«On est là, puis on s’en va là»

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Le régime libéral instrumentalise les publicités de l'État pour faire sa promotion et le DGEQ est complice !

Si vous avez regardé la télé aux heures de grande écoute au cours des derniers mois, vous n’avez pu échapper à cette publicité : «On était là, on est rendu là. Tony, des clients au Japon, ça te tenterait pas? […] J’vous le dis là, on est là, puis on s’en va là».


Cette publicité nous fait voir le gentil patron d’une entreprise qui motive ses employés en leur décrivant à quel point les affaires sont bonnes et l’avenir prometteur. Une publicité payée par Investissement Québec, mais qui va dans le sens de la campagne publicitaire tous azimuts du gouvernement Couillard en vue des prochaines élections. Au Québec, ça va bien!


Les libéraux ne sont pas les premiers à multiplier les campagnes de publicité gouvernementale en vue des élections. Mais le phénomène a pris une nouvelle ampleur depuis qu’on a introduit la notion des élections à date fixe dans la législation, à Ottawa et à Québec. Ce changement permet aux partis au pouvoir de planifier les dépenses publicitaires gouvernementales de manière à leur donner le plus de visibilité possible en vue des élections. Bref, de la publicité partisane aux frais des contribuables. De la pub qui échappe aux limites imposées par la loi en période électorale.


Et que fait le Directeur général des élections (DGE), Pierre Reid, devant une telle situation? Il observe.


Le 17 octobre, M. Reid a fait une courte allusion à cette question dans une présentation à la Commission des institutions de l’Assemblée nationale. Je le cite :  «Les élections à date fixe ont soulevé une autre question : celle des dépenses préélectorales. Comme mentionné en commission parlementaire l’an dernier, cette question nous interpelle. Nous allons profiter des prochains mois pour étudier le comportement des acteurs en prévision des prochaines élections générales. Par la suite, nous serons en mesure de faire des constats et, le cas échéant, de proposer les meilleures avenues pour répondre aux besoins qui auront été établis.»


Le député Simon Jolin-Barrette de la CAQ lui a demandé s’il n’y aurait pas lieu de créer une «période tampon avant la période électorale décrétée par le bref d’élection».


Réponse du DGE : «La réflexion à laquelle j’en suis venu, c’était vraiment de vivre l’expérience de 2018, pour voir effectivement s’il y a des situations qui mériteraient, le cas échéant, qu’on fasse des recommandations pour resserrer les règles en matière de dépenses préélectorales, afin d’assurer l’équité.»


Traduction libre : on va laisser le gouvernement faire ce qu’il veut cette fois-ci, et on verra pour les élections de 2022, si les libéraux abusent…


J’ai appelé récemment au bureau du DGE pour savoir précisément quelle surveillance on faisait de la publicité gouvernementale. On m’a répondu qu’il y avait une «veille». Mais encore, ai-je demandé? Est-ce à dire qu’une équipe au DGE fait déjà l’analyse et le décompte de la publicité gouvernementale pour voir si elle est d’intérêt public ou tout simplement partisane? On a été incapable de me répondre.


Pourtant, ce n’est pas très compliqué : le slogan partisan actuel des libéraux se termine toujours par la phrase suivante : «Ensemble, on fait avancer le Québec». Or, la publicité gouvernementale payée par les contribuables, qu’on nous présente depuis quelques semaines à la télé, comporte le même message. Il me semble que c’est assez clair, non?


Peut-être que la «veille» du DGE, si elle existe vraiment, n’a pas encore remarqué… 


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