Bouclier de l'OTAN

Medvedev brandit la menace de missiles

La politique intérieure russe a pris des accents nationalistes à l'approche de ce scrutin

Géopolitique — nucléaire iranien


Agence France-Presse Moscou — Le président russe, Dmitri Medvedev, a menacé hier de déployer des missiles balistiques à Kaliningrad, aux portes de l'UE, si les États-Unis et l'OTAN continuaient de mettre Moscou devant le «fait accompli» avec le déploiement de leur bouclier antimissile en Europe.
Selon M. Medvedev, qui s'exprimait dans une allocution télévisée de sa résidence de Gorki, près de Moscou, les États-Unis et l'OTAN, qui ont entrepris de déployer en Europe un système antimissile officiellement tourné vers la menace de pays comme l'Iran, «n'ont pas l'intention jusqu'à présent de prendre en compte notre inquiétude».
----



----
La Russie, qui dit craindre que ce système réduise à néant sa force de dissuasion et a exigé jusqu'à présent en vain d'y être associée, sera, le cas échéant, obligée d'apporter «d'autres réponses» à cette menace, a-t-il ajouté.
Si nécessaire, «la Fédération de Russie déploiera dans l'ouest et le sud du pays des systèmes offensifs modernes, qui garantiront la destruction des installations en Europe de la défense antimissile des États-Unis, a déclaré le président. Une de ces mesures sera le déploiement d'une batterie de missiles Iskander dans la région de Kaliningrad.».
Les missiles Iskander sont des missiles de courte portée: leur champ d'action est de 280 kilomètres, mais peut atteindre, selon des responsables russes, 500 kilomètres dans certaines versions.
Les États-Unis ont rapidement opposé une fin de non-recevoir à Moscou, soulignant avoir expliqué maintes fois à la Russie que ces systèmes antimissiles ne la «menacent pas». «Nous ne modifierons ou ne limiterons d'aucune façon nos projets de déploiement», a déclaré Tommy Vietor, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale américain.
La Russie a déjà menacé à plusieurs reprises par le passé de déployer des missiles dans l'enclave de Kaliningrad, frontalière de la Pologne et ancien territoire allemand annexé par l'URSS en 1945, pour protester contre le déploiement du système antimissile auquel la Roumanie, la Turquie, la Pologne et plus récemment l'Espagne ont officialisé leur participation.
Moscou propose en vain de diviser le système en secteurs de responsabilité, ou à défaut de recevoir des garanties que celui-ci ne vise pas sa capacité de dissuasion, y compris en ayant accès aux installations de l'alliance pour le vérifier.
Le président russe a fait cette allocution au moment où son pays se prépare à des élections législatives à l'occasion desquelles le parti au pouvoir Russie unie, présidé par le premier ministre Vladimir Poutine et dont il est tête de liste, ambitionne de confirmer sa domination sur le pays.
La politique intérieure russe a pris des accents nationalistes à l'approche de ce scrutin, notamment depuis que M. Poutine, président de 2000 à 2008 et qui a laissé le poste à Dmitri Medvedev faute de pouvoir légalement effectuer un troisième mandat consécutif, a annoncé en septembre vouloir revenir au Kremlin à l'issue de la présidentielle de mars prochain.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->