La secrétaire générale de la Francophonie Michaëlle Jean défraie encore la chronique pour les mauvaises raisons. Cette fois-ci, nous apprenons avec stupéfaction que son conjoint Jean-Daniel Lafond bénéficie des services d’un chauffeur privé. Ce privilège s’explique difficilement puisque monsieur Lafond n’a aucun rôle à jouer dans l’organisation.
En somme, l’impression qui se dégage c’est que le couple Lafond-Jean joue la carte de la royauté. Les dépenses royales, les rénovations princières, beaucoup de gens à leur service. Peut-être des relents de son passage dans le rôle de représentante de la reine au Canada. À l’époque, monsieur Lafond portait le titre de prince consort. Et le prenait au sérieux !
Drôle de revirement, pour Jean-Daniel Lafond, que ces grands honneurs et cette vie faste. Comme cinéaste, il a raconté les batailles de personnages militants. Et comme philosophe, il a disséminé la bonne pensée sur les ondes de Radio-Canada.
Le train de vie
L’histoire du chauffeur du conjoint s’ajoute à une liste gênante. Les travaux très coûteux dans l’appartement de fonction avaient lancé le bal. Puis les dépenses de voyage remarquablement élevées ont attiré l’attention sur son choix d’hôtels prestigieux. Son goût du luxe et son peu de considération pour les factures payées par les autres deviennent les symboles de sa présidence.
En France comme chez nous, madame Jean va d’une controverse à l’autre en matière de dépenses abusives. Elle éclipse les dossiers de son propre organisme. La Francophonie est devenue le château d’une princesse plutôt que le lieu de convergence des pays qui partagent notre langue.
Car l’Organisation internationale de la Francophonie doit jouer un rôle. Je sais que bien des gens sont sceptiques et n’y voient qu’un ballet de cocktails et de congrès internationaux. Personnellement, je crois sincèrement à l’utilité de l’organisation. René Lévesque et Robert Bourassa avaient vu l’importance de cette organisation du point de vue du Québec dès les années 1980 et je continue de penser qu’ils ont eu raison.
Le mandat actuel de madame Jean donne des arguments à tous ceux qui veulent démolir la crédibilité de son organisation. À l’inverse, elle crée un malaise chez des gens, comme moi, qui tentent de défendre la valeur de cette coopération entre pays, au-delà d’un individu.
Malaise !
Le malaise est devenu tellement grand que nos propres dirigeants politiques ne savent plus comment s’y prendre. Lors de son dernier voyage à Paris, le premier ministre Philippe Couillard a fait tout ce qui était humainement possible pour réduire l’importance du rendez-vous avec madame Jean dans son agenda.
S’il avait pu tenir la rencontre dans une garde-robe, il l’aurait fait. On imagine monsieur Couillard et ses proches conseillers discutant des dommages politiques d’être vus avec elle. Quand même triste...
Madame Jean fut la candidate poussée par le Canada et le Québec pour prendre la tête de la Francophonie. Il s’agissait d’une erreur. Son mandat se termine à la fin de 2018. Nos deux gouvernements ont déjà appuyé sa reconduction pour un deuxième mandat. Ce serait une erreur plus grave. C’est assez.