Par Tarek Fatah - Vendredi soir, les citoyens de Montréal pourront se régaler d'un spectaculaire discours islamiste, évasif et ambigu à souhait, qui va les laisser ...éblouis. Tariq Ramadan prendra la parole lors d'un rassemblement à l'Université de Montréal.
Cette fois, la voix de l'islamisme ne sera pas les cris perçants habituels des cheikhs, mais la voix d'un homme au sourire doux et désarmant. L'accent guttural des mollahs en colère du Moyen-Orient sera remplacé par un anglais laiteux livré avec un accent français. (ndt: La conférence à l'UDM sera certainement en français, mais Tariq Ramadan s'adressera probablement à un public anglophone au cours de la fin de semaine.)
Mais ne vous y méprenez pas. Le message de Tariq Ramadan sera le même. La grossièreté sera remplacée par la sophistication, la maladresse par la finesse. Et les Canadiens, avides d'une certaine évolution de l'islam vers la modération, boiront très probablement cela comme du petit lait.
Alors, qui est Tariq Ramadan? Je l'ai rencontré pour la première fois en 2005 lors d'une discussion sur les ondes de TVO à propos de la charia au Canada.
J'avais entendu dire que Tariq Ramadan s'était prononcé contre l'idée d'introduire la charia au Canada. J'étais très enthousiaste. Le petit-fils du fondateur des Frères musulmans en Égypte aurait donc suffisamment de maturité et de compréhension pour prendre une position courageuse tandis que le reste de l'establishment islamiste continuait de s'acharner pour que la charia prenne pied en Amérique du Nord!
Toutefois, mes espoirs ont été anéantis lorsque la diffusion de ce programme en direct a commencé. Tariq Ramadan a été très clair. Il ne s'opposait pas à ce que la charia vienne au Canada; simplement, il ne pensait pas que c'était le bon moment pour la faire connaître. Selon ses termes, les musulmans faisaient preuve d'un «manque de créativité». Plutôt que de demander ouvertement la charia, il a suggéré que les islamistes devraient incorporer furtivement celle-ci dans le cadre juridique existant.
Surpris, je me suis rappelé la doctrine islamiste de la Taqiyaa, une méthode de dissimulation utilisée par eux pour cacher leur véritable ordre du jour, et qui recommande de paraître inoffensif aux yeux de l'adversaire dans le but de lui faire baisser sa garde.
Après l'émission de télévision, j'ai fait quelques recherches sur la position de Tariq Ramadan à propos de la charia. Dans le numéro d'Octobre 2004 d'Egypt Today, il écrit:
«Les musulmans qui combattent au Canada afin de créer des tribunaux de charia pour trancher les litiges domestiques sont un autre exemple de manque de créativité. Dans le cadre du droit normatif Canadien, les musulmans ont une latitude considérable pour proposer un contrat islamique. Ces tribunaux (de charia) ne sont pas nécessaires; ils ne font qu'insister sur le fait que les musulmans ont des lois spécifiques et pour l'instant, ce n'est pas ainsi que nous voulons être perçus. (C'est moi qui souligne). Nous devons montrer que notre façon de penser est universelle, que nous pouvons vivre avec la loi et qu'il n'y a pas de contradiction.»
Il a poursuivi:
« Le terme charia en lui-même est chargé de connotations négatives dans l'esprit occidental. Il n'est pas nécessaire de le souligner. »
Si j'avais besoin d'un exemple de langage ambigu et de dissimulation, je l'avais trouvé.
Jeudi, le Congrès musulman canadien et Point de Bascule de Montréal ont publié une pleine page de publicité dans Le Devoir, souhaitant la bienvenue à Ramadan au Québec et au Canada, mais exposant aussi son agenda caché qui a fasciné tant d'Occidentaux naïfs.
Intitulé « Salut à toi, ô mon frère! », Point de Bascule et le MCC ont décrit Ramadan comme un idéologue islamiste qui prétend être modéré, mais qui agit autrement. Cela s'est parfaitement reflété dans son refus de condamner purement et simplement la pratique de la lapidation des femmes. Il a demandé un «moratoire» sur de tels châtiments barbares.
La conférence de Tariq Ramadan vendredi soir est organisée par un groupe de ses disciples, mais bénéficie du soutien d'un grand nombre de militants de gauche, ainsi que d'organismes que Présence musulmane qualifie de «partenaires», tels que l'Institut du Nouveau Monde et le ministère québécois de l'Immigration et des Communautés culturelles.
Ramadan révèle le nouveau bras sophistiqué du mouvement islamiste mondial, qui voit l'Occident comme l'endroit idéal pour mener un djihad culturel et intellectuel. Celui-ci cible les jeunes musulmans qui sont fatigués de la vieille garde, de ces barbus en robe longue qui écument lorsqu'ils dénoncent l'Occident malfaisant. La nouvelle technique consiste à porter atteinte à l'Occident de l'intérieur, comme des parasites ou des termites, la société d'accueil ne sachant pas ce qui l‘a frappée jusqu'à ce qu'il soit trop tard. Royaume-Uni en est un exemple.
Ceux que le charme des nouveaux islamistes éblouit doivent reconnaître que Tariq Ramadan a écrit en 2003 l'éloge d'un livre écrit par Yusuf Al-Qaradawi, le cheikh islamiste radical basé au Qatar, l'homme qui justifie les attentats-suicides. De plus, Ramadan anime une émission hebdomadaire sur le réseau PressTV du gouvernement iranien. Il ne s'est jamais dissocié du régime iranien, pas même lors de la répression des manifestants qui étaient opposés à la "ré-élection» du président Mahmoud Ahmadinejad. Pendant que de jeunes Musulmans, hommes et femmes, étaient battus et torturés par le régime iranien, Ramadan était très heureux d'offrir un joli visage aux ayatollahs iraniens.
Je termine avec les mots du journaliste français musulman Mohamed Sifaoui: "Tariq Ramadan est un islamiste. Il est de ceux qui veulent que l'islam politique, la version européenne de la Fraternité musulmane, infiltre les institutions, la société, les associations, les partis, les médias, etc., pour faire pression sur ces mêmes sociétés, pour les "réformer" de l'intérieur, pour les islamiser ou les ré-islamiser, pour mieux les pervertir, pour leur faire accepter progressivement une vision médiévale de la religion musulmane».
Frère Tariq, en 1948 votre père Saïd Ramadan est venu au Pakistan, le lieu de ma naissance, comme émissaire des Frères musulmans et il a contribué à faire de ce pays musulman laïc un foyer de l'extrémisme islamique. Je ne laisserai pas le fils de Saïd Ramadan venir dans mon pays d'adoption, le Canada, et faire la même chose, sans me battre. Votre père islamiste a ruiné le lieu de ma naissance: je ne vous laisserai pas ruiner l'endroit où je vais mourir.
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Editorial 6 Novembre 2009 par Point de Bascule - Traduction de Montreal welcomes an Islamist extremist in sheep's clothing par PdeBascule
Tarek Fatah est écrivain et diffuseur à Toronto. Il est l'auteur de Chasing a Mirage: The Tragic Illusion of an Islamic State (Wiley 2008).
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