Négociations - Qui mérite le plus ?

Négociation 2010


Après des années de louvoiement entre les groupes de personnels qui exercent leur profession dans le secteur public, Québec doit modifier ses priorités. Les privilèges dont profitent encore quelques catégories de salariés composées surtout d'hommes, tels les policiers, les employés d'Hydro-Québec et ceux de la SAQ, doivent faire place à la reconnaissance des professions de l'éducation et de la santé dans un contexte de pénurie croissante.
Au moment même où un CSSS du Bas-du-Fleuve est forcé par le tribunal d'intégrer les infirmières placées chez lui par une agence privée, au grand dam de ces infirmières qui ne veulent rien savoir des conditions du personnel permanent, la chef du Parti québécois, Pauline Marois, juge que la demande salariale de 11,5 % sur trois ans du Front commun est «un peu élevée». Et l'offre de 7,5 % sur cinq ans du gouvernement est-elle raisonnable quand on sait qu'à peine 5 % sont prévus pour les salariés, les autres 2,5 % étant réservés pour des réformes patronales?
Nous apprenions hier que les médecins spécialistes qui ont déjà obtenu des augmentations de 35 % pour la période 2007 à 2015 (chiffres publiés au moment de l'entente) exigent maintenant entre 4 % et 6 % de plus par année. Voilà 8000 individus dont la rémunération passerait alors de 250 000 $ en 2007 à près d'un demi-million en 2015! Est-ce aussi «un peu élevé» ou l'argument du rattrapage par rapport à Toronto justifie-t-il une telle exubérance, comme pour les policiers et les professeurs d'université?
L'argument du rattrapage en vaut d'autres, mais il se discute aussi à la lumière de la capacité de payer et des priorités d'une société. Si Québec cède avec les médecins, c'est toute la structure salariale des professionnels de la santé qui sera déséquilibrée au profit d'un seul groupe.
Québec doit cesser de gérer sa main-d'oeuvre à la petite semaine et adopter une politique qui tienne compte de tous les facteurs, dont celui de la valorisation des professions de l'avenir dans un contexte de pénurie appréhendée. Les médecins, certes, mais les autres aussi.
Les centres d'hébergement ont de plus en plus de difficulté à recruter du personnel stable; on manque partout de physiothérapeutes et d'ergothérapeutes, de techniciennes en radiothérapie... En fait, les seules catégories de personnels qui ne font face à aucune pénurie, ce sont les employés, des hommes pour la plupart, qui appartiennent à l'économie du passé. Pourtant, ce sont les seuls à qui les gouvernements consentent encore des conditions qui défient toute concurrence, et ce, avec la complicité silencieuse des directions syndicales au plus haut niveau. Quant au ministre des Finances, il explique que de verser des primes aux commis de la SAQ ne coûte pas tellement plus cher au gouvernement... Allons donc! C'est dire qu'à cause de leur nombre, les employés d'hôpitaux méritent moins que les vendeurs de la SAQ parce que la moindre augmentation consentie aux 60 000 infirmières coûte très cher à l'État!
Que l'on oublie l'argument ridicule de la sécurité d'emploi, il ne tient plus: c'est de chasse au personnel spécialisé et de moyens efficaces pour le retenir que nous parlons désormais.
Assurer des conditions de travail enviables aux professionnels de la santé et de l'éducation procède d'un urgent changement de priorités en faveur des secteurs d'avenir pour assurer notre bien-être collectif.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->