1760. Un vaillant petit peuple succombe sous le poids d'une armée aux effectifs plus nombreux. Le conquérant étranger s'empare du pouvoir. La classe dirigeante du peuple conquis -- fonctionnaires, entrepreneurs, marchands -- est priée de plier bagage. Ne restent plus que des cultivateurs, quelques prêtres et... quelques notaires. Coupée prématurément de sa métropole nourricière, la petite nation se débrouille comme elle peut.
Les années passent. D'Angleterre viennent régulièrement, par pleins bateaux, non seulement capitaux, mais aussi professeurs et manuels... pour les écoles du conquérant, bien sûr. De France ? Mais voyons ! Les autorités britanniques n'importent rien de France ! Les pauvres diables canayens doivent donc se contenter d'une unique grammaire dont les pages s'effritent, sur un lutrin, à Trois-Rivières. En 1837, ils se fâchent et tentent de renverser la situation. Mais que peuvent des fourches et quelques vieux fusils contre tout un arsenal militaire bien garni ? C'est ainsi qu'après les fourrures, puis le bois, les usines aussi appartiendront au colonisateur anglais.
Dans un tel contexte, à quoi bon le français ? Cette langue à laquelle on le reconnaît, le peuple dominé la parle à sa manière, qui n'est pas dénuée de beauté, mais qui n'a rien d'académique. La langue des maîtres est tellement plus utile... Of course !
Malgré tout, nous restons attachés à notre vieille parlure ancestrale. Par habitude, par fidélité, par lien affectif, certes. Mais peut-être un peu aussi parce qu'un espoir secret nous anime.
Et si nous réussissions un jour à déboulonner nos maîtres, osons-nous penser parfois, notre langue ne redeviendrait-elle pas du même coup aussi utile au travail qu'au foyer ? Ne retrouverait-elle pas alors une grande partie de sa vitalité, de son prestige et, partant, de son éclat ?
Oui ! répondrons-nous tôt ou tard. Car si, contre vents et marées, nous sommes restés si longtemps fidèles à notre langue française, ce n'est sûrement pas pour rien. Ce ne peut être que pour lui offrir enfin ce dont, tout comme nous, elle a tant besoin en Amérique et qui ne lui sera certes pas de trop dans le monde actuel : un nouvel État libre et indépendant.
Luc Potvin
_ Verdun
Ô langue française, pourquoi te sommes-nous restés fidèles dans l'adversité ?
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1 commentaire
Marie-Hélène Morot-Sir Répondre
8 juillet 2012Un petit peuple dites-vous?.. un peuple magnifique au passé si merveilleux, vous avez des ancêtres français si exceptionnels, ceux–là même qui ont dans un autre temps traversé les mers pour aller bâtir votre pays de la Nouvelle France...que parfois cela m’attriste de constater que certains d’entre vous n’en soyez pas plus fiers.. n’y puisiez pas toutes les forces dont vous avez besoin..
J’en veux au Conquérant parce qu’il a voulu faire croire, pour mieux le soumettre et l’assimiler, à ce peuple courageux, resté seul après le départ de la France, qu’il était petit, minable même, tout comme sa langue française qu’il pratiquait.. et surtout inférieur à lui.. et il est presque arrivé à lui faire accepter, que eux, les britanniques, étaient le 2ème peuple fondateur, à égalité avec lui, de ce Canada d’aujourd'hui.. Mais ils ont investi un pays immense déjà découvert, déjà construit qui fonctionnait déjà, avec une administration, des lois, un code civil, des paroisses, des écoles. dans lequel ils n’ont eu qu’à s’installer ..
Ils ont voulu occulter ce passé afin que les descendants français ne le connaissent pas ou très peu. C’est ce qu’ils ont fait avec les Amérindiens, ils les ont mis dans des réserves, et leur permettent d’exister seulement le temps d’une fête.. alors on les voit ressortir leurs danses leurs chants.. et leurs plumes..ils sont devenus du folklore ! C’est si triste, si injuste aussi ! Ces Amérindiens, ce peuple si fier.. traité alors durant un siècle et demi, à égalité avec le peuple venu de France.. Ah, les Anglais ont bien joué, ils sont arrivés à vous séparer alors que le peuple franco amérindien était né.. tant d’entre vous ont des arrières Grands-mères amérindiennes.. mais il fallait vous séparer car aussi longtemps que les Français et les Amérindiens étaient unis les Anglais ont toujours perdu !..
Et puis pour aider à assimiler ces descendants Français qui s’accrochaient à leur passé, lord Durham est passé par là, il a encouragé le fait de les noyer sous des flots de nouveaux colons anglophones et même allophones s’il le fallait .. c’est certain que tous ces nouveaux arrivants sur leur sol n’avaient pas le même passé, pas non plus la même Histoire à préserver, et étaient automatiquement du côté des anglophones.. on l’a vu dans les derniers référendum..
Pourtant au cours de ces deux siècles passés, cela a été admirable, les gens se sont accrochés à leur langue, à leur culture et à leur religion.. mais peu à peu beaucoup ont baissé les bras, certains, fatigués de lutter, d’autres ignorant du Passé, d’autres acceptant l’assimilation pour être du côté du plus fort peut-être, et non plus du côté du vaincu..
Enfin les siècles passant, c’est triste d’observer que Lord Durham a presque réussi , puisqu’en effet un grand nombre se trouve finalement bien dans ce grand Canada anglophone, ils disent même c’est mon pays, je suis canadien .. tandis qu’une poignée, heureusement, résiste encore.. ils craignaient d’être les derniers, mais voilà que la jeunesse s’est levée dernièrement, une jeunesse qui a compris que ce serait triste de se laisser engloutir dans ce grand canada anglophone qui n’est qu’une extension des états-unis .. un canada anglophone , qui sans la particularité du Québec, ce territoire francophone dans le Nord de l’Amérique, ne représenterait en effet rien d’autre qu’une succursale états unienne, où le multiculturalisme est devenu la religion, dans laquelle chacun perd son identité propre à chaque être humain, y compris sa langue et tout ce qui en fait la richesse..
Qu’en sera-t-il de l’avenir? Tout repose sur les nouvelles générations.. Mais pour pouvoir comprendre puis peut-être choisir il est important de connaître le passé, que personne surtout ne vous l’occulte, que tous sachent les choses, que tous en soyez fiers.. après le choix dépendra de chacun..
Je vous souhaite le meilleur pour votre beau pays de Québec
Marie-Hélène Morot-Sir France