Pour aider à combattre corruption et collusion dans nos villes

Pourquoi pas, nommément, les mêmes partis au municipal comme au national ?

C'est du reste, et sauf exception, la règle universelle

Tribune libre

Puis-je lancer une idée ? Oh ! elle n'a rien de bien génial. Mais, dans un Québec où les administrations municipales ressemblent de plus en plus à des nids de corruption et de collusion, peut-être ma suggestion, si modeste soit-elle, apporterait-elle au moins un début de solution.
Les partis politiques municipaux ne sont-ils pas, en tant que tels, une pure fiction ? Et, par conséquent, n'est-il pas temps pour le Québec de mettre fin à ce qui, au fond, s'avère bien moins une originalité qu'une anomalie ? Sauf exception, partout dans le monde, officiellement aussi bien qu'officieusement, ce sont les mêmes partis politiques qui s'affrontent à tous les échelons, du national en haut jusqu'au municipal en bas. PS et UDM, ou gauche et droite, en France. Démocrates et républicains aux États-Unis. Et, même en ce Royaume-Uni dont on nous a imposé le modèle parlementaire et électoral, conservateurs et travaillistes. Pourquoi diable n'en irait-il pas de même chez nous ?
On trouvera peut-être sympathique qu'à Montréal, par exemple, des libéraux provinciaux et quelques péquistes puissent oeuvrer de concert au sein d'Union Montréal, le parti de l'actuel maire Gérald Tremblay. On estimera peut-être tout aussi agréable de voir des péquistes et quelques libéraux fédéraux s'allier au sein de Vision Montréal, le parti de la chef de l'opposion Louise Harel.
Oui, toutes ces manifestions de fraternité ont peut-être quelque chose d'émouvant pour des âmes sensibles. Mais, en réalité, la possibilité offerte aux partis municipaux de porter d'autres noms que les partis nationaux, cela ne sert-il pas qu'à semer la confusion et qu'à brouiller les pistes ? Or, la pénombre et, plus encore, les ténèbres, n'est-ce pas ce que recherchent d'instinct les magouilleurs de tout acabit ? Et la lumière, bien au contraire, ce qu'ils ont tendance à fuir ?
Attention ! Je ne prétends pas du tout que, pour éliminer la corruption et la collusion dans nos villes, il suffirait que, désormais, le PLQ et le PQ, sans compter la CAQ, QS et ON, s'affrontent à visage découvert et chacun sous son vrai nom lors des élections municipales. Je ne suis quand même pas assez naïf, rassurez-vous, pour nourrir de telles illusions. Mais il me semble que cela ne pourrait qu'aider le bon peuple à y voir plus clair, beaucoup plus clair, ce qui n'est déjà pas à dédaigner.
En tout cas, à une petite réforme de ce genre, je vois quelques sérieux avantages, si limités soient-ils, et aucun, mais alors là, aucun, aucun, aucun inconvénient.
Luc Potvin
_ Verdun


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2012

    « Éliminer les partis au provincial (c'est-à-dire au national) » ?
    Ouf ! Croit-on vraiment que les partis politiques vont accepter de se dissoudre et de disparaître ? Croit-on vraiment qu'on peut, aujourd'hui, créer un mouvement populaire dont la pression serait telle qu'elle obligerait les partis politiques à disparaître pour laisser aux citoyens seuls, sans intermédiaires d'aucune sorte, la tâche de gouverner ?
    En théorie, la démocratie est concevable sans les partis politiques tels que nous les connaissons. En théorie, oui. En pratique, c'est autre chose. Dans toute société, il y a des classes dont les intérêts divergent et qui donnent naissance à divers courants d'idées, diverses visions du monde, diverses idéologies. M'est avis que c'est pas demain la veille que ces clivages s'évaporeront et encore moins demain la veille qu'ils trouveront, pour s'exprimer politiquement, autre chose que des partis.
    Alors, une démocratie sans partis politiques ? Oui, pourquoi pas ? Mais un jour peut-être. À long terme, c'est un rêve aussi légitime que plausible. Mais à court et même à moyen terme, soyons réalistes, à moins d'un cataclysme nucléaire, c'est pure chimère !
    Alors, en attendant, tout ce que je propose, c'est que les partis, puisqu'ils existent et vont exister encore assez longtemps, s'affrontent chacun sous vrai nom à tous les échelons, dont l'échelon municipal. Je ne demande pas, aujourd'hui, au maire de Saint-Glinglin de nous dire pour qui il vote à l'échelon national, PLQ, PQ, CAQ, QS ou ON. Je demande simplement qu'à l'échelon municipal, ce soit désormais le PLQ, le PQ, la CAQ, QS et ON qui s'affrontent ouvertement, sans fards, sans déguisements, sans ces paravants totalement artificiels et archi-ridicules que sont les partis municipaux.
    Je ne prétends pas que pareille réforme serait une panacée, que son adoption réglerait tous les problèmes et élimerait toute corruption. Loin de là ! Mais je maintiens que cela, oui, nous aiderait à y voir plus clair. C'est tout.
    En France, par exemple, on n'a pas besoin de faire une enquête pour savoir si le maire de telle ville est PS, UDM, FN ou PC. On le sait dès qu'il se présente aux élections municipales, c'est clair et c'est franc. Ça ne règle pas tous les problèmes de la France, non, bien sûr, mais ça permet au moins aux électeurs de savoir d'emblée à qui, au juste, ils ont affaire et qui, au juste, ils envoient à la mairie.
    Ce n'est peut-être pas la mer à boire, j'en conviens, mais c'est déjà ça.
    M. Lespérance veut éliminer les partis politiques à l'échelon national. J'ai expliqué, assez clairement me semble, pourquoi cela m'apparaît totalement utopique à terme. Je propose toutefois de commencer par éliminer les partis politiques dont l'élimination est, elle, parfaitement réaliste même à court terme : les partis politiques municipaux. Je vois mal pourquoi il s'y opposerait. Personnellement, à défaut d'une bouteille, je ne refuse pas un verre !
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    18 juillet 2012

