Politique et dynamite

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Le piège de la commission sur le racisme systémique

On doit reprocher au premier ministre Couillard son instrumentalisation du sujet le plus explosif qui soit de nos jours – celui qui concerne les immigrants et les minorités visibles.


Le projet du gouvernement, que j’ai qualifié hier dans ma chronique de « commission d’accablement des francophones », verra le jour malgré les nombreuses oppositions qu’il suscite au Québec.


On sait que certains groupes qui se présenteront à cette tribune ne cessent de diffuser des propos haineux sur les Québécois, qui seraient des xénophobes et des islamophobes. Certains porte-parole autoproclamés d’associations aussi obscures que suspectes s’en donneront à cœur joie.


Déstabilisation sociale


Il s’agit d’une part de fondamentalistes religieux, qui, drapés dans la démocratie qu’ils utilisent à leurs fins propres, manient sournoisement les faiblesses des Québécois, à savoir la culpabilité, la naïveté et une ignorance de l’histoire mondiale. Ils mènent depuis quelques décennies un combat souterrain de déstabilisation sociale au pays. D’autres sont des militants d’une extrême gauche multiculturelle, qui ont convaincu le premier ministre, déjà alerté par ces questions, de mettre sur pied cette consultation.


Si l’on veut avoir une idée de ce qui nous attend lors de cet exercice, il faut prendre connaissance de la manière cinglante avec laquelle ces groupes ont apostrophé cette semaine Philippe Couillard. Celui-ci, en état de choc quant au résultat catastrophique de son parti à l’élection partielle dans Louis-Hébert, a déclaré vouloir « réfléchir assez profondément » à cette consultation.


La Table de concertation refuse que le premier ministre élimine et amoindrisse cette consultation. Samira Laouni, sa coprésidente, a déclaré qu’« il est impératif que le gouvernement [...] prenne ses distances du processus, afin que les considérations partisanes ou électorales n’influencent pas les travaux de la Commission des droits de la personne ».


Combat radical


Émilie Nicolas, présidente de Québec inclusif, affirme, elle, que le premier ministre n’a rien compris. « Il n’est plus le boss [...], car ce n’est plus lui qui mène la barque. » Philippe Couillard est donc pris entre l’arbre et l’écorce. D’un côté, une majorité de francophones qui doute de la pertinence de cet exercice, et de l’autre, des militants radicaux qui maîtrisent le verbe, utilisent habilement les réseaux sociaux et se démarquent violemment de celui qui a répondu à leurs demandes en créant cette surprenante commission explosive.


Soyons assurés que la campagne électorale à venir portera sur ces sujets dont on sait qu’ils devraient être débattus par des personnes capables de sang-froid dans un contexte d’indépendance intellectuelle et surtout hors de l’arène électorale.


Le premier ministre qui depuis toujours a une haute opinion de lui-même fait preuve en cette matière d’une irresponsabilité politique, qui peut non seulement coûter cher à son parti et à lui-même, mais au Québec tout entier.


La politique est un art qui exige encore plus de jugement que de quotient intellectuel. Le Québec n’est pas un cerveau dont il faut enlever une tumeur. C’est l’âme et le cœur d’un peuple qu’on peut blesser et culpabiliser, entraînant ainsi des conséquences irréparables.