ANGLICISATION

Nous demandons un enseignement en français pour notre fille

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Sommes-nous au Québec ou en Ontario ?


En plein débat sur le déclin rapide du français depuis des années, alors que le premier ministre du Québec, François Legault, et le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, appellent à défendre la langue française, et que la ministre Danielle McCann voudrait améliorer la maîtrise du français au cégep et à l’université... notre fille de 10 ans ne peut pas suivre un enseignement en français en 5e année dans notre école publique francophone.  


Il y a 10 ans, les programmes d’anglais intensif ont été favorisés au primaire partout au Québec, en 6e année le plus souvent. Maintenant, c’est en 5e et 6e année que l’anglais intensif est de plus en plus proposé, ce qui ne va probablement pas améliorer le niveau général en français. Il faut se rappeler que seuls 53 % des futurs enseignants du Québec ont réussi le test de certification en français écrit pour l'enseignement (TECFEE) au premier essai en 2016. Heureusement, après quatre essais, 98 % des étudiants passaient le test! 


L’anglais intensif imposé


Dans notre école publique du Lac Beauport, alors qu’il existe trois classes d’enseignement régulier en 5e année, le programme alternatif d’anglais intensif nous a été IMPOSÉ. L’enseignement de l’anglais représente au total 50 % du temps: 9 jours en anglais intensif, suivis de 9 jours pour les « petites matières » (français, mathématiques, histoire, sciences & technologie). Pour défavoriser encore ces petites matières, elles sont enseignées dans une classe multiniveau 5/6 et en « co-teaching » avec 45 élèves non-vaccinées, sans masque, sans distanciation, en pleine 4e vague avec le variant delta. 


Notre école publique francophone refuse à notre fille de 10 ans un enseignement en français. Nous pensions que cette classe d’anglais intensif allait à l’encontre de la charte de la langue française, mais il semble que non. Nous pensions que le régime pédagogique qui recommande le nombre d’heures pour chaque matière obligatoire avait une valeur d’autorité, mais il semble que ces recommandations n’existent qu’à titre indicatif. 


Avec la nouvelle gouvernance scolaire, le ministère de l’Éducation n’a plus aucune autorité sur les régimes pédagogiques des écoles; celles-ci semblent avoir presque tous les droits si le conseil d’établissement de l’école valide les programmes proposés. L’école a le droit de proposer ce programme d’anglais intensif, et ce n’est même pas illégal de l’imposer. 




 




Sans notre consentement


Les écoles n’ont-t-elles pas un devoir moral d’informer, de consulter les enfants et leurs parents? La direction de l’école est supposée exercer ses droits de façon juste et raisonnable, ce qui n’a pas été le cas ici. 


Partout ailleurs, dans les centres de service scolaires et les écoles francophones à Montréal, dans la région de Québec, en Beauce, au Saguenay, les parents sont informés et le processus de sélection des enfants pour ces classes d’anglais intensif est amorcé 6 mois à l’avance. On demande une lettre de motivation aux enfants, et d’engagement aux parents, car ce programme ne correspond pas à toutes les organisations familiales, ni aux valeurs de tous les Québécois. Nous ne voulons pas ce programme alternatif en 5e année, et encore moins sans notre consentement. 


Nous sommes épuisés après 10 semaines de lutte, mais nous continuons à demander un enseignement en français pour notre fille de 10 ans, dans notre école publique francophone du Lac Beauport. Le français va s’éteindre doucement s’il n’est pas défendu et les actions politiques n’améliorent pas la situation. On constate plutôt une progression de l’anglais et de son enseignement au Québec et pas seulement à Montréal. 


Bonjour/Hi du Lac Beauport! 






Photo Stevens LeBlanc




François Lellouche, Médecin-chercheur au centre de recherche de l’Institut Universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec-Université Laval