    Aucun maire n'est obligé de dire pour qui il vote ou qui il appuie au provincial ou s'il est de connivence ou non avec Jean Charest. Et même s'il le faisait, cela ne mettrait pas fin à la corruption. Il faut éliminer les partis politiques au provincial. J'ai déjà suggéré que ce soit les maires de chaque comté qui élisent le député du comté et celui-ci pour être réélu doit se représenter à la mairie. Il doit y avoir un référendum là-dessus et si les gens sont majoritairement d'accord, que quelqu'un en fasse la propposition et qu'elle soit appuyée,votée. Indépendance ou pas, cela peut se faire.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juillet 2012

    Monsieur Cloutier,
    Je ne suis absolument pas contre le genre de réforme en profondeur que vous préconisez. Une démocratie directe fondée en bonne partie sur le tirage au sort, c'est excellent. Mais je doute que cela puisse se faire demain matin (une révolution, c'est quand même rare).
    En attendant, je suggère simplement qu'à l'échelon municipal, nous mettions fin à une fiction, une niaiserie, une comédie même pas drôle, celle des partis politiques municipaux. Tout le monde se doute bien que, dans les faits, ces partis municipaux correspondent plus ou moins (et plus que moins) aux principaux partis nationaux. Mais ils n'osent pas se présenter comme tels. Je ne vois là qu'hypocrisie et, de la part de leurs dirigeants, manigances pour berner la population.
    Si une élection municipale, par exemple à Montréal, est au fond, sur le terrain, un affrontement entre le Parti libéral et le Parti québécois, eh bien, que cela se fasse ouvertement, et qu'on cesse d'essayer de nous faire accroire qu'il s'agirait plutôt d'un affrontement entre Union Montréal et Vision Montréal.
    Quand j'entends parler d'un maire magouilleur dans une petite ville de région que je connais peu, je peux toujours me douter qu'il est libéral, mais comme ce n'est pas officiel, je reste dans le doute. Et quand un ancien élu péquiste adhère à Union Montréal, force m'est de me demander quelle est et même quelle était sa véritable allégeance. Je suis du reste porté à croire que ces façades trompeuses que sont les actuels partis politiques municipaux contribuent sûrement à compliquer tout travail d'enquête quand survient un scandale.
    Vous voyez ? Alors, à défaut de la réforme en profondeur que vous réclamez à juste titre mais qui, hélas, ne se fera probablement pas à court terme, je suggère qu'à tout le moins, à l'échelon municipal, les forces qui s'affrontent soient tenues de s'afficher sous leur vrai nom. Je le répète : cela, bien sûr, ne suffirait pas à éliminer corruption et collusion, mais cela contribuerait sans doute à la réduire un tantinet en permettant à tous de savoir au moins, et dès le départ, qui est qui.
    Et si la classe politique actuelle refusait d'emblée une réforme aussi modeste que celle que je propose, eh bien, ce serait une preuve supplémentaire de sa duplicité et cela ne pourrait alors que jouer en faveur de votre propre projet en poussant toujours plus de citoyens à s'y rallier et à se mobiliser autour de lui.
    Luc Potvin
    Verdun

  • Archives de Vigile Répondre

    17 juillet 2012

    Vous voulez sincèrement transporter la peste et le choléra au niveau municipal et continuer à imposer la tyrannie des partis politiques dans ce vieux système politique qui craque de toutes parts?
    C'est élection elle-même et le système de gouvernement représentatif qu'il faut remettre en cause. Pas des petites réformettes de façade.
    Regardez ce qui se passe en France où les politiciens professionnels cumulent les doubles mandats (député, maire, sénateur etc..)
    Il n'y a qu'une seule façon de mettre fin à la corruption, qui est la collusion entre le pouvoir économique et le pouvoir politique : désynchroniser les 2 pouvoirs dans une constituante et une constitution écrite par et pour les citoyens avec des charges publiques tirées au sort, de courte durée et sans renouvellement.
    Finie la professionnalisation de la politique. Et vous voulez l'accentuer.
    Pierre Cloutier