L'affaire PKP a déjà fait couler beaucoup d'encre, vous m'excuserez donc cet autre texte sur le sujet, cependant dans tout ce dédale partisan, passionnel et rustre, j'estime en toute humilité qu'une mise au point s'avère in fine nécessaire.
La zone de guerre, au sein de laquelle les adversaires de PKP se plaisent à le présenter comme la réincarnation du Bonhomme Sept Heures, est aujourd'hui devenue un espace véreux où les coups déloyaux, la malhonnêteté et l'inconvenance ont pris le dessus sur la raison, la réflexion et la nuance. Cet environnement dicté par les intérêts individuels et la partisanerie crasse pue la vieille fosse septique, alors qu'on cherche, au même moment, à assainir collectivement nos institutions et nos modes de gouvernance. Rien pour réduire le cynisme ambiant...
Or, de nombreux zoïles ont critiqué PKP pour ses prises de position et ses actions lors des lock-out au Journal de Québec et du Journal de Montréal, mais, en contrepartie, combien d'entre eux ont eu le courage d'admettre les bons coups de l'homme d'affaires ? Après tout, n'y a-t-il pas deux côtés à une médaille ? Il est vrai que les lock-out étaient discutables, là est justement la force de notre démocratie, celle de pouvoir discuter et débattre en toute légitimité. Cela dit, qu'on l'aime ou pas, il importe de reconnaître que Pierre Karl est un véritable patriote québécois, un homme qui prône le développement et l'épanouissement du Québec.
Vous en doutez ? Le fils, tout comme le père, n'a pas construit sa fortune à l'étranger, pas plus qu'il n'a délocalisé ses entreprises dans des endroits plus profitables financièrement comme le fond pourtant de nombreuses compagnies. Non! PKP a dirigé ses entreprises de manière à ce qu'elles demeurent en sol québécois, et ce, en plus d'empêcher, à plus d'une occasion, des intérêts étrangers de prendre possession de certains de nos fleurons.
Cela m'amène donc à aborder la question de la motion anti-PKP, une idée initialement soulevée par J-F Lisée (sic) et reprise par le chef de la CAQ. Derrière les prétentions morales et éthiques, voire dans l'ombre de ce recours absolutiste à la vertu, se cache une intervention malsaine, visant à éliminer un adversaire coriace et potentiellement dérangeant pour l'establishment, notamment fédéraliste. Dans les rangs libéraux et caquistes, on craint comme l'Ebola une victoire de Péladeau à la chefferie du Parti québécois ; on redoute le fin renard, l'homme d'affaires aguerri, le leader capable de rallier les forces et les visions diversifiées, même opposées. Dans tout ce cirque clientéliste qui respire l'hypocrisie et les faux-semblants, où l'objectif inavoué est d'écarter le monstre imaginaire, ce «Minotaure» de l'Assemblée nationale, on flaire facilement la magouille, voire l'envie ardente de supprimer ce joueur de l'échiquier politique.
Pour y arriver, la meilleure façon n'est-elle pas de lui donner un choix qui n'en est pas un ? Vas-y mon PKP, choisit entre ton entreprise et la politique! AH AH AH AH (rire gras)... Il y a pourtant maints exemples où des politiciens n'ont pas eu à choisir entre l'un ou l'autre ; pensons à Paul Martin et la Canada Steamship Lines, à Lise Thériault et le journal L'Édition, à Pauline Marois et les avoirs de son mari, ou encore à Michael Bloomberg à New York et Steve Forbes. Bref, ces gens n'ont pas été soumis à un choix ridicule. Non! Ils ont plutôt opté, sans une once d'opposition, pour la voie légale en décidant de mettre leur possession dans une fiducie sans droit de regard, une mesure justement prévue par la loi, ainsi que par l'article 45 du code d'éthique et déontologie de l'Assemblée nationale.
Baliverne, de dire notre ministre de la Santé : «Berlusconi doit choisir!». Pourquoi ? Parce qu'il y a potentiellement des apparences de conflits d'intérêts à l'horizon ? Non, de répondre le chef de la CAQ : «Parce que Québecor, c'est une grosse machine médiatique». Pourtant, depuis la vente de la section anglophone de Corporation Sun Media, le segment médiatique de l'entreprise ne représente plus qu'une infime partie des profits globaux, soit environ 5%. Vous faites parler les chiffres monsieur le blogueur! Et pas vous ? Non, non, non... Il doit vendre, de rétorquer les libéraux : «Ce n'est pas éthique son affaire!». D'accord, mais qu'en est-il de tout ce qui nous a été révélé sur votre parti politique pendant les audiences de la commission Charbonneau ? La mafia, les firmes de génie, les fonctionnaires corrompus, le gonflage des contrats publics, alouettes ? N'est-ce pas un manquement à l'éthique ? Bruit de criquet...
Nous avons voté une motion contre PKP, de nous remémorer Philippe Couillard : «Il doit se plier à la volonté éthicodémocratique de ses adversaires ». Mais, est-ce une proposition qui modifie le règlement au code d'éthique et de déontologie dans le but de protéger la population québécoise ou n'est-ce pas plutôt une motion qui vise un seul individu, un adversaire qui pourrait fort bien voler des votes et des sièges à ceux qui ont appuyé l'initiative ? Alors, dites-moi, est-ce une tactique pour éliminer l'individu en question ? ... La charte canadienne des droits et libertés ne garantit-elle pas le droit à toutes personnes de voter, de se porter candidat et d'être élu ? Voilà une excellente question.
La participation à la vie politique constitue effectivement un droit fondamental attesté et protégé par la Constitution, et ce, que vous soyez un simple citoyen ou un homme d'affaires influent. Alors, pourquoi tant d'acharnement si la loi est respectée ? La réponse est simple... À chaque fois qu'un Québécois indépendantiste s'est élevé au-dessus de la mêlée - que ce soit Lévesque, Parizeau ou autres* - les forces fédéralistes ont mis en marche la machine de guerre anti-indépendantiste. Ne soyons pas dupes, le lynchage politique à l'égard de PKP est le résultat de la peur ; oui, mes chers compatriotes, la peur que le Québec appartienne une fois pour toutes aux Québécoises et aux Québécois.
*NB : Attention! je ne compare pas en substance ces grands du mouvement souverainiste à PKP
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