription de Crémazie. Ce dernier réclamait mardi en entrevue au Devoir «un changement à la direction» du parti et ajoutait que Mme Marois ne «passe pas dans la population». Hier, sur un réseau Internet, il a nié avoir demandé la démission de Mme Marois.
M. Michaud ainsi qu'Hadrien Parizeau rencontreront donc Mme Marois la semaine prochaine. Le petit-fils de l'ancien premier ministre devra s'expliquer sur le «coquetel de financement» du PQ avec des «invités mystères» qu'il organise demain dans Crémazie. Son but, a-t-il expliqué mardi, est de saper un des arguments de la direction (un retard dans le financement) pour mettre la circonscription en tutelle. Une possibilité que Mme Marois n'a pas exclue hier en conférence de presse: «Ce sont des débats qu'on va avoir à l'exécutif», a-t-elle noté.
Mardi, des sources ont soutenu que le démissionnaire Jean-Martin Aussant, ainsi que Mme Lapointe et M. Parizeau pourraient être au cocktail. Jointe par Le Devoir, la députée nouvellement indépendante a nié formellement hier après-midi que son mari et elle prennent part à cette activité. M. Aussant a soutenu quant à lui qu'il était retenu à Québec demain soir.
Ne pas se laisser distraire
En matinée hier, lors du dévoilement du nouveau programme du PQ, Pauline Marois avait voulu calmer le jeu concernant les contestations diverses dont elle a été l'objet ces dernières semaines: «J'ai le goût de dire: "On va se calmer un peu, on va prendre le temps de respirer un peu". J'ai actuellement pas du tout l'intention de me laisser distraire», a déclaré Mme Marois.
Accompagnée de onze députés, Pauline Marois a refusé de commenter la multiplication des déchirements dans son parti. «J'ai pas le goût de ressasser ces vieux débats. On a un projet. On a un programme. On a un plan pour remettre la souveraineté au coeur de l'action politique du Parti québécois», a-t-elle affirmé.
Tout au plus, a-t-elle précisé avoir fait du jardinage lorsque la réplique de M. Parizeau a grondé mardi. «Ça faisait des semaines que j'étais au front sans arrêt. J'ai mis mes mains dans la terre. C'est extraordinaire pour retrouver la sérénité», a dit la chef péquiste sur un ton qu'elle voulait léger.
Devant tous les éléments de la tourmente, Pauline Marois réplique que le nouveau programme du PQ est «audacieux» et surtout, qu'il a été adopté par les militants réunis en congrès à la mi-avril. «Nous avons choisi une nouvelle approche. C'est un vrai changement qu'on propose à la population québécoise», a-t-elle assuré.
La chef péquiste réitère cette position dans une lettre ouverte publiée aujourd'hui dans Le Devoir. Au cours des prochaines semaines et des prochains mois, le PQ entend exposer ses propositions aux Québécois. «À mesure que nous le présenterons, les Québécois se rendront compte qu'ils ont affaire à un nouveau Parti québécois, avec de nouvelles idées, une nouvelle approche et une nouvelle équipe», écrit Mme Marois.
Cette dernière a également souligné aux journalistes que le programme est «inspiré par les nouvelles générations qui nous ont rejoints». D'aucuns verront tout de même une certaine ironie dans le titre du programme (Agir pour plus de liberté) dans le contexte de crise actuelle.
Quant à la question de la souveraineté, Mme Marois maintient le cap. «Le sens d'un gouvernement souverainiste, c'est d'exercer tous les pouvoirs là où nous les avons, d'occuper notre espace et faire la démonstration aux Québécois qu'on serait plus en mesure de progresser, de créer de la richesse, de nous réaliser si nous étions souverains», a réaffirmé la chef péquiste.
Crise au Parti québécois
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