Il y a au moins une bonne nouvelle là-dedans: Maxime Bernier apportait du travail à la maison.
Qu'a-t-il bien pu apporter chez Julie Couillard? Hum. Laissez-moi deviner. Je crois que c'était un briefing top secret pour le ministre des Affaires étrangères intitulé: Liste des pays membres de l'ONU, de leur capitale et de leur chef d'État par ordre alphabétique, le tout accompagné d'une carte à colorier.
Ce n'est qu'une théorie, mais d'après moi, c'est la carte et les crayons de cire qui faisaient mal. Voilà pourquoi le document était top secret: il révélait l'ineptie du chef de la diplomatie canadienne. S'il avait fallu qu'il tombe entre les mains de pays hostiles, la réputation du Canada ne s'en serait pas remise.
Merci Mme Couillard d'avoir transmis le tout discrètement aux autorités - et d'avoir réorienté utilement la carrière du député beauceron. Il est jeune, il va se replacer.
Les gens des services de sécurité, eux, pas cons, avaient placé les micros dans le sommier. Faut bien aller chercher l'information là où elle circule, que voulez-vous, c'est ça le dur métier d'espion.
Enfin, on en est aux hypothèses: cette histoire de système d'alarme défectueux ne prouve rien mais laisse effectivement songeur. Je serais le moins surpris du monde d'apprendre que Mme Couillard était sur écoute. Avec l'entourage qui a été celui de Julie Couillard (il n'y a pas que Maxime Bernier qui a manqué de jugement), bien qu'elle n'ait jamais été accusée de quoi que ce soit, il y avait de quoi rendre nerveux les services de renseignement.
Paul Larocque est capable d'avoir la dent bien plus dure, mais bon: son entrevue à TVÀ a rendu un fier service au pays en forçant Stephen Harper à réparer la gaffe commise en nommant un homme nullement préparé à ces très hautes fonctions.
Dans le monde complexe qui est le nôtre, un pays membre du G8 ne peut pas sérieusement se permettre de nommer un amateur avec pour seul bagage une garde-robe chic.
Voilà, en vérité, le plus troublant de cette histoire. Avant même de révéler son manque de jugement, Maxime Bernier était un politicien sans expérience politique et sans expérience ni expertise pertinente.
En voulez-vous à Maxime Bernier? a demandé le journaliste. «J'en veux surtout à son inconscience; c'était lui le politicien», a répondu la Monica Bellucci de banlieue.
Quelle inconscience, en effet. Où Maxime Bernier avait-il la tête? Qu'y a-t-il dedans? Maxime Bernier donnait l'impression de jouer au ministre des Affaires étrangères et d'en être tout excité. «Eh! C'est moi à côté de George Bush, de Condoleezza Rice, d'Hamid Karzaï Ayoye!»
Tout cela n'est plus à l'ordre du jour. Les questions, c'est à Stephen Harper qu'il faut maintenant les poser. Voulait-il absolument des figurants aux Affaires étrangères, pour en garder le contrôle? Était-il si préoccupé d'avoir un ministre québécois de haut rang qu'il a nommé ce qu'il avait de mieux sous la main?
Autre question: à quoi sert un ministre s'il est incapable, ou bien par la force de son travail, ou bien par son autorité dans la matière, de discuter avec la bureaucratie?
N'est-il pas temps, M. Harper, de redonner du lustre à cette fonction, certainement dans la demi-douzaine des plus importantes du gouvernement? Il fut un temps où le Canada aspirait à assumer des fonctions importantes sur la scène internationale, à faire une différence dans ce continent et ailleurs. Avons-nous abandonné cette idée? À moins que le premier ministre ait totalement rapatrié la fonction à son bureau?
Stephen Harper ne pouvait pas prévoir que ceci tournerait au gâchis loufoque mélodramatique. Mais il aurait dû savoir qu'il nommait la mauvaise personne. C'est donc aussi son jugement qui est en cause aujourd'hui.
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