Le Sénégal, la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone et la République démocratique du Congo ont décrété l’état d’urgence dans une Afrique gagnée progressivement par la contagion du coronavirus contre laquelle l’Afrique du Sud a décidé le confinement.
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L’Afrique a été jusqu’à présent relativement épargnée par la pandémie: 2137 cas, dont 62 morts, contre plus de 404 000 cas d’infection et plus de 18 000 décès au total sur la planète, selon un bilan établi par l’AFP à partir de sources officielles mardi à 14 h 00.
Mais la faiblesse des systèmes de santé des pays africains suscite de vives craintes.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a annoncé mardi qu’un « vrai paquet financier » allait être mobilisé pour aider les pays les plus vulnérables, notamment africains.
Le premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, a appelé le G20 à soutenir les économies africaines en allégeant leur dette et en préparant un plan d’aide financière d’urgence de 150 milliards de dollars.
Mardi, tout le continent s’est réveillé en deuil avec la disparition de Manu Dibango, saxophoniste camerounais et légende de l’afro-jazz, décédé en France à l’âge de 86 ans.
« L’heure est grave »
« Je vous le dis avec solennité, l’heure est grave », a mis en garde lundi soir le président sénégalais Macky Sall, en annonçant avoir ordonné « l’état d’urgence », assorti d’un couvre-feu.
Pour atténuer l’impact économique et social au Sénégal, un fonds « de riposte et de solidarité » va être doté d’environ 1,5 milliard d’euros, dont 75 millions d’euros destinés à de l’aide alimentaire d’urgence.
Au marché de Sandaga à Dakar, les mêmes mots reviennent dans la bouche de ceux qui vivent de la vente de tissus colorés, de souvenirs, de colifichets et de chaussures à bas prix.
« C’est très, très dur. Tu as vu ? », dit chaque interlocuteur en désignant la place habituellement grouillante et désertée par les clients et les touristes.
« Les gens ici, avant de mourir du truc là --comment ça s’appelle ?-- ils vont mourir de faim », dit Sabah Amar, caissière désœuvrée et abattue dans un magasin de souvenirs.
Le président de la République démocratique du Congo Félix Tshisekedi a décrété mardi soir « l’état d’urgence » ainsi que l’isolement de la capitale Kinshasa du reste du pays pour éviter la propagation du coronavirus.
La présidente ivoirienne, Alassane Ouattara, en avait auparavant fait de même lundi, assortissant l’état d’urgence d’un couvre-feu. L’exécutif se réserve le droit de confiner certaines zones géographiques du pays en fonction de l’évolution de la maladie.
Le premier ministre ivoirien, Amadou Gon Coulibaly, a annoncé s’être placé en « auto-confinement » après avoir été « récemment en contact » avec une personne atteinte.
« Et maintenant on fait comment ? » s’interroge Nemy Fery, le patron d’un « maquis » du grand quartier populaire de Yopougon, à Abidjan.
« On ferme les maquis, les restaurants, mais comment on fait pour nourrir nos familles ? Je vais essayer de faire des plats à emporter, je vais aussi chercher un autre travail », dit-il.
Des couvre-feux ont également été décidés ailleurs, notamment en Mauritanie, en Égypte et au Gabon.
Dans l’Est, les cas ont doublé au Rwanda (36) et le Soudan du Sud a annoncé la fermeture de ses frontières, sauf pour le ravitaillement en vivres et en carburant.
Premier mort au Cap-Vert
Au Burkina Faso, le nombre de cas confirmés est passé à 114 et quatre décès.
Le Cap-Vert a annoncé mardi un premier décès, celui d’un Britannique de 62 ans sur l’île touristique de Boavista.
Un premier mort avait été enregistré lundi au Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique, et au Zimbabwe.
L’épidémie continue par ailleurs de s’étendre rapidement en Afrique du Sud, pays le plus touché sur le continent, avec 554 cas de contamination.
Le ministre de la Santé Zweli Mkhize dit s’attendre à ce que ces chiffres soient « multipliés par trois ou quatre » au cours des deux prochaines semaines.
Lundi soir, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a ordonné un confinement national de trois semaines et l’armée est mobilisée pour le faire respecter.
Nombulelo Tyokolo, 41 ans, employée vivant à Khayelitsha, un ghetto du Cap, envisage le confinement avec anxiété.Comment faire quand on vit dans une seule pièce avec un fils de quatre ans et qu’il « faut chercher l’eau dehors et sortir pour aller aux toilettes », se demande-t-elle.
En Afrique subsaharienne, le confinement concerne aussi le Rwanda, l’île Maurice, les deux plus grandes villes de Madagascar.
Lubumbashi, la capitale économique de République démocratique du Congo, est en confinement pour 48h depuis lundi.
En Afrique du Nord, le confinement est en vigueur en Tunisie et en Algérie.
L’état d’urgence est activé en Namibie depuis une semaine. Le président de la Sierra Leone, Julius Maada Bio, a décrété mardi l’état d’urgence « pour une période de 12 mois ».