Montrer l'exemple

Un peuple mené par des convictions et des idées dont les prémisses sont fausses

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise

C'est un principe vieux comme le monde. Nous apprenons tous par l'exemple. Or, depuis le début de la grève étudiante, je n'ai jamais vu le Québec montrer un pire exemple à nos jeunes. Nous sommes non seulement devenus insensibles au taxage de notre prochain mais nous préférons nous plaindre de notre sort plutôt que de le changer. C'est le spectacle quotidien du mauvais exemple, de la mauvaise foi et du ridicule érigé en raisonnable que voici :
La meilleure manière de gérer une crise c’est de {l’ignorer , de s’entêter jusqu’à la fin, de bluffer et de mentir. L’orgueil doit triompher, peu importe qui et combien vont souffrir. Et surtout ne jamais s'asseoir à table sans moquer la crédibilité de la partie adverse.
Faire comme les idéologues à recette : le fautif c’est toujours {l’autre . Ne jamais admettre aucune responsabilité. Toujours être la victime de circonstances hors de son contrôle.
Les gens dont l'ego ne crève pas l'écran ne sont pas des "vrais" : il n'y a qu’une seule opinion valable, une seule perspective, celle du plus fort. Donner de la valeur à l’opinion de l’autre c’est admettre la défaite. Il ne faut pas vivre ensemble. Il faut un seul gagnant et des tas de perdants.
La tolérance c'est pour les minables, la violence paie : il est juste et acceptable de tabasser tous ceux qui ne pensent pas comme nous. La guerre et les conflits armés sont des solutions viables tout comme le sont les mensonges éhontés et les mises en scène truquées.
Le respect ce n'est plus une convention sociale mais une arme : toujours établir des règles et des conditions compliquées avant de respecter l’autre et considérer tous ceux avec qui on a un désaccord comme indignes de ce respect. Le respect mutuel ça ne rapporte rien.
Être vertueux c’est se la fermer : un bon citoyen ne trouve pas la meilleure solution au problème, il se met d’accord avec la solution à la mode et évite de faire des vagues. Ceux qui veulent changer le monde sont punis pendant que les carpettes sont récompensées.
Mieux vaut garder un gouvernement corrompu que de voter pour le bonhomme sept heures : toute dépense pour les québécois causerait immédiatement la banqueroute et tout changement de régime, même insignifiant, est un grave risque qui justifie ouvrir le feu sur des manifestants. Être brave c'est voter corrompu.
Le chacun pour soi est un modèle idéal de société : le québécois ne doit jamais se joindre à son voisin pour faire un Québec meilleur. Mais la collusion entre les banques et un parti politique ouvertement vendu aux corporations sont des positions complètement acceptables.

Comment faire un Québec meilleur avec de telles valeurs insensées? Un peuple mené par des convictions et des idées dont les prémisses sont fausses, un peuple mené par des dinosaures incapables d’imaginer le Québec de demain. Est-il surprenant de les voir sortir le canon et la matraque contre leurs propres citoyens? Ces dinosaures le savent bien – si le Québec goûte à l'autodétermination, plus jamais il ne se contentera d'un gouvernement de guignols. Il nous faut nous unir et confronter nos peurs, renouer avec nos valeurs communes. Il faut se tenir contre les tricheurs, les menteurs et ceux qui usent de la terreur et de l'insulte pour nuire aux citoyens de tous les jours qui, pour une fois, se tiennent debout.
Louis Horvath,
Libre penseur


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2012

    Monsieur Horvath,
    Vous avez raison sur toute la ligne.
    Au Québec, c'est la loi du plus fort, la loi de la jungle méritocratique.
    Et les plus démunis ont la misère qu'ils méritent et n'ont qu'à se la fermer.
    Ceux qui ont la belle vie (les "winners" de la société québécoise) sont prêts à tout accepter pour que rien ne change: mensonges, injustice, etc...; il n'y a pas de valeurs qui transcendent la seule valeur qui compte: celle qui nous maintient au-dessus de nos concitoyens au point de vue de la richesse, des acquis et du statut social.
    Une telle société a un nom: décadente.