Pétrole - Qui répondra?

Un autre dossier qui pose plus de questions qu'il n'offre de réponses.

"Qui a demandé à Hydro-Québec de se retirer alors que le plan stratégique reconnaissait la présence d'hydrocarbures dans le sous-sol du Québec?"



Après le gaz de schiste, voilà que l'exploration du pétrole de schiste fait la manchette alors que les sociétés Pétrolia et Corridor Resources viennent de publier un communiqué des plus optimistes au sujet des réserves d'hydrocarbures exploitables sur l'île d'Anticosti. Un autre dossier qui pose plus de questions qu'il n'offre de réponses.
En janvier 2008, la petite société Pétrolia de Rimouski acquérait «tous les droits d'Hydro-Québec sur les permis d'exploration pétrolière et de gaz situés sur l'île d'Anticosti [...] en contrepartie d'une redevance prioritaire sur la production», précisait le communiqué diffusé sur le fil de presse Marketwire. Trois années plus tard, cette décision d'Hydro-Québec paraît encore plus suspecte qu'au moment de son annonce.
On se souviendra qu'après l'échec du projet de centrale thermique du Suroît, le gouvernement Charest s'était éloigné de la filiale des hydrocarbures au profit de l'éolien et de la relance tous azimuts des projets hydroélectriques. Malgré cela, dans La Stratégie énergétique du Québec 2006-2015 préparée par le ministre des Ressources naturelles du temps, Pierre Corbeil (celui-là même qui allait devenir l'homme des compagnies minières après sa défaite, l'année suivante), le gouvernement Charest réitérait le mandat d'exploration pétrolière confié à Hydro-Québec en précisant toutefois qu'«un partenariat avec le secteur privé est une condition à la poursuite des activités dans ce secteur».
Or, voilà que, moins d'une année plus tard, la filiale Pétrole et Gaz d'Hydro-Québec, qui avait dépensé seulement 30 des 300 millions de dollars mis à sa disposition jusqu'en 2010 pour l'exploration, n'était plus qu'une «coquille vide» selon les rapports de presse de l'époque. Puis, en janvier 2008, on apprenait qu'Hydro-Québec venait de céder tous ses droits sur les permis d'exploration qu'elle détenait dans l'Est à des sociétés privées. Un cadeau, comme ça, à des intérêts privés sans liens de partenariat.
Trois ans plus tard, plusieurs questions se posent à la lumière des récentes découvertes effectuées par ces mêmes sociétés:

- Qu'en est-il de l'exploration du «pétrole de schiste» sur un territoire fragile comme celui de l'île d'Anticosti?
- Qui a demandé à Hydro-Québec de se retirer alors que le plan stratégique reconnaissait la présence d'hydrocarbures dans le sous-sol du Québec?
- Qui a décidé de fermer la filiale Pétrole et Gaz d'Hydro-Québec au lieu de signer de réelles ententes de partenariat comme le voulait la stratégie gouvernementale fraîchement adoptée?
- Qui a demandé à Hydro-Québec de céder les droits qu'elle détenait sur tous ses permis en échange de «redevances prioritaires» dont personne ne veut préciser la nature et la hauteur?

Le mystère s'épaissit de jour en jour dans le dossier des hydrocarbures. Plus le temps passe, plus la question qui vient à l'esprit est de se demander à qui profite le crime. Quant à la réponse, elle pointe toujours vers ces mêmes élites qui n'ont de cesse de nous rebattre les oreilles avec le faux problème de la création de richesses. Voilà des gens qui semblent trop bien s'entendre pour ne pas être soupçonnés de complicité pour l'exploitation de richesses qui ne leur appartiennent pas.
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j-rsansfacon@ledevoir.ca


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