AFRIQUE

Ce que l’on sait sur les émeutes en Afrique du Sud

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L'Afrique du Sud en proie aux conflits tribaux

L’incarcération de l’ancien président Jacob Zuma a mis le feu aux poudres en Afrique du Sud. Le pays, qui vit sa crise la plus grave depuis la fin de l’apartheid, est en proie, depuis le 8 juillet dernier, à des scènes d’émeutes urbaines, de violences et de pillages. De nombreux citoyens ont pris les choses en main, en protégeant les commerces, et ont commencé, ce jeudi 15 juillet, à nettoyer et réparer, alors qu’un calme relatif semble être revenu. Comme le montre notre vidéo ci-dessous.


La peur de manquer d’essence et de nourriture a gagné les Sud-Africains au sixième jour des violences qui ont déjà fait 72 morts, sur fond de chômage endémique et de nouvelles restrictions anti-Covid.


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Dès l’aube, les files se sont allongées devant les stations essence et devant les magasins d’alimentation, notamment à Durban, dans le Kwazulu-Natal (Est). La veille, la plus grande raffinerie du pays, qui fournit environ un tiers du carburant consommé à l’échelle nationale, a fermé son usine dans la région.


Certaines stations sont déjà à sec, d’autres rationnent à la pompe. Des pénuries sont à craindre « dans les prochains jours ou semaines », a prévenu l’association des automobilistes.


72 morts au minimum


Depuis plusieurs jours, le Kwazulu-Natal et la capitale économique du pays Johannesburg sont pris dans un tourbillon de violences, dans ce pays épuisé par une économie plombée par un taux de chômage record (32,6 %) et une troisième vague de pandémie.


Le dernier bilan officiel fait état de 72 morts et 1 234 arrestations. La plupart des décès sont survenus pendant des bousculades lors de pillages. La police a été rapidement dépassée. Le gouvernement a indiqué que 208 incidents impliquant des pillages et du vandalisme ont été recensés mercredi, alors que 5 000 soldats, un nombre qui a doublé mercredi, ont été déployés en renfort.


Plus de 800 magasins pillés


Des agriculteurs ont affirmé ne plus pouvoir acheminer leurs marchandises, la principale route et la voie de chemin de fer reliant la capitale économique Johannesburg et l’Est étant entravées ou peu sûres. « Nous allons faire face à une crise humanitaire massive », a mis en garde le directeur de la principale organisation agricole AgriSA, Christo van der Rheede.


Plusieurs régions pourraient « bientôt manquer de produits de première nécessité », nourriture, carburant et médicaments à cause des difficultés d’approvisionnement, a affirmé le bureau du président Cyril Ramaphosa dans un communiqué.


Dans la nuit, le centre commercial de Vosloorus a été dévasté et en partie incendié. Plusieurs corps y ont été retrouvés. Dans l’après-midi, des chauffeurs de taxi armés ont décidé de s’en mêler et ont fait fuir les pillards. Selon l’organisme de régulation des biens de consommation, plus de 800 magasins ont été pillés.


Forte mobilisation de l’armée


L’armée sud-africaine a mobilisé ses réservistes et le gouvernement s’apprête à déployer des milliers de militaires pour endiguer les violences qui secouent le pays depuis près d’une semaine.


Johannesburg a retrouvé un calme relatif. Dans son centre, beaucoup de magasins sont restés clos jeudi et certains commerçants, patrons et employés, ont déblayé leurs devantures. Des rues fermées par des barricades calcinées et des carcasses grises de voitures parties en fumée ponctuent le paysage.


« Les dégâts sont terribles, les gens tentent de sauver ce qu’ils peuvent », a expliqué à l’AFP Michael Sun, chargé de la sécurité dans la capitale économique du pays pour le parti d’opposition Democratic Alliance. Dans la matinée, ce jeudi, aucun nouveau site de pillage n’était signalé dans l’agglomération, une première depuis dimanche.