Violences xénophobes : l’Afrique du Sud ferme son ambassade au Nigeria par crainte de représailles

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Dur à admettre, mais il y avait plus de stabilité du temps de l'Apartheid

L’Afrique du Sud a « fermé temporairement » ses missions diplomatiques au Nigeria, jeudi 5 septembre, par crainte de représailles aux violences xénophobes meurtrières de ces derniers jours sur le territoire sud-africain.


Ces violences ont éclaté dimanche soir à Johannesburg, la principale ville sud-africaine, avant de s’étendre à la capitale Pretoria. Des dizaines de magasins, appartenant principalement à des étrangers, ont été pillés, et des camions brûlés dans la province du KwaZulu-Natal (est). Selon un dernier bilan de la police jeudi, au moins sept personnes ont été tuées et plus de 400 arrêtées. La nationalité des victimes n’a pas encore été communiquée. La situation continuait à se normaliser jeudi, après une nuit de mercredi à jeudi relativement calme.


Ces attaques ont provoqué l’indignation dans plusieurs pays africains, où les violences contre les intérêts sud-africains se sont multipliées. « Après avoir reçu des informations et des menaces de la part de Nigérians, nous avons décidé de fermer temporairement » l’ambassade à Abuja et le consulat à Lagos, a déclaré jeudi à l’Agence France-presse (AFP) le porte-parole du ministère sud-africain des affaires étrangères, Lunga Ngqengelele.


Le propriétaire d’une compagnie aérienne nigériane privée a offert d’évacuer des Nigérians à bord d’un avion mis à leur disposition gratuitement, a annoncé de son côté le ministère nigérian des affaires étrangères. Une manifestation jeudi devant l’ambassade sud-africaine à Abuja n’a toutefois réuni qu’une vingtaine de personnes, laissant penser que le mouvement anti-sud-africain au Nigeria est en train de s’essouffler.


Les violences xénophobes ont provoqué de fortes tensions diplomatiques entre les deux géants économiques du continent. Mercredi, Abuja avait décidé de boycotter le Forum économique mondial Afrique, qui se tient cette semaine au Cap, la capitale parlementaire sud-africaine.


Sur le reste du continent, la colère contre les intérêts sud-africains continuait à s’exprimer jeudi. En République démocratique du Congo (RDC), le consulat d’Afrique du Sud et un magasin d’une enseigne sud-africaine ont été attaqués à Lubumbashi (sud-est), la deuxième ville du pays.


Plusieurs pays et personnalités africains ont fait part de leur inquiétude, appelant aussi à l’apaisement. « Les incidents en cours en Afrique du Sud nous interpellent tous, a réagi le président sénégalais, Macky Sall. Pour l’unité du continent et par respect à la sagesse africaine, j’invite à l’apaisement entre pays et peuples africains. »


Le milliardaire nigérian Aliko Dangote a appelé à rejeter « la haine et toute forme d’attaque violente sur nos frères africains », car « il ne peut y avoir de prospérité partagée et durable sans paix ». Les autorités sud-africaines ont par ailleurs dénoncé, jeudi, les nombreuses « fake news » qui circulent dans le pays et sur le continent et « alimentent beaucoup de panique ».


L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29 %) et la pauvreté. En 2015, sept personnes avaient été tuées au cours de pillages visant des commerces tenus par des étrangers à Johannesburg et à Durban. En 2008, des émeutes xénophobes avaient fait 62 morts dans le pays.