M. Jean Charest,
Je me souviens de votre visite sur une tribune de la Place du Canada un certain 27 octobre 1995. C'était lors du grand Love-In de Montréal où les anglophones du Québec et du reste du Canada s'unissaient pour nous dire de rester à l'intérieur du Canada. Vous nous assuriez que nous étions pour être compris et qu'il y aurait des réformes constitutionnelles pour reconnaître le caractère distinct du Québec. Certains fédéralistes optimistes annonçaient la fin des Deux Solitudes.
Sur la base de la Démonstration d'Amour et du Refus de Séparation d'Octobre 1995, le gouvernement conservateur de Lucien Bouchard a agréé à la demande du maire Pierre Bourque de fusionner l'ensemble des municipalités de la CUM en une ville pour réduire les structures administratives et faire de la synergie. Lucien Bouchard copiait alors la politique conservatrice de Mike Harris des mégafusions municipales et hospitalières à Ottawa et Toronto.
Alors Ottawa la Rouge vous a débauché du Parti Progressiste-Conservateur pour la mission de défaire votre ancien collègue de parti à Québec. Vous vous êtes battu contre les fusions municipales québécoises, faisant fi des réussites ontariennes. Vous avez gagné le pouvoir en 2003. Dès lors, vous avez laissé faire la Partition de Montréal. Des municipalités anglophones furent unies pour être séparées. Vous avez créé la monstrueuse structure d'agglomération pour les garder dans la sphère montréalaise. Au reste de Montréal, vous avez imposé les structures d'arrondissements avec deux paliers d'administration et la disparition de la synergie. Montréal avant les référendums municipaux fut disfonctionnel par sabotage politique des maires et conseillers du West Island. Après la partition, l'aventure des réformes fut coûteuse et la disparition de la synergie, l'affaisement politique de Gérald Tremblay et les aventures coûteuses et insensées des compétitions du FINA et des Jeux Gais nous ont enfonçés dans la dèche.
Côté hospitalier, votre gouvernement a zigné sur le choix du site du CHUM. Remarquons que vous n'avez pas parti ce bal. Mais vous voulez faire deux hôpitaux de grande taille pour desservir séparement McGill et l'Université de Montréal. La facture de chaque hôpital rejoignant celle du stade olympique avant même les premières pelletées de terre. Je sonde le monde de mon entourage à Montréal. D'aucuns trouvent que c'est raisonnable. C'est vouloir servir les intérêts des gratins de McGill et de l'université de Montréal avant le public de la région montréalaise. Si un mégahôpital est nécessaire pour parachever la réforme hospitalière, la majorité (73% des Montréalais selon Denis Lessard de La Presse, 29 mars 2006) accepterait une institution bilingue. Alors c'est quoi le problème avec les Deux Solitudes?
Du prochain gouvernement du Québec, j'attends qu'il refusionne les arrondissements de Montréal pour un nouveau départ et qu'il se limite à un seul centre hospitalier universitaire. Quand aux municipalités du West Island, elles ont eu le système d'agglomération pour lequel elles ont voté. Alors n'y touchons point et refusons l'idée de fusion des municipalités du West Island. Car, si cela se concrétisait, alors nous nous rapprocherions de la menace de la partition du territoire québécois. Je ne crois pas que Jean Charest soit celui qui répondra à mes attentes. Il a déshonoré son engagement du 27 octobre 1995.
Francis Déry
Montréal
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