Ottawa craint une majorité péquiste

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Encore un train qu'ils n'ont pas vu venir...

Ottawa — Le spectre de l’élection d’un gouvernement souverainiste majoritaire à Québec inquiète Ottawa et le reste du Canada. Alors que les premiers sondages menés au départ de la campagne électorale prédisent une majorité à Pauline Marois, Stephen Harper a appelé ses homologues des provinces canadiennes pour discuter de l’issue possible du scrutin québécois et des répercussions pour l’unité canadienne.

Depuis son élection comme premier ministre en 2006, Stephen Harper n’a jamais eu à faire face à une majorité péquiste au Québec. Au fil des derniers jours, il aurait aussi consulté les chefs des partis d’opposition, Thomas Mulcair et Justin Trudeau, à Ottawa.

Des sources dans les provinces ont confirmé au Devoir, vendredi, que le premier ministre Harper s’était notamment entretenu avec ses homologues de la Colombie-Britannique, de l’Ontario et d’une province maritime.

Il n’y a toutefois rien d’anormal à ce genre de conversations, a-t-on argué dans ces provinces. Les aspirations séparatistes des péquistes ont toujours préoccupé le reste du Canada, affirme-t-on.

« Il y a toujours des discussions entre les premiers ministres fédéral et des provinces pendant les élections au Québec, concernant la possible séparation du Québec. Ce n’est pas nouveau, c’est une attitude responsable de la part d’un gouvernement fédéral », a souligné une source oeuvrant au sein d’un cabinet de premier ministre provincial.

Éviter les chicanes

Ailleurs au pays, une personne bien au fait des discussions a raconté au Devoir que le premier ministre fédéral et celui de cette province avaient discuté de l’élection québécoise, car « c’est un sujet d’importance, parce que l’élection d’un gouvernement majoritaire au Québec pourrait avoir un impact pancanadien. C’est quelque chose de normal, M. Harper parle aux provinces », a résumé cette seconde source.

Même son de cloche au cabinet de M. Harper, où l’on insiste pour dire que celui-ci dialogue souvent avec ses collègues et qu’il n’y a là rien d’exceptionnel. « Le premier ministre s’entretient régulièrement avec les premiers ministres des provinces et les chefs de l’opposition, a martelé un porte-parole. La teneur de ces conversations est privée, comme toujours. »

Si les sources du Devoir ont fait état de conversations sans éclat, le Globe and Mail a de son côté rapporté vendredi que Stephen Harper aurait sommé ses homologues de se tenir loin des chicanes fédéralistes-souverainistes. Le premier ministre canadien aurait intimé aux provinces d’adopter une politique denon-ingérence, les invitant à « ne pas mordre à l’hameçon, [à] ne pas provoquer ».

Marois trop sympathique

Or, si les volontés souverainistes des troupes péquistes dérangent, dans le reste du Canada, la chef du Parti québécois est malgré tout plutôt aimée, semble-t-il.

« Pauline Marois est une personne très raisonnable. En tant que fédéraliste, on aimerait bien la haïr, mais c’est quelqu’un de très raisonnable », a confié une source provinciale au Devoir.

Au Canada anglais, on craint la tenue d’un troisième référendum au Québec. La fin de semaine dernière, le chef néodémocrate, Thomas Mulcair, a affirmé, sur les ondes de la radio de la CBC, qu’il n’avait « aucun doute que, si de façon tragique Mme Marois obtient une majorité, elle se dirigera vers un référendum ». Les journaux et télévisions anglophones enchaînent les analyses sur ce possible scénario.

La première ministre sortante, de son côté, insiste pour entretenir le flou. Son ministre du Développement durable et de l’Environnement, Yves-François Blanchet, a beau avoir affirmé la semaine dernière que chaque « cycle péquiste » de gouvernement a donné lieu à un référendum sur la souveraineté, Pauline Marois, elle, laisse entendre que le Québec n’y est pas pour l’instant. Au cours d’un prochain mandat ? « Il n’y a pas d’engagement à tenir un référendum, mais il n’y a pas non plus d’engagement à ne pas en tenir », déclarait-elle de façon énigmatique jeudi.

À Ottawa, signe de la nervosité créée par les sondages de début de campagne, les partis fédéraux martèlent qu’ils ne veulent pas s’immiscer dans l’élection provinciale.

Chez les conservateurs, on se contente d’affirmer qu’on souhaite l’élection d’un parti fédéraliste, sans préciser lequel. Et l’on assure qu’on interviendra uniquement si l’on est interpellé au cours des débats, s’il est nécessaire pour le fédéral de corriger certains faits.

Au Parti libéral, on milite pour une victoire des cousins libéraux de Philippe Couillard. Du côté du NPD, Thomas Mulcair a répété cette semaine qu’il resterait neutre. À la suite de quoi ses opposants lui ont reproché de ne pas vouloir trancher entre les options fédéraliste et souverainiste.

Le NPD a ratissé des votes chez les nationalistes, lors de l’élection de 2011. M. Mulcair a indiqué, en anglais seulement cette semaine, que l’éventualité d’un troisième référendum serait « loin d’être bénéfique ». En français, il a martelé qu’il n’appuierait « aucun parti » car il attend « le jour où il y a un NPD au Québec ».


